Avec son frère, Édouard, Rodolphe Carle a fondé en 2003 Babilou afin d’accueillir les enfants de moins de 3 ans. Aujourd’hui, le groupe dispose du premier réseau de crèches privées en France. La société s’est également développée à l’étranger en s’implantant en Belgique, en Suisse, en Allemagne et à Dubaï.

Décideurs. Depuis le début de votre aventure entrepreneuriale, vous avez fait le choix de rester majoritaires dans le capital. Cela vous a-t-il gêné pour lever de l’argent?

Rodolphe Carle. Non, nous avons toujours réussi à trouver des actionnaires souhaitant rester minoritaires et respectant nos valeurs. Néanmoins, cela limite le nombre d’investisseurs potentiellement intéressés. La difficulté est en effet de trouver un fonds capable d’intégrer notre vision de long terme alors qu’ils investissent en moyenne sur une période de cinq ans. Nous avons donc mis en place un pacte d’actionnaires dans lequel le droit de lancer un processus de vente reste entre nos mains pour que cela ne remette pas en cause notre stratégie de développement. Nous restons bien sûr à l’écoute de nos investisseurs. Par exemple Alpha PE, après être entré au capital en 2008, nous a fait part de sa volonté de sortir fin 2012. En 2013, nous changions d’actionnaires avec l’arrivée d’un family office belge, de la Société générale et de Raise.

 

Décideurs. En matière de stratégie, vos investisseurs ont-ils leur mot à dire?

R. C. Oui, c’est même essentiel pour nous. Depuis mon arrivée à Munich pour développer nos activités sur place j’ai pu observer les entreprises familiales allemandes. Elles fonctionnent beaucoup en vase clos ce que je trouve dangereux sur le long terme. Selon moi, c’est même le meilleur moyen de passer à côté d’opportunités. C’est pourquoi si nous gardons le dernier mot, je discute fréquemment avec nos investisseurs. Tous les trois mois, nous avons une réunion formelle avec tous les actionnaires, tous les mois nous leur faisons un reporting et toutes les semaines nous avons des discussions informelles sur des sujets stratégiques. Cet échange quasi continu nous permet de garder de la hauteur sur notre développement.

 

Décideurs. Quelles sont vos relations avec les banques?

R. C. Nous avons toujours obtenu de bonnes offres, sous condition que nous gardions le contrôle. Je pense que le fait de savoir que nous sommes engagés à long terme dans l’entreprise les rassure. 95 % de mon patrimoine sont en actions Babilou, je ne prendrai donc pas de risques démesurés. Elles savent également que nous ne souhaitons pas pousser la dette outre mesure ou tendre le bilan en mettant un levier de six fois l’Ebidta.

 

Décideurs. Quels conseils donneriez-vous à la nouvelle génération d’entrepreneurs qui se lance?

R. C. De plus en plus de jeunes ne perçoivent l’entrepreneuriat que comme un moyen de devenir riche avec le rêve de revendre leur société plusieurs millions d’euros au bout de quelques années. Malheureusement, cela n’arrive pas souvent. Il y a donc beaucoup de frustrations par la suite. Selon moi, le meilleur moyen pour réussir est de vouloir se servir de son entreprise pour avoir un impact sur la société. Avec Babilou, nous jouons un vrai rôle social: nous offrons à des parents la possibilité de faire garder leurs enfants et nous avons créé plus de 4000 emplois en France.

 

 Propos recueillis par V. P.

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