P- DG de l’un des fleurons de la technologie française, Quentin Sannié ambitionne de devenir « le leader mondial du son » d’ici quelques années, grâce à sa vision singulière et sa « volonté permanente » de se différencier des autres acteurs du marché.

Décideurs. Quels sont les ingrédients qui font le succès de Devialet ? 

Quentin Sannié. Je considère tout d’abord que, même si notre premier produit a vu le jour il y a maintenant sept ans, nous ne sommes qu’au début de notre projet. C’est néanmoins un début prometteur, car nous avons construit une base technologique unique au monde et avons une vision précise de ce que nous souhaitons faire : devenir le leader mondial du son et imposer notre technologie comme une référence dans tous les secteurs, grâce à notre savoir-faire. Celui-ci nous permet de délivrer un grand son avec des technologies plus petites (comme les smartphones).

Avoir une vision, le critère indispensable pour réussir selon vous ? 

Tout à fait. Dans notre secteur en tout cas, on ne peut se retrouver au sommet que si on l’a voulu. Il faut une volonté farouche et permanente de se différencier et vouloir bâtir une entreprise avec un projet singulier, dotée de ses propres règles et capable de construire son propre marché. Si nous nous organisons, produisons, levons de l’argent, d’une façon qui existe déjà, alors nous n’avons aucune chance de réussir.  

« Si nous nous organisons, produisons, levons de l’argent, d’une façon qui existe déjà, alors nous n’avons aucune chance de réussir. » 

Justement, quelle a été votre stratégie de financement ? 

Au départ, je discutais avec des fonds d’investissement. Ces derniers nous demandaient de résumer notre vision dans un business plan. Ce n’était pas adapté. Nous avons décidé de faire autrement en présentant notre projet global à des entrepreneurs. Je suis convaincu qu’ils sont les meilleurs investisseurs. En décembre 2016, nous avions levé au total 100 millions d’euros. Xavier Niel, Bernard Arnault, Jacques-Antoine Granjon et Marc Simoncini ont à eux quatre investi 42 millions d’euros dans notre entreprise. 

Serait-il, comme certains l’affirment, plus facile d’entreprendre aux États-Unis qu’en France ? 

Rien n’empêche une entreprise française de devenir un leader mondial. C’est vrai dans l’audio, mais c’est le cas dans n’importe quel domaine. Le principal problème français ? La barrière mentale. Pour ma part, j’ai créé une entreprise mondiale. Il se trouve que je la crée en France, mais aujourd’hui les technologies comme les marques sont globales. Je ne me suis jamais dit qu’il y avait un marché français et un marché à l’étranger, même s’il existe bien sûr des réalités réglementaires. La preuve : nous avons d’abord été reconnus à l’étranger. 

 « Le principal problème français ? La barrière mentale »

La France est donc propice à l’entrepreneuriat ? 

Mieux que ça, je crois qu’on vit dans un paradis pour entrepreneurs. La sécurité économique et juridique est loin d’être assurée partout dans le monde. Les crises financières qu’on a connues en France sont minimes comparé à ce que subissent d’autres pays. Il faut se rendre compte de notre chance, même si notre administration est perfectible et que nous avons des problèmes à résoudre. La situation est positive et les axes d’amélioration sont nombreux. Je pense que les Français s’en rendent compte. Sinon, ils n’auraient sinon pas choisi Emmanuel Macron comme Président. 

Vous l’avez d’ailleurs ouvertement soutenu lors de sa campagne, êtes-vous satisfait de ses premières décisions en tant que Président ? 

Je crois qu’il fait ce qu’il faut. Il porte un projet visant à libérer et à protéger. On sait qu’il est nécessaire de fluidifier le monde du travail, de faciliter à la fois l’embauche et le licenciement tout en protégeant les plus fragiles. La politique d’Emmanuel Macron est à mon sens équilibrée et modérée. 

 

Propos recueillis par @CapucineCoquand

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