Dans le cadre du projet de loi de finances 2018, les banques ne pourront plus centraliser les dépôts du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Comment le Saint Graal de l’épargne est devenu un casse-tête pour les banques ?

Défiscalisé et liquide, le livret A a longtemps eu tout pour plaire aux clients. Aujourd’hui, son taux de rémunération de seulement 0,75 % joue contre lui. Résultat, une forte décollecte a été observée en octobre 2017, la plus important depuis 2015. Dans un environnement de taux bas, le livret A pose néanmoins un problème aux banques qui voient leur coût de gestion s’envoler.

Une logique de décentralisation

Ces dernières disposent en effet de 40 % des actifs qu’elles doivent investir dans le financement de PME, travaux d’économie d’énergie dans l’immobilier ancien ou encore d’entreprises de l'économie sociale et solidaire. Les 60 % restant sont centralisés par la CDC afin de financer le logement social ainsi que la politique de la ville. Pour réduire leurs coûts et leurs risques, de nombreuses banques n’ont pas hésité à reverser plus à la CDC. À tel point que l’État en est arrivé à légiférer via le projet de loi de finances de 2018.  

Il sera désormais impossible pour les banques de centraliser la totalité de leurs dépôts à la CDC. Alors que les banquiers s’inquiètent des conséquences néfastes sur l’économie nationale de ces mesures, un autre souci majeur voit le jour. Comment les Banques vont-elles réincorporer les liquidités récupérées ? Avec 27 milliards d’euros de liquidités à récupérer, c’est la Banque postale qui sera la plus touchée. Un challenge énorme se présente donc à elle : réinjecter ces sommes mais à des taux de marchés intéressants. À cela s’ajoute les obligations d’emploi misent en place pour les PME. Nul ne pouvant nier ce dilemme, pas même les pouvoirs publics. Il est donc acté qu’en cas de non-respect de cette règle, aucunes sanctions ne seront appliquées pour le moment. Mais malgré la clémence des pouvoirs publics, la tâche est énorme et devrait coûter sur le long terme jusqu’à plusieurs dizaines de millions d’euros à la Banque postale.

Morgane Al Mardini

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