L’augmentation exponentielle des usages numériques a conduit pouvoirs publics, leaders du secteur et consommateurs à réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour réduire une pollution quasi invisible, alors que des prévisions tablent sur un doublement de l’empreinte carbone du secteur d’ici à 2025.

Alors que le confinement a mis plusieurs centaines de millions de personnes au télétravail forcé, la question de l’impact environnemental du numérique est mise brutalement sur le devant de la scène. Un chiffre des plus éloquents : à l’échelle mondiale, les émissions de gaz à effet de serre liées aux usages numériques seraient peu ou prou équivalentes à celles du secteur aérien, pourtant régulièrement vilipendé pour son prétendu rôle clé dans le réchauffement climatique. Au niveau d’un pays comme la France, 5% des émissions de CO2 sont directement imputables à la pollution numérique.

La fabrication, plus polluante que la réparation

Selon un rapport publié en juin 2020 par le collectif d’experts indépendants Green IT, le gros de la pollution numérique en France n’est pas lié à l’usage que l’on fait de ces appareils, mais bien à leur fabrication et aux ressources utilisées telles que l’eau, l’énergie et autres minerais. « Ce qui émet beaucoup de CO2, c’est la phase où l’on extrait les différents matériaux, notamment les minerais transformés en composants électroniques », explique Frédéric Bordage, expert membre du collectif Green IT. Autre problème pointé du doigt : la multiplication de ces appareils. Il y aurait actuellement en France 11 appareils par personne ! Le collectif préconise donc de favoriser la réparation afin de lutter contre l’obsolescence programmée.

5% des émissions de CO2 en France sont imputables à la pollutions numérique. 

Le streaming pollue

Pour autant, l’industrie n’est pas la seule responsable de la pollution numérique. Le streaming vidéo n’est pas en reste puisqu’il représente 60M des flux de données sur Internet en raison du poids élevé des fichiers. La consommation mondiale de streaming émet chaque année 300 millions de tonnes de CO2, soit l’empreinte carbone de l’Espagne !

Promouvoir l’écologie digitale

Se disant convaincu que « la révolution numérique et la transition écologique sont les deux grandes forces transformatrices du XXIe siècle », WWF France a mené un travail de réflexion sur les leviers permettant de tendre vers un numérique plus responsable. Cet objectif s’appuierait, selon eux, sur deux approches complémentaires : le « Green IT », à savoir l’impact environnemental des technologies numériques et de leurs usages ; « l’IT for Green », mettre au service de l’environnement des technologies numériques innovantes pour analyser, prévenir et apporter des solutions. La conception responsable de produits et services numériques, ou comment les concevoir pour qu’ils soient plus performants d’un point de vue environnemental, économique et social.

La consommation mondiale de streaming émet chaque année 300 millions de tonnes de CO2, soit l'empreinte carbone de l'Espagne

Côté usages, l’institut du numérique responsable et La Rochelle Université, soutenus par l’Ademe, ont également développé un module de formation en ligne à suivre en 30 minutes sous la forme de 11 leçons, accessible depuis l’été 2020, qui peut être complété par un programme plus complet pouvant être suivi en cinq heures. Les entreprises désireuses de s’inscrire dans une démarche plus complète peuvent désormais signer la charte numérique responsable, qui a déjà suscité l’adhésion de grands groupes tels que BPCE, Capgemini ou encore EDF. Gageons que la démocratisation de ce type de certifications permettra d’inscrire pleinement la filière sur la voie de la transition écologique.

Boris Beltran

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