Angela Merkel refuse une mutualisation les dettes souveraines des États membres, comme cela avait déjà été le cas lors de la précédente crise. Berlin mise sur le Mécanisme européen de stabilité (MES) pour aider les pays à faire face à la tourmente.

Tout change, rien ne change. L’Allemagne reste droite dans ses bottes, même en pleine tempête. Contrairement à la volonté de neufs membres de l’Union européenne - dont font partie Paris et Rome - Berlin rejetait jeudi l’idée d’émettre des « corona bonds » pour répondre à la tourmente financière liée au Covid-19. Comme ce fut le cas lors de la crise des dettes souveraines, qui ébranla l’Europe dans les années 2010-2011, Angela Merkel s’oppose à nouveau fermement à l'émission de ces euro-obligations, qui mutualiseraient les risques entre les pays de la zone euro. 

S'en tenir au MES

« Nous avons dit du côté allemand, mais aussi de la part d'autres participants, que ce n'était pas la conception de tous les États membres », a indiqué Angela Merkel à l'issue d'un sommet tenu jeudi 26 mars par vidéoconférence. La Chancelière a toujours été inflexible sur le sujet, son pays bénéficiant de taux de financement attractifs et ne voulant être pénalisé par les États les plus fragiles, en partie sanctionnés par les marchés pour leur manque de rigueur budgétaire. Sa position est partagée par d’autres membres de l’UE, comme les Pays-Bas qui estiment que des euro-obligations iraient à l’encontre « de la conception de l’Union économique et monétaire ».

Angela Merkel réaffirme sa préférence pour le Mécanisme européen de stabilité (MES). Un outil mis en place en 2012 qui fonctionne un peu à la manière d’un Fonds monétaire international (FMI) à l’échelle du Vieux Continent. Le MES a la capacité d'accorder des prêts à un pays en difficulté ou encore d'acheter des obligations d’États mais peut, pour cela, imposer des conditions strictes aux gouvernements, telles que des réformes ou des réductions de dépenses publiques. « Nous avons, je crois, avec le MES un instrument de crise qui ouvre de nombreuses possibilités et qui ne remet pas en question les principes de base d'une action commune et de responsabilité de chacun », ajoute la Chancelière. Des discussions doivent néanmoins se poursuivre sur l'adaptation du mécanisme dans ce nouveau contexte.

Le Conseil européen donne un délai à l’Eurogroupe (ministres des Finances de la zone euro) pour avancer. « À ce stade, nous l’invitons à nous présenter des propositions dans les deux semaines (…) en vue de mettre en place une riposte globale », selon le communiqué du Conseil européen publié jeudi. Le discours prononcé hier par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen sur la nécessaire solidarité au sein de l’UE n’est pas anodin. Et même si les États membres ne changeront pas de position sur certains sujets, la réponse à la crise se doit d’être totale, coordonnée et solidaire.

Olivia Vignaud

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