Selon le rapport de la Cour des comptes sur l'exécution budgétaire 2019 de l'État publié aujourd’hui, les finances publiques sont particulièrement fragilisées. Une nouvelle préoccupante alors que la lutte contre le coronavirus va faire exploser la dette publique.

Les fondements budgétaires sur lesquels l’État devra s’appuyer pour affronter la crise économique la plus importante depuis 1945 sont pour le moins précaires. C’est ce qui ressort du rapport rendu par les magistrats de la rue Cambon. Le déficit du budget public a augmenté de 16,7 milliards d’euros en 2019. Culminant à 1 822,2 milliards d’euros, il atteint ainsi son niveau le plus élevé depuis 2010. Un chiffre inquiétant qui sous-entend que le pays, alors qu’il s’apprête à affronter la plus forte tempête économique qu’il ait connu depuis la deuxième guerre mondiale, ne s’est pas encore remis de la crise de 2008.

Les dépenses de l’État progressent de 2,2 %

"Alors que le déficit suivait depuis 2011 une lente trajectoire de réduction jusqu’en 2017, il est reparti à la hausse en 2018 et cette tendance s’est poursuivie en 2019", note le rapport. Pourtant, cette aggravation – 92,7 milliards d’euros contre 76 milliards d’euros en 2018 – n’est pas une surprise. Le gouvernement avait même prévu un chiffre plus élevé dans sa loi de finances pour 2019. En cause, "des mesures aux effets exceptionnels et temporaires". Les magistrats de la Cour des comptes font ici référence d’une part à la transformation du CICE en allègements de cotisations patronales et, d’autre part, à la mise en place du prélèvement à la source. Des évolutions qui ont respectivement coûté à l’État 19 milliards d’euros et un peu plus de 5 milliards d’euros. Au-delà de ces manques à gagner temporaires, l’aggravation de la situation budgétaire trouve également sa source dans les événements sociaux des dernières années. Les mesures de soutien au pouvoir d’achat de 10 milliards d’euros décidées en plein mouvement des gilets jaunes, en décembre 2018, ont pesé lourd dans la balance. Tout comme la hausse des dépenses d’intervention qui incluent notamment la prime à l’activité qui a coûté 4 milliards d’euros. En définitive, les dépenses publiques ont augmenté de 2,2 % en 2019, contre seulement 0,4 % en 2018.

Avec les taux bas, la charge des intérêts diminue

Une chose est certaine, l’exercice 2020 du budget public ne sera pas bon. La crise sanitaire que le pays – et le monde – traverse impose une réponse à la hauteur de sa gravité. L’ensemble impressionnant de mesures adoptées par le gouvernement pour tenter de la juguler laissera forcément une profonde marque dans les finances publiques hexagonales. Une situation partagée par de nombreux de ses voisins. L’Union européenne a par exemple anticipé la situation en assouplissant temporairement la discipline budgétaire s’imposant aux Vingt-Sept et en ajustant les mécanismes de surveillance.

L’un des principaux points d’alarme sur la santé budgétaire de la France demeure le poids de la dette pesant sur l’État. Si, comme le rappellent les magistrats, celle-ci n’a cessé "de croître à un rythme rapide en 2019", elle ne s’est pour autant pas traduite par une augmentation de la charge d’intérêts. "La poursuite de la baisse des taux d’intérêt et la diminution de l’inflation ont réduit la charge de la dette entre 2018 et 2019 (- 1,4 milliard d’euros)", précise le rapport. Une bonne nouvelle qui reste fragile. "La forte croissance de la dette de l’État depuis la crise de 2008 (+ 98 %) la rend néanmoins très vulnérable à une hausse des taux", prévient la Cour des comptes. Pour l’instant, le gouvernement veut croire au maintien de ces niveaux de taux. Selon Les Échos, "même si les dernières prévisions gouvernementales tablent sur une explosion du déficit de l'État à 183,5 milliards en 2020 sous l'effet de la crise économique post-coronavirus, la charge de la dette devrait malgré tout continuer de baisser grâce aux taux bas".

S.V.

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