Avec plus de vingt-cinq milliards d’euros sous gestion, BPIFrance est la plus importante société de gestion française. Son fonds large venture atteint dorénavant un milliard d’euros, dont la moitié a déjà été investie dans une trentaine de start-up matures. Maïlys Ferrere, sa directrice, revient sur les principaux défis qu’il reste à relever.

Décideurs. La France a-t-elle rattrapé son retard en matière de financement des start-up ?

Maïlys Ferrere. Sans conteste, oui. Pour exemple, le nombre d’entreprises innovantes financées par BPIFrance a doublé entre 2013 et 2016, passant de 1 600 à 3 600. En matière de levées de fonds, l’Hexagone est désormais la première place européenne. Les montants récoltés par les start-up ont fortement augmenté, notamment sous l’impulsion de BPIFrance, dont l’une des premières décisions en 2013 a été de créer un fonds de growth intitulé « large venture ». Alors que l’on ne comptait que dix levées de plus de quinze millions d’euros en 2013, on en recense déjà 37 sur les neuf premiers mois de l’année. Ces chiffres démontrent bien le dynamisme de l’écosystème français de l’innovation et la capacité des fonds à accompagner le développement des start-up.

Quel est le principal défi que doit relever une start-up pour accéder au statut de licorne ?

Si le cash reste le nerf de la guerre, la mise en œuvre de la stratégie demeure bien sûr primordiale. À ce titre, l’internationalisation de l’activité est incontournable. L’enjeu est d’autant plus important qu’il faut aller de plus en plus vite. Dès la conception du business model, une start-up doit intégrer cette dimension. À mon sens, conquérir le marché américain est une priorité. Cela se révèle encore plus vrai dans le domaine de la santé où il représente 50 % du marché mondial.

Comment accompagnez-vous les start-up dans ces démarches ?

L’accompagnement constitue un axe stratégique majeur de BPIFrance et irrigue désormais tous nos métiers. Nous avons notamment mis en place un programme dédié aux start-up, BPIFrance Le Hub. Sa principale vocation réside dans la mise en relation des start-up avec les grands groupes pour favoriser les partenariats, les prises de participations voire les acquisitions. Nous accompagnons également une trentaine de start-up dans leur phase de scale up notamment à l’international et les faisons bénéficier de notre réseau.

«L’Hexagone est désormais la première place européenne»

Quelles start-up françaises identifieriez-vous comme licornes potentielles ?

Parmi les plus visibles, je citerais Devialet, Sigfox et Actility. Leurs récentes levées de fonds démontrent l’intérêt que ces sociétés suscitent. Mais il y a aussi Doctolib, site de réservation médicale, Younited Credit, une plate-forme de prêts aux particuliers, et Scality, spécialiste du stockage dans le cloud. Ce sont trois belles start-up qui ont montré la pertinence de leur modèle sur le marché français et qui doivent réussir leur internationalisation. Enfin, j’ajouterais la biotech Medday qui vient de démarrer la commercialisation d’un traitement contre la sclérose en plaques grâce à une autorisation provisoire. Dans le domaine de la biotech, j’aimerais également citer DBV Technologies et Cellectis. Étant cotées, elles ne correspondent pas à la définition usuelle de la licorne mais elles n’en gardent pas moins un potentiel de croissance énorme. La première est déjà valorisée deux milliards de dollars et la seconde approche le milliard de dollars.

Propos recueillis par  Vincent Paes

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