Avec un bilan 2018 qui lui permet de s’imposer face à des acteurs mondiaux comme Verizon ou AT&T, Orange Business Services poursuit une croissance remarquable dans la dématérialisation des services aux entreprises. Décryptage avec Helmut Reisinger, son directeur général.

Décideurs. En 2025, 60 % des data mondiales seront générées par les entreprises. Comment Orange Business Services tirer profit de cette opportunité ?

Helmut Reisinger. Pour Orange Business Services, la branche du groupe Orange dédiée à la transformation digitale des entreprises, l’explosion des données est une opportunité d’affaires évidente. En 2015, 70 % des data étaient produites par les consommateurs. En 2025, c’est le secteur du BtoB qui va prendre le relais. Cette ère de l’internet des entreprises est, entre autres, poussée par des innovations comme la 5G. En réponse à cette tendance, Orange Business Services propose à tous ses clients, des entreprises allant de la PME à la multinationale, une large gamme de solutions digitales adaptées.

" Grâce à notre capacité d’innovation, Orange Business Services a dépassé les grands groupes anglo-saxons comme Verizon ou AT&T "

Depuis vingt ans, le BtoB se mondialise avec l’implantation de sites de production aux quatre coins du globe. La profusion de data a aussi provoqué une digitalisation de la chaîne de valeur des firmes qui collecte les données générées par les objets connectés, les transporte avec les réseaux adéquats, les stocke sur le cloud et, in fine, les analyse pour les faire fructifier. La sécurisation, de bout en bout, de la chaîne de valeurs digitale est un impératif pour les entreprises, afin qu’elles ne soient pas vulnérables. En cette fin 2019, nous affirmons notre ambition d’être le leader sur le marché de l’Internet des entreprises. Grâce à notre capacité d’innovation, Orange Business Services a dépassé les grands groupes anglo-saxons comme Verizon ou AT&T dans les classements des leaders mondiaux du BtoB.

Vous avez signé deux partenariats, un premier avec Amazon Web Services et un autre avec l’opérateur chinois Huawei autour de l’offre de cloud public Flexible Engine. En quoi consistent-ils ?

Ces partenariats s’inscrivent dans notre stratégie reposant sur quatre piliers. Tout d’abord, la cyberdéfense pour protéger la propriété intellectuelle d’un actif immatériel. Ensuite, le digital et la data avec l’intelligence artificielle, le machine learning et les analytics. Puis, les services smart mobiles qui englobent l’Internet des objets et l’offre mobile. Enfin, le Cloud, un marché où nous collaborons notamment avec les groupes Huawei et Amazon. Le secteur du cloud est divisé entre le cloud privé et le cloud public. Pour le cloud privé, nous proposons notre savoir-faire pour protéger les data stockées. L’un de nos clients est l’Agence spatiale européenne pour laquelle nous avons créé une infrastructure sur mesure.

Quant au cloud public, à savoir une infrastructure ou un serveur partagé entre plusieurs parties prenantes, Amazon Web Services est un acteur prépondérant. Un partenariat avec un groupe de ce calibre nous tire vers le haut et est un gain de temps pour notre développement. Pour cimenter notre partenariat avec de grandes sociétés américaines, nous avons racheté Basefarm, une entité norvégienne spécialisée dans le multicloud, c’est-à-dire le cloud à la fois privé et public, et en particulier dans l’intégration de solutions comme celles d’Amazon Web Services. Une autre raison de ce rachat est l’expansion géographique. Basefarm est une marque reconnue dans les classements de satisfaction clients pour le cloud dans les pays nordiques.

La Chine a une manière radicalement ­opposée à l’Europe de gérer la data. Quelles problématiques spécifiques rencontrez-vous sur cette zone ?

La data organise une nouvelle carte géopolitique. On délimite une aire européenne avec une approche des données légiférée par le RGPD. ­L’Argentine a une conception similaire sur le sujet et la Californie va adopter un appareil légal assez proche de celui de l’Europe. On peut aussi distinguer d’autres zones cohérentes en Russie, en Chine qui se distingue par son important firewall, et en Inde. Orange Business Services peut intervenir sur toutes ces zones et dans des sites géographiques parfois isolés. En effet, il y a quinze ans, France Télécom a acquis les actifs du réseau des lignes aériennes construites dans les années 1980. Nous avons ainsi aujourd’hui la capacité de servir les clients multinationaux où qu’ils soient. Même si je ne partage pas l’approche de la Chine, nous y avons une capacité d’intervention remarquable pour des grands comptes comme Midea, un conglomérat qui gagne des parts de marchés dans le monde entier.
 

"Je suis convaincu que l’Europe peut être un leader dans la digitalisation industrielle" 

L’intelligence artificielle, la 5G, le machine Learning... Pour répondre à ces technologies de pointe, quelles collaborations Orange Business Services développe-t-il en interne avec ses laboratoires de ­recherche ou en externe ?

Le groupe Orange est l’un des rares opérateurs qui ait une force de frappe R&D avec un centre de recherche interne. Nous avons aussi lancé un processus d'innovation avec nos clients. Par ailleurs, nous tissons des partenariats technologiques avec des acteurs de toutes les nationalités et dont la capacité d’innovation correspond aux besoins audités chez nos clients. Je suis convaincu que l’Europe peut être un leader dans la digitalisation industrielle vis-à-vis de la Chine ou des États-Unis.

Propos recueillis par Nicolas Bauche

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