En s’adjugeant les droits de la Premier League anglaise, le groupe SFR a marqué un grand coup et ne compte pas en rester là. François Pesenti, directeur général de SFR Sport, revient sur la stratégie de l’opérateur.

Comment expliquez-vous la hausse des droits TV dans le sport ?

 

La tendance est globale et la France s'inscrit dans cette mouvance. Jusque-là, les diffuseurs de compétitions sportives étaient principalement des groupes de télévision. Désormais ceux-ci s’associent à des distributeurs télécoms qui développent des offres payantes pour leurs abonnés. C’est ce qu’on appelle la convergence. Impulsée aux États-Unis notamment, où les opérateurs du câble ou de l’Internet ont acquis de grands groupes de l’audiovisuel et de l’entertainment avec l’objectif de former des structures puissantes, susceptibles d’investir massivement dans le contenu et de renforcer leurs offres. Cette convergence se développe également en Europe et notamment au Royaume-Uni, avec l’arrivée de BT Sport sur le marché des box, et désormais en France à l'initiative de SFR, qui est aujourd’hui le premier acteur de la convergence télécoms-médias sur le marché hexagonal. Ces mouvements de convergence font des protagonistes des marchés du sport, de la fiction ou autres contenus exclusifs des acteurs plus puissants et pérennes. Résultat, la concurrence est plus rude car leur potentiel d'abonnés est plus important. Logiquement, cela crée une émulation et redynamise le marché des droits.

Pourquoi les droits sportifs en particulier ? Parce que le sport est un des rares spectacles télévisuels encore capable de fédérer et de capter l’attention d’un large public en direct. Il permet d’atténuer le phénomène de consommation délinéarisée de la TV avec le développement de la consommation de contenus à la demande.

 

Face à ce contexte, quelle stratégie mettez-vous en place en la matière ? 

 

Le groupe s’est positionné sur les droits sportifs mais également sur d’autres contenus comme le factual entertainment, la fiction, l’information TV ou encore la presse. Le groupe SFR Media développe toutes les grandes thématiques de contenus qui peuvent être attractives pour ses abonnés. Dans le sport, notre stratégie consiste à miser sur des disciplines populaires, fédératrices, dans le cadre d'une programmation variée mais ciblée et lisible, compréhensible et attractive pour nos abonnés et pour toute leur famille. Au-delà de l'argent que nous investissons, nous devons garantir aux détenteurs de droits la plus large distribution possible de nos contenus payants, un enjeu fort pour eux et leurs partenaires. Un groupe tel que le nôtre offre une solide exposition à plusieurs titres. D’une part, par sa capacité à élargir le nombre de ses abonnés, fixes ou mobiles, éligibles à ses chaînes exclusives et ce sur tous les écrans, d'autre part en proposant ces chaînes à tous les non abonnés, via l'abonnement direct sur Internet et la TV connectée. Autre garantie d’exposition, SFR propose un ensemble de médias gratuits exceptionnel. Nos chaînes d’informations comme BFMTV et BFM Sport, ou encore la radio RMC, leader sur le sport en France, sont autant de moyens d'exposer le meilleur de nos compétitions auprès d'un large public. SFR Media, grâce à la multitude de publics auxquels elle s’adresse, permet de faire profiter aux disciplines et aux sports dont elle s’occupe d’une grande visibilité.

 

On parle d’une possible entente entre Canal + et Orange pour l’acquisition des droits TV de la ligue des champions, la Ligue 1 d’ici 2018. Comment analysez-vous cette annonce ?

 

À ce stade, je n’ai aucun commentaire à faire concernant nos concurrents. Je m’occupe de l’activité sport de SFR. 

 

Vous avez évoqué le fait que votre politique dans le domaine des droits était simple : chercher la différence et la qualité. Est-ce que cela passe par la retransmission de championnats méconnus ou de sports qui sont peu médiatisés ?

 

Nous proposons un bouquet sport de cinq chaînes avec une large variété de disciplines. Notre politique est d'être lisibles et attractifs. C’est-à-dire aller vers des grands sports premium, comme c’était le cas avec le lancement du bouquet sport par le biais de la Premier League anglaise, le championnat de football le plus puissant au monde. Ensuite, de la compléter par d’autres droits de sports populaires et de compétitions proposant les clubs français ou les équipes de France, comme dans le basket (championnat français), la boxe (WSB, soirées SFR Pro ou Klitschko/Joshua) ou l'athlétisme (compétitions FFA et Diamond League). Nous sommes aujourd'hui référents sur une demi-douzaine de sports. Enfin, nous ajoutons à cette offre multisports, des thématiques susceptibles d’intéresser l’ensemble des membres d’une même famille, d’où le développement des sports extrêmes, des nouvelles disciplines comme l'eSport pour attirer un public jeune. Sans oublier les disciplines de combat. Voilà la manière dont nous essayons d’élargir l’offre. L’objectif étant d’oaboutir à une large gamme des chaînes sans pour autant nous disperser.

 

Comment mesurez-vous le retour sur investissement ?

 

Pour un opérateur comme SFR, le retour sur investissement de droits comme ceux du sport se calcule sur de nombreux critères, parfois complexes à détailler. Aujourd’hui, nous sommes très satisfaits des audiences générées par la chaîine, mais également de l’accueil de nos abonnés sur le traitement de la Premier League. SFR Sport 1 cartonne tant par la réputation du championnat retransmis que par l’éditorialisation et les moyens mis en œuvre pour le diffuser. J’ai cru comprendre que l’activité commerciale de SFR à la rentrée et à Noël avait été boostée cette année. On peut imaginer que le développement de cette politique de nouveaux contenus et services a joué son rôle. Beaucoup de paramètres ont bénéficié de l’arrivée du championnat anglais et plus généralement du bouquet SFR Sport : cela influe sur l’image, la qualité du service ou encore la fidélisation. C’est aussi l’addition de ces éléments, parmi d'autres, qui permettent de juger in fine du bien-fondé de l’apport de ce type de contenu pour le groupe. 

 

Quels sont vos objectifs sur le long terme ?

 

L’ambition du groupe est d’être reconnu comme l’opérateur du contenu en France, celui qui dispose de la meilleure offre (qualité et variété) et expertise de traitement et de la distribution la plus large. Car proposer la plus large palette de contenus possible et les adresser à un coût raisonnable au plus grand nombre constitue pour SFR un enjeu au service du grand public et de l'évolution des usages.

 

Propos recueillis par Gatien Pierre-Charles

 

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