Du Liban où il s’est réfugié, Carlos Ghosn est longuement revenu sur l’affaire qui a entraîné sa chute. Une contre-attaque en bonne et due forme. Pour le moment l'opinion publique ne penche pas en sa faveur.

Carlos Ghosn l’avait promis. Du Liban, où il s’est réfugié après avoir fui le Japon, il est longuement revenu sur ce qui est désormais connu sous le terme d’« Affaire Ghosn ». Fidèle à lui-même, le patron déchu s’est exprimé précisément et sans concession. Morceaux choisis de sa conférence de presse du mercredi 8 janvier 2020.

Collusion entre Nissan et l’Etat japonais : « Ce sont les responsables de Nissan et du ministère public japonais qui sont à l’origine de mon calvaire (…). La collusion entre Nissan et les procureurs est à tous les niveaux (…). Au cours des 14 mois, j’ai dû me battre quotidiennement et faire face à des individus revanchards de Nissan, soutenus par le procureur de Tokyo.»

Un complot et des noms :  S’estimant victime d’un complot, Carlos Ghosn a lâché des noms : « Qui faisait partie du complot ? A l’évidence Hiroto Saikawa en faisait partie, Hari Nada et Toshiaki Onuma aussi. Mais il y’a bien d’autres personnes comme Masakazu Toyoda, qui faisait le lien entre Nissan et les autorités. » L’industriel vise ainsi le directeur général de Nissan et le responsable du secrétariat de Nissan.

Une affaire qui n’a pas lieu d’être : Chiffres et tableaux à l’appui, Carlos Ghosn a souhaité démontrer son innocence. Les faits reprochés, selon lui, ne constituent pas « une affaire pénale, pas un délit non plus, et en aucun cas cela ne justifie une arrestation (…). Il n’y a pas de pays que je connaisse où l’on va en prison pour ce type de chef d’accusation.»

Les raisons de la fuite : Carlos Ghosn a refusé d’expliquer comment il a quitté le Japon. En revanche, il a reconnu fuir pour « se protéger et protéger ma famille (…). Cette décision a été la plus difficile de ma vie. » Selon lui, son arrivée à Beyrouth lui permet de « se disculper » sans pour autant se présenter comme « victime ».

Les conditions de détention au Japon : Durant sa conférence de presse, il a vivement critiqué le système judiciaire japonais. « Tout le monde cherchait des preuves contre moi. Si on parle, on retourne en prison (…). J’ai eu deux heures de conversation avec ma femme en neuf mois (…). Ceux à qui j’avais affaire ne souhaitaient qu’une seule chose, entendre une confession. (…). J’ai été interrogé pendant huit heures sans avocat, le procureur m’a prévenu que les choses empireraient si je n’avouais pas. »

Interviews à la chaîne

Après sa conférence de presse, Carlos Ghosn conseillé par Anne Méaux, "papesse de la communication de crise" (elle a notamment conseillé François Fillon pendant la présidentielle de 2017) a accordé de nombreuses interviews.

L'occasion, pour l'ancien PDG, de marteler une nouvelle fois sa ligne de défense et ses éléments de langage : oui il est victime d'un complot; non il ne se dérobe pas à la justice et est prêt à se défendre si ses droits sont respectés, non il ne racontera pas comment il a fait pour quitter le Japon... Ses interviews; accordées notamment à Europe 1, France 24; France Inter donnent sa version des faits. Dans le même temps, Le Pojnt a publié un long portrait cherchant à humaniser le dirigeant. De quoi convaincre les Français ? Pas vraiment pour le moment

Une opinion publique à séduire

Une étude publiée par Harris Interactive le 13 janvier, soit après son marathon médiatique, montre que près de 3 Français sur 4 ont une mauvaise opinion de Carlos Ghosn, même si près de la moitié d'entre eux (45%) comprennent les raisons de sa fuite. Plus de détails sur cette étude dans le lien ci contre

LJ

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