Eclairage sur la généralisation de la complémentaire santé avec Jean-Louis Mercier, directeur général adjoint développement et service aux adhérents chez Harmonie Mutuelle.

Décideurs. Comment votre groupe envisage-t-il l’avenir compte tenu des nouvelles dispositions de l’ANI ?


Jean-Louis Mercier. Très positivement. Nous avons souhaité un déploiement de l’ANI et la santé arrive parmi les priorités au sein de l’accord. De plus, grâce à notre proximité avec les entreprises dans tout l’Hexagone, nous avons réfléchi avec elles à leurs besoins. Nous accompagnons les entreprises depuis longtemps en matière de prévoyance, de complémentaire santé ou encore de retraite, et nous sommes également très attentifs à l’évolution des branches professionnelles.


Décideurs. Quels sont les opportunités et les risques pour
la profession ?


J.-L. M. L’ANI apparaît a priori comme une contrainte pour les
entreprises. De plus, de nouveaux acteurs, principalement la bancassurance qui considèrent l’ANI comme une opportunité pour se déployer sur le marché des petites entreprises. Pour Harmonie Mutuelle, l’ANI offre des opportunités de développement que nous entendons bien sûr saisir. Le principal risque est de tendre vers une politique tarifaire du moins-disant. Notre approche mutualiste et professionnelle nous a fait privilégier un positionnement d’expert avec des prestations au juste prix. La protection sociale n’est pas un métier ni un produit comme les autres. Il ne se brade pas.


Décideurs. Quel est selon vous l’enjeu majeur ?


J.-L. M. L’un des grands enjeux va être l’information. Les salariés vont voir apparaître des modifications sur leur contrat qu’il faudra leur expliquer. Notre objectif : rendre plus juste et plus utile la consommation médicale afin de ne pas se retrouver avec des contrats déficitaires. En effet, un assuré aura tendance à adapter sa consommation au montant remboursé. Quand on parle de santé, il ne devrait pas y avoir de notion de valeur, la complémentaire santé n’est pas un produit comme les autres. En tant que mutuelle nous ne sommes pas pour la vente de surcomplémentaires.


Décideurs. Les entreprises seront-elles prêtes au 1er janvier 2016 ?


J.-L. M. Oui et non. Oui pour la majorité, mais l’obligation n’est
pas assortie de fortes contraintes en cas de non-respect du texte. À ce jour, nous observons trois cas de figure. Tout d’abord, les conciliants, qui y voient un véritable intérêt pour leurs salariés, notamment en matière de motivation. Puis, ceux qui ne s’y intéressent pas du tout. Ils attendront sans doute le dernier moment pour sélectionner un prestataire. Enfin, il y a les réfractaires qui, malgré leur refus d’enclencher la démarche, seront rapidement rattrapés par l’obligation légale. Ces derniers doivent comprendre que l’intérêt qu’ils en tireront est bien plus important que le désagrément.

 

Propos recueillis par Julie Atlan

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