Le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES) estime que deux à trois ans seraient nécessaires pour mutualiser les dettes des États de la zone euro. Un laps de temps bien trop long face à l'urgence de la situation.

La semaine dernière, les États membres de l'Union européenne ne se sont pas entendus sur la création de "corona bonds". C'est-à-dire sur l'émission d'euro-obligations qui permettraient de face à la crise liée au Covid-19 et mutualiseraient les risques entre les pays de la zone euro. Si Paris, Rome ou encore Madrid sont favorables au projet, Berlin et Amsterdam s'y opposent fermement de crainte de payer pour les territoires les plus fragiles et moins rigoureux sur le plan budgétaire. Finalement, l'argument le plus conséquent à court terme sera peut-être celui du temps. Selon le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), Klaus Regling, même en cas d'accord politique, il faudrait plusieurs années pour mettre en place un outil aussi complexe. Or en cette période troublée, la réactivité est un élément clé.

Des solutions à court-terme

"Cela prendrait un, deux ou trois ans, et les États membres doivent trouver des capitaux ou des garanties, ou encore affecter les recettes futures, a-t-il déclaré au Financial Times. On ne peut pas créer des obligations à partir de rien." Afin de couvrir les besoins médicaux et économiques liés à la crise, il faudrait donc composer avec les institutions et les instruments existants, même si "à plus long terme, il existe d'autres options".

Dans l'immédiat, améliorer l'émission mutualisée de dettes passerait par les trois institutions européennes existantes, que sont le MES, la Commission européenne et la Banque européenne d'investissement. La Commission pourrait, par exemple, émettre davantage de titres de créance dans le cadre de son prochain budget septennal, précise Klaus Regling au Financial Times. Les contributions des États, particulièrement touchés par la crise, au budget de l'UE pourraient également être révisées.

En revanche, l'homme n'estime pas nécessaire de renforcer pour le moment la capacité de prêt du MES, qui s'élève à 410 milliards d'euros. Son directeur général ajoute que des pays comme l'Italie bénéficient encore d'un accès facile au marché, puisque celui-ci fait la distinction entre les circonstances actuelles et la crise des dettes souveraines. "Il n'y a pas de déséquilibres macroéconomiques énormes dans la zone euro, qui est très différente de ce qu'elle était il y a 10 ou 12 ans", commente-t-il. L'Eurogroupe (les ministres des Finances des États disposant de la monnaie unique) devraient présenter d'ici la fin de semaine prochaine des propositions de riposte budgétaire, avec de potentielles adaptations du MES. De leur côté, les pays ont déjà émis plus de 800 milliards d'euros, en cumulé, pour soutenir leurs systèmes hospitaliers et leurs entreprises.

OV

 

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