En Janvier 2016, Sharepay remportait le 2ème prix de la 2ème édition du StartUpElevator. Depuis la fintech ne cesse d'évoluer et démarre maintenant un partenariat avec BNP Paribas afin de rendre sa solution de paiement accessible à d'autres acteurs. Le point avec David Finel sur la stratégie adoptée pour réinventer le compte joint.

Quelle est votre positionnement ?

Avec Sharepay, nous offrons une alternative au compte joint bancaire en proposant des services financiers adaptés à ce qu’on appelle le foyer moderne. Nous permettons ainsi aux colocataires, aux couples et aux familles, de mieux partager et gérer leur argent.
Dans un premier temps, nous offrons aux personnes qui n’ont pas de compte joint bancaire et qui ne souhaitent pas en avoir un, une solution de paiement simple, équitable et efficace. La carte Sharepay permet de répartir des paiements sur plusieurs comptes ou de débiter le compte d’une autre personne. C’est une innovation mondiale. Aujourd’hui, nous comptons un peu plus de 10 000 utilisateurs dont la majorité sont des couples qui divisent leurs paiements en deux. En moyenne nos couples dépensent environ 500 euros par mois.

Quel est votre business model ? Et vos objectifs ?

La carte Sharepay est vendue sous la forme d’un abonnement mensuel à 4,90€.  Elle est disponible à la commande directement sur notre site web. Nous visons 35 000 à 40 000 porteurs de cartes pour fin 2018. Avant de commercialiser notre produit, nous avons travaillé pendant longtemps afin de bien comprendre les besoins de nos utilisateurs en réalisant un grand nombre d’interviews mais aussi d’études sociologiques. Nous pensons donc avoir développé un produit unique sur le marché qui répond à un besoin précis. L’objectif est donc maintenant de grossir rapidement en augmentant notre base d’utilisateurs. En parallèle nous travaillons sur d’autres sources de revenus, des services financiers annexes au paiement comme le crédit, l’épargne, le conseil, le PFM mais aussi sur des opportunités en BtoB.

Pouvez-vous nous parler de votre partenariat avec la BNP Paribas et de vos relations avec les banques ?

L’idée avec BNP Paribas est de créer un partenariat de distribution de la carte Sharepay afin que la banque devienne prescriptrice de notre solution. C’est lors d’un programme d’accélération du groupe BNP Paribas, Fintech BOOST, où Sharepay a été sélectionné par la banque en ligne Hello bank!  avec comme objectif de mettre en place une expérimentation opérationnelle, que ce partenariat a été initié. Les cartes co-brandées devraient être disponibles dans peu de temps. Mettre en place une telle action prend du temps. Il faut passer plusieurs audits et suivre des process de décisions vraiment différents des nôtres. L’accompagnement de l’accélérateur a été clé pour mieux appréhender et identifier la marche à suivre pour que la collaboration se passe bien. En parallèle de ce partenariat avec BNP Paribas, nous travaillons également avec d’autres banques/assurances. Nous sommes d’ailleurs incubés au Village by CA (Crédit Agricole).

Quel est votre potentiel de croissance ?

Pour notre croissance BtoC, nous travaillons sur différents canaux : les campagnes sur les réseaux sociaux, les influenceurs et la presse mais aussi le parrainage qui représente un canal d’acquisition important pour nous. Le marché que nous adressons est important en France (25 millions de comptes joints) et en Europe. D’un point de vue BtoB, l’idée est de continuer à lancer des pilotes mais surtout d’avancer sur des partenariats plus importants et plus durables dans le temps. Notre objectif est d’être rentable courant 2019.

 

« La façon d’innover des banques est donc encore assez différente de celle des start-ups »

Qu’est ce qui fait que les banques ont du mal à créer ces produits dont les gens ont besoin ?

Il y a différentes raisons à cela. Au cours de notre accélération au Numa, nous avons utilisé les méthodes de design thinking et de Lean start-up pour construire notre produit. Les grands groupes commencent, eux aussi, à intégrer ces méthodes et à familiariser leurs collaborateurs à ces nouvelles tendances mais c’est globalement assez nouveau. La façon d’innover des banques est donc encore assez différente de celle des start-ups qui ont déjà intégré ces méthodes. La seconde raison est que contrairement aux process de décisions des startups, en banque elles sont très pyramidales. Il est difficile de monter un projet et de le lancer rapidement. Pour finir, la gestion d’un parc de cartes de paiement nécessite plusieurs compétences et fait appel à différents secteurs : logistique, marketing, compliance, fraude, légale... Mettre en place un tel projet nécessite donc de faire collaborer ensemble différentes entités de la banque ce qui complique encore plus les choses en termes d’agilité.

Si aviez un message à faire passer aux banques lequel serait-il ?

Il y a une hétérogénéité entre les banques et même au sein des différentes filiales avec différentes façons de fonctionner et de réfléchir. Il est donc difficile de faire une généralité.
Globalement, pour une collaboration banque/fintech réussie, le facteur clé est une écoute mutuelle afin que chacun comprenne la manière de réfléchir et les challenges de l’autre. C’est dans ces conditions que les qualités de la startup se marieront alors parfaitement avec les domaines d’expertises de la banque et que cela débouchera sur un partenariat gagnant/gagnant.

Propos reccueilli par Vincent Paes et Morgane Al Mardini

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