Aérien : Wingly lève 3 millions d’euros

Wingly poursuit son ascension. La plateforme de partage de vols en Europe vient de boucler un tour de table de 3 millions d’euros. Un deal qui fait suite à un premier tour d’amorçage en 2016 et à une levée de 2 millions d’euros en 2018. Les investisseurs historiques ont répondu présents tout comme le fonds Innovacom, dédié aux jeunes pousses dans le secteur du numérique, qui a abondé à hauteur d'un million.

Lancée en 2015, Wingly cherche à démocratiser l'aviation privée ou, en tout cas, à casser son image élitiste. Elle permet à ses usagers de voyager en avion privé en profitant des places libres dans des vols déjà programmés afin d'améliorer le taux de remplissage et ainsi de réduire le coût des trajets. La start-up compte aujourd’hui 300 000 passagers inscrits dans sa base, référence 20 000 pilotes et a déjà opéré sur 10 000 vols. Son chiffre d’affaires a été multiplié par deux en 2018 et 2019 et s’appuie sur une équipe de 23 personnes.

Deux offres

Jusqu'à présent l'entreprise fonctionnait sur une jambe. Elle mettait en contact des particuliers avec des pilotes privés. Ces derniers ont en effet la possibilité de partager les frais de leurs vols avec d'autres personnes. En revanche, leur licence ne leur permet pas de se rémunérer sur ces trajets. Concrètement, Wingly agit à la manière d'un BlaBlaCar de l'aviation en proposant à des personnes de se répartir le coût d'un déplacement.

Depuis quelques jours, la start-up lance une nouvelle offre, cette fois à destination des pilotes professionnels. Pour ce faire, elle a mis en place une plateforme afin que ces derniers puissent proposer des trajets à des particuliers ou à des entreprises. Les passagers potentiels peuvent rechercher des vols, parmi ceux proposés par les pilotes et des sociétés d'avions privés (l'Europe en compte 2 000). Ils peuvent également solliciter un vol. Ce service, s'il devait être comparé à ce qui se fait déjà dans d'autres secteurs, s'apparente, lui, plutôt à une offre de taxi que de covoiturage. Wingly se rémunère à la commission sur ces différents trajets.

Écologie

 "Cette nouvelle étape devrait permettre à la start-up de consolider sa position de leader dans un secteur en croissance et dans un contexte propice aux nouvelles façons de se déplacer et au développement d’une aviation durable", commente la jeune entreprise dans un communiqué publié mardi 16 juin. La plateforme insiste sur deux points en matière d'écologie. D'abord, 50 % des vols privés ne sont qu'à moitié remplis et 40 % des vols retour se font à vide. Les places restantes peuvent ainsi être vendues, diminuant de fait l'impact carbone des passagers. "En apportant plus de souplesse, on répond mieux à l'offre et à la demande et on optimise les trajets", note Jérôme Faul, managing partner d'Innovacom. Autre argument en faveur du service : Emeric de Waziers, cofondateur de Wingly, rappelle que le premier vol d'avion électrique s'est déroulé une semaine auparavant et que l'appareil comportait deux places. "Les petits avions légers seront les premiers à bénéficier de l'électrique et nous voulons nous positionner en tant que pionnier pour le développement de trajets plus responsables."

L'aviation privée n'a pas été touchée de la même manière que l'aviation commerciale par le coronavirus. Lors des premières annonces de confinement, alors que les compagnies grand public réduisaient leur nombre de vols, des clients ont sollicité le privé afin d’être rapatriés. Durant la crise, Wingly a proposé ses services à l’ONG Aviation sans frontières pour développer, en quelques jours, une plateforme collaborative et gratuite de transport du personnel de santé. Elle note qu'aujourd'hui que le secteur reprend plus vite que l'aviation commerciale. 

Olivia Vignaud