Le secteur de la distribution connaît de grands remaniements. Le directeur général adjoint d’Aldi France, Franck Johner, revient sur la reprise de plus de 500 magasins de l’enseigne française de hard-discount Leader Price et ses conséquences.

Décideurs. Le rachat par Aldi France de 545 magasins Leader Price, deux supermarchés Casino et trois entrepôts a été officialisé le 30 novembre. Quelle stratégie sous-jacente a motivé cette opération ? 

Franck Johner. Notre ambition est simple : offrir à chaque français un magasin Aldi à quinze minutes de chez lui. Cette acquisition s’inscrit donc dans une stratégie globale destinée à développer notre présence de proximité sur l’ensemble du territoire. Nous sommes présents depuis plus de 30 ans en France et nous restons fidèles à notre modèle de discounter qui parle plus que jamais aux consommateurs d’aujourd’hui, en leur offrant un accès quotidien à des produits de qualité, bio, frais, éthiques, responsables, régionaux, au meilleur prix. 

Comment s’est déroulée cette reprise ? Quels freins avez-vous rencontrés ? 

L’histoire a commencé il y a maintenant un an. Nous avons signé une promesse d’achat pour acquérir des magasins et entrepôts au groupe Casino. Courant novembre, cette opération a été validée par l’Autorité de la concurrence et la finalisation du rachat annoncée début décembre.  Cela s’est finalement fait en toute logique car nos deux enseignes sont très complémentaires géographiquement et humainement. Nous sommes tous des épiciers, chacun avec des magasins à taille humaine. Leader Price est plutôt présent en zone urbaine, en Île-de-France, dans le sud et sur la côte atlantique tandis que nous sommes davantage présents en zones rurales, dans le nord et l’est de la France. Le plan de transformation élaboré commence vraiment maintenant. Il s’agit de relever le défi d’intégrer et former 6 000 nouveaux collaborateurs que nous sommes heureux d’accueillir. C’est la preuve que notre enseigne investit et croit au marché français.

"Nos deux enseignes sont très complémentaires géographiquement et humainement"

Vous avez récemment annoncé la fermeture de plusieurs supermarchés Leader Price. Pour quelles raisons ? Comment les deux marques s’articuleront-elles en France au sein d’un même groupe ? 

Les premiers magasins Leader Price transformés en Aldi ont vu le jour en janvier et cela continuera progressivement d'ici la fin 2021. Ceux qui ne le seront pas, pour des raisons de concurrence ou de trop grande proximité avec notre réseau, seront cédés. Bien entendu, les collaborateurs seront accompagnés et bénéficieront de mobilités internes. C’est un impondérable. Chaque salarié qui le souhaite trouvera sa place au sein de notre enseigne. Nous avons racheté une partie du parc des magasins Leader Price mais en aucun cas la marque. Les magasins acquis seront exploités sous l’enseigne Aldi. 

Comment le paysage du discount se présente-t-il aujourd’hui ? 

Nos concurrents ne sont pas notre boussole. Nous voulons rester forts sur notre modèle, le discount, dont nous sommes d’ailleurs les inventeurs. Aujourd’hui, notre offre vient bouleverser les stéréotypes les plus ancrés : nos clients, tous âges confondus, réunissent familles, célibataires, couples, urbains comme ruraux… ils sont ce que nous appelons les « nouveaux consommateurs » et leurs attentes ont beaucoup évolué ces dernières années. Ce à quoi notre modèle répond plus que jamais puisqu’il leur permet de manger des produits sains, équitables, bio, responsables, frais et locaux, tout en composant avec leur pouvoir d’achat. Nous assumons notre modèle de discounter et cherchons à le réinventer chaque jour. C’est notre plus grande force. 

Dans quelle mesure intégrez-vous les critères ESG à votre stratégie financière ? 

Pour le confort optimal de nos clients et de nos collaborateurs, nous investissons et réaménageons le parc de magasins aux meilleurs standards d’accueil, de qualité environnementale et d’empreinte énergétique des bâtiments à travers notre dernier concept de magasin. Celui-ci offrira aux visiteurs beaucoup de lumière naturelle avec un agencement moderne des rayons, composé d’une présentation claire des produits, d’une mise en valeur des univers avec des allées spacieuses et lumineuses. Ce projet répond à un cahier des charges environnemental interne plus exigeant que le cadre légal, notamment avec des panneaux photovoltaïques installés sur le toit pour alimenter le magasin en énergie verte, un éclairage intérieur et extérieur 100 % LED, ainsi qu’un système de récupération de chaleur de nos groupes froid. 

Propos recueillis par Anne-Gabrielle Mangeret 

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