Si la Chine lutte contre l’épidémie, elle s’efforce de limiter les dégâts économiques. Car c’est tout le système mondial qui est potentiellement touché. Même si, pour le moment les chiffres précis manquent…

Autoroutes désertes, commerces fermés, salariés cloîtrés à domicile, marchandises stockées depuis des semaines dans les ports… Depuis le début de l’année 2020, la Chine est à l’arrêt. La faute au virus Covid-19, plus connu sous le nom de Coronavirus. Depuis décembre 2019, celui-ci a contaminé près de 71 500 personnes et en a tué environ 1 800 (les chiffres cités dans l’article sont en date du 18 février ndlr). Certes, nous sommes loin des pandémies prisées par les auteurs de romans post-apocalyptiques. Mais le danger est là. Un danger sanitaire et économique.

Riposte chinoise

Face au risque de ralentissement mondial, la Chine a commencé à réagir. Le gouvernement de Xi Jinping a décidé de reporter à une date ultérieure la publication de plusieurs statistiques économiques, notamment les chiffres du commerce. De quoi éviter de paniquer les marchés. Une décision stratégique puisque les rares données à avoir filtré sont alarmantes : les ventes d’automobiles ont reculé de 40% par rapport à janvier 2019, la consommation de fuel étant, pour sa part, en baisse de 25%.

Mais cacher le mal n’est pas suffisant pour le combattre. Le 17 février, la Banque de Chine est passée à l’action en baissant ses taux d’intérêt. Objectif : encourager les établissements bancaires à accorder plus facilement des crédits aux entreprises touchées par les conséquences économiques du Coronavirus. Dans le même temps, les services fiscaux de la seconde puissance économique mondiale s’apprêtent à étaler le paiement des impôts sur les sociétés pour que ces dernières ne soient pas à cours de liquidités.

La Chine met en place une politique d'aide aux petites entreprises menacées de faillite

Si le régime chinois a tout intérêt à juguler l’épidémie, il est également dans l’obligation de limiter les dégâts économiques. Désormais, la Chine pèse 18% de l’économie mondiale (lors de la crise du SRAS en 2004, la proportion n’était que de 8%...). Une mauvaise situation économique durable aurait des conséquences pour le monde entier. Spécialement « la Thaïlande, le Vietnam et les Philippines, suivis de l’Australie et du Chili, du fait de leur dépendance aux exportations de matières premières vers la Chine », pointe une étude menée par Saxo Bank.

Quid de l’UE ?

Mais l’Europe, France en tête, pourrait bien, elle aussi, pâtir de l’épidémie. D'autant plus que, désormais, l'Italie est un nouvel épicentre de l'épidémie avec quatre décès et près de 200 contaminations en date du 24 février. Pour Patrick Artus, économiste, directeur de la recherche et des études de Natixis, « un simple recul de 10% du commerce chinois, c’est 0,3% de points de croissance en moins pour l’Europe ».

La France serait donc économiquement menacée par le virus… Pour le moment, difficile de donner des chiffres précis puisque nul ne sait combien de temps la crise sanitaire se poursuivra. Le 13 février, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a toutefois reconnu que, « si l’on estime que le pic est atteint ou près d’être atteint, l’impact sur la croissance chinoise sera de l’ordre de 0,1 point de croissance en moins pour la France. C’est, du moins, ce que nos services prévoient. » La diminution des échanges commerciaux et la baisse du nombre de touristes chinois pourraient notamment porter préjudice à l’Hexagone où ces derniers sont 2 millions à avoir visité le pays en 2019, pour des dépenses totales de 4 milliards d’euros. Habitués à se déplacer en groupe, les annulations des voyages organisés en provenance du pays le plus peuplé du monde pénalise forcément les secteurs du luxe et de l’hôtellerie.

Le FMI rassurant

L’économie marchant essentiellement à la confiance, le FMI préfère temporiser qu’alarmer, sans pour autant être adepte de la méthode Coué. C’est ainsi que lors du Global Women’s Forum de Dubai, la patronne de l’organisation internationale, la Bulgare Kristalina Georgevia  a estimé que la situation chinoise « affectera les chaînes de valeurs à l’échelle mondiale ». Côté chiffres, « pour le moment, notre prévision de croissance mondiale pour 2020 est de 3,3% et il pourrait y avoir une réduction de 0,1% à 0,2% ». Des données susceptibles de varier dans le bon comme dans le mauvais sens. Tout dépendra de l’évolution du virus dans les prochains jours. Pour le moment, le FMI parie sur un scénario similaire à celui du SRAS, à savoir un fort repli trimestriel de l’économie chinoise, suivi d’une reprise rapide et d’un impact mondial relativement limité. C’est, également, le pari des Bourses du monde entier qui tiennent le coup et ne cèdent pas à la panique. Plutôt rassurant.

Lucas Jakubowicz

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