Du rachat record de Celgene par Bristol-Myers Squibb à l'accord signé entre l'aéroport anglais de Gatwick avec le groupe Vinci, sans oublier les mastodontes PSA et Fiat, les dix deals présentés dans le dossier ci-dessous illustrent une période de transition bien moins à la baisse qu'il n'y paraît.

Dans un climat macroéconomique incertain, était-on en droit  d’attendre une année 2019 faste ? De la procédure d’impeachment de Donald  Trump à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, des mouvements sociaux se durcissant à Hong Kong, au Chili, au Venezuela et au Liban jusqu’au feuilleton anglais du Brexit, le difficile contexte géopolitique a eu des conséquences économiques. Les deals mondiaux en ont durement pâti.

Des opérations en berne

Ainsi, selon une étude du respecté Quaterly Deal Performance Monitor et de la Cass Business School, le niveau des plus importantes transactions des fusions-acquisitions (pour ne citer que cette catégorie de deal), c’est-à-dire supérieures à 1 milliard de dollars, atteint son niveau le plus bas depuis 2013. Rien que sur le premier semestre, les deals mondiaux ont connu une baisse significative de 11 % par rapport à 2018. Les transactions passées avec des groupes français ont subi un recul d’environ 26 % pendant l’année en cours. Des sous-performances qui se conjuguent avec une certaine méfiance des parties prenantes. Aujourd’hui, une opération de fusacq est bouclée en 38 jours, une durée 31 % plus longue qu’il y a dix ans, nous apprend Gartner, entreprise américaine de conseil spécialisée dans la surveillance des marchés et la définition de tendances économiques

 "Les sociétés comptent de plus en plus sur les fusions-acquisitions pour générer de la valeur,  explique Abbott Martin, vice-président de Gartner. La  complexité des transactions a également augmenté avec leur volume. Les services juridiques ont besoin de nouvelles stratégies pour gérer leurs coûts."

2020, vers une remontée cyclique

Le tableau actuel, loin du bilan positif de 2018, ne doit pas être noirci à outrance. Le dossier Deals de l’année choisit ainsi de mettre en lumière les opérations les plus marquantes. Pour 74 milliards de dollars, le laboratoire américain Bristol-Myers Squibb (BMS) rachète la biotech Celgene Ce deal, le plus important jamais réalisé dans la pharmacie, va rebattre les cartes de cette industrie.  Meero, fleuron de la French Tech, entre dans le club fermé des licornes hexagonales. Dans le secteur automobile, le projet de fusion entre PSA et Fiat Chrysler Automobiles, devrait accoucher du quatrième groupe automobile mondial. Quant aux acteurs économiques que les études prospectives veulent nous décrire comme frileux, ne sous-estimons pas non plus leurs comportements. La Grande-Bretagne est au ralenti dans les stratégies de deals avec les pays alentour ? Pas ses voisins ! En réaction au Brexit, cause de possibles complications juridiques et douanières, les entreprises étrangères multiplient les rachats en Grande-Bretagne pour disposer d’une filiale sur leur territoire. Cet été, le Bureau des statistiques nationales du RoyaumeUni a ainsi révélé que le volume des deals passait de 40,7 milliards (2017) à 82,3 milliards d’euros (2018) et que cette courbe tend à la hausse avec les discussions actuelles sur le Brexit. Voilà qui augure donc de bonnes surprises pour 2020.

Nicolas Bauche et Yacine Kadri

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