À la tête du fonds BlackRock, l’Américain n’usurpe pas son titre d’empereur de la finance. Il est également en pointe en matière de finance verte. Une stratégie qui, en plus d’être dans l’air du temps, lui rapporte gros.

Parfaite incarnation de l’american dream, la vie de Larry Fink pourrait faire l’objet d’un film dont le scénario serait le suivant : un homme parti de rien devient après moultes péripéties le financier le plus puissant du monde.

Grâce et disgrâce

Celui qui aime se définir comme le fils d’un humble vendeur de chaussures juif voit le jour à Los Angeles en 1952. Très vite es capacités mathématiques et analytiques lui permettent de sortir du lot. C’est donc logiquement qu’il intègre la prestigieuse université de Los Angeles (UCLA) dont il sort diplômé en management à 24 ans. Pour occuper son premier emploi, le jeune homme traverse le pays et prend la direction de la banque d’investissement First Boston Corporation située à New York.

Malgré sa jeunesse, il s’y fait un nom et devient une étoile montante de la finance américaine. À tel point qu’à 29 ans, il est promu à la tête de l’établissement. En pleine époque Reagan, alors que la Bourse et les traders sont plus in que jamais, il mène la banque vers des sommets, jusqu’en 1986. Cette année-là, une mauvaise prédiction sur la variation des taux d’intérêt entraîne une perte de plus de 100 millions de dollars, ce qui le pousse au départ. Montée en puissance, disgrâce et renaissance. Ce triptyque vu et revu au cinéma correspond au parcours de Larry Fink. Pour lui, la renaissance porte un nom : BlackRock.

Fink tout-puissant

C’est en 1988 qu’il crée ce groupe spécialisé dans les investissements et la gestion d’actifs. Le succès est fulgurant, BlackRock s’introduit à Wall Street en 1999, traverse sans dommage la crise des subprimes de 2008, période durant laquelle il rachète son concurrent Barclays Global Investors et s’impose aujourd’hui comme le leader mondial du secteur. BlackRock gère plus de 7 500 milliards de dollars et possède des parts dans toutes les entreprises du CAC40. Revers de la médaille, Fink et sa société sont souvent perçus comme l’incarnation de la finance toute-puissante qui pousse les pouvoirs publics à tout déréguler, à privatiser tous azimuts, y compris les régimes de retraite.

Mise au vert

Pourtant, Larry Fink est également en pointe en matière environnementale. Mieux, ce fervent démocrate fait partie du cercle restreint des patrons véritablement "eco-friendly". En janvier 2020, en plus de sa traditionnelle lettre ouverte aux actionnaires, ce symbole du capitalisme mondialisé et dérégulé joint une missive dans laquelle il affirme que "l’investissement durable représente désormais le meilleur gage de robustesse pour le portefeuille des clients". En somme, la finance verte rapporte des billets verts, tout en permettant, selon lui, de limiter les effets du changement climatique. C’est pourquoi le groupe s’interdit désormais d’investir dans les sociétés tirant plus de 25% de leurs revenus de la production de charbon thermique et s’appuie sur un fonds d’investissement durable.

Le financier appelle désormais à "voter contre la direction des entreprises n’ayant pas fait suffisamment de progrès en matière environnementale". Greenwashing opportun pour certains, prise de conscience salutaire pour d’autres, l’initiative divise. Une chose est certaine, elle désavoue la stratégie de l’administration Trump pour qui le respect de l’environnement est un frein à la croissance et à l’enrichissement personnel. Surtout, et c’est sûrement là le plus important pour Larry Fink, la nouvelle stratégie fonctionne. De janvier à mai 2020, 51 de ses 57 indices durables ont mieux performé que leurs équivalents traditionnels. Bingo ! 

Lucas Jakubowicz

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