Si les prêts bancaires garantis par le gouvernement français semblent être un mécanisme qui fonctionne, leurs débuts aux États-Unis et au Royaume-Uni se révèlent plus laborieux. Étude des différents systèmes.

Vendredi 3 avril, les PME américaines réclamaient 4,3 milliards de dollars de prêts afin de faire face à la crise du Coronavirus. Un chiffre révélé sur Twitter par Jovita Carranza, responsable des petites entreprises pour l’administration Trump, alors que le dispositif gouvernemental avait été enclenché le matin même. Son but ? Que les sociétés disposent d’argent frais pour payer les salaires ou les loyers pendant huit semaines. En tout, ces prêts, qui pourront atteindre 350 milliards de dollars, font partie du plan de relance de 2 200 milliards adopté une semaine plus tôt aux États-Unis.

Premiers résultats

Côté français, les premiers chiffres commencent également à tomber. Dimanche 5 avril, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, annonce que plus de 100 000 entreprises ont sollicité 20 milliards d’euros de prêts en huit jours. Les banques du pays sont mobilisées. Les établissements se montreraient réactifs et pédagogues. Pour mémoire, le dispositif exceptionnel de garantie par l’État atteint la somme de 300 milliards d’euros. Les entreprises de toute taille, quelle que soit leur forme juridique (à l’exception des professions libérales, des micro-entrepreneurs, des exploitants agricoles, des commerçants ou encore des artisans) peuvent demander à leur banque ce crédit afin de soutenir leur trésorerie. Celui-ci peut représenter jusqu’à trois mois de chiffres d’affaires 2019 ou deux années de masse salariale pour les entreprises innovantes ou créées depuis le 1er janvier 2019.

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S’il est toujours possible de faire mieux, la France n’a pas, pour l’instant, à rougir de la manière dont s’organise son soutien. Aux États-Unis, la plupart des demandes ont été déposées auprès des banques locales (communautaires), les établissements financiers plus importants rencontrant des difficultés administratives. Le plus grand d’entre eux, JP Morgan, a même indiqué qu’il ne serait probablement « pas en mesure de commencer à accepter les demandes vendredi 3 avril ».

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Le cas britannique

Côté britannique, les rouages doivent encore être huilés. Pour compenser l’interruption des activités, le gouvernement a annoncé un plan d’au moins 39 milliards de livres mais qui pourrait facilement monter à 55 milliards. Parmi les mesures en place : des prêts garantis par le gouvernement pouvant aller jusqu’à 5 millions de livres pour un montant total de 330 milliards de livres (environ 362 milliards d’euros). Afin d’être éligibles, les entreprises ne doivent pas afficher un chiffre d’affaires de plus de 45 millions de livres. Le paiement des intérêts et les éventuels frais supportés par le prêteur seront couverts pendant une période initiale pouvant aller jusqu’à douze mois. Le gouvernement fournit, aux quarante banques agréés, une garantie de 80 % sur chaque facilité.

Problème : les petites entreprises se plaignent de se voir refuser ces prêts, dont certains taux d’intérêt iraient jusqu’à 30 %. Alok Sharma, business secretary, estime cette posture « totalement inacceptable ». « Tout comme le contribuable est intervenu pour aider les banques en 2008, nous allons travailler avec elles afin qu’elles fassent leur maximum pour retourner cette faveur et soutenir les entreprises ainsi que les citoyens du Royaume-Uni en ces temps difficiles », ajoute-t-il.

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En France, la loi et l’arrêté n’encadrent pas le taux des prêts garantis par l’État. Toutefois, les banques se sont engagées, par la voix de la Fédération bancaire française (FBF), à octroyer ces crédits à « prix coûtant », quelle que soit la taille de l’entreprise. L’État facture, lui, sa garantie (par exemple : 50 points de base sur les 12 premiers mois pour les grandes entreprises). Ainsi, Air France-KLM tente-t-elle de décrocher un prêt de 4 milliards d’euros auprès de Bercy et des banques françaises et le débat sur la nationalisation de fleurons européens et français bat son plein. En effet, les réponses à la crise sont multiples et chaque pays adopte différentes mesures dont font partie les prêts garantis.

D’autres moyens, tels que les facilités fiscales, sont monnaie courante. Mais les États misent également sur des dispositifs spécifiques, comme les chèques octroyés aux citoyens d’outre-Atlantique afin de soutenir la consommation et donc les entreprises. Les virements d’argent aux particuliers pourraient démarrer d’ici à deux semaines. Une famille de quatre personne devrait toucher 3 000 dollars (1 000 voire 1 200 euros par adulte et 500 par enfant). À voir quels seront, là aussi, les premiers bilans.

Olivia Vignaud

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