"Les réalisations passées sont l’indication la plus sûre des réussites futures"
Décideurs. Expérience vs. diplôme : la comparaison est-elle toujours d’actualité en France ?
Anne Romet. Les diplômes restent dans le paysage français une référence, mais le parcours professionnel, la combinaison d’expériences, les résultats et les succès obtenus sont les éléments déterminants pour les recruteurs. Les diplômes restent un gage de sécurité mais ne suffisent plus pour juger la pertinence d’une candidature.
La richesse d’un parcours, la variété des fonctions exercées et des contextes rencontrés, la dimension internationale, la combinaison entre des postes corporate versus postes opérationnels sont valorisés. Cela dit, l’évolution des mentalités se fait lentement : même si les diplômes ne suffisent plus à pourvoir un poste à haute responsabilité, l’expérience seule assure rarement un poste de grand dirigeant dans une très grande entreprise en France.

Décideurs. Sur un marché de l’emploi de plus en plus mondialisé, les dirigeants français sont-ils compétitifs ?
A. R. Notre système d’éducation et de formation demeure très élitiste avec les diplômes de grandes écoles et de MBA qui se sont beaucoup développés. Les dirigeants français ont reçu une formation très complète, qu’ils vont d’ailleurs de plus en plus enrichir tout au long de leur carrière, comme leurs homologues étrangers. Le système anglo-saxon, par exemple, est différent : la formation initiale est moins généraliste. La formation continue est très développée et prisée avec tous les programmes de MBA, d’Executive Education régulièrement proposés aux high potentials (HP) au sein des grands groupes internationaux.
La formation tout au long d’une carrière permet de construire un réseau, de partager des expériences et de favoriser les échanges au-delà des associations. Les dirigeants français l’ont bien compris. C’est leur parcours et leurs expériences professionnelles qui permettent aux dirigeants français d’être compétitifs et sollicités par les entreprises, françaises ou étrangères.

Décideurs. Quels critères définissent cette compétitivité ?
A. R. Les expériences professionnelles demeurent primordiales. Les réalisations passées sont l’indication la plus sûre des réussites futures dans des conditions comparables bien que différentes.
Parmi ces critères : la variété des responsabilités exercées, les expériences à l’international, la connaissance de marchés spécifiques, émergents par exemple, les situations auxquelles les dirigeants ont été exposés ; crise ou croissance, création d’activités ou restructuration, marchés matures ou marchés émergents… et les résultats obtenus. Autant de critères qui vont être déterminants dans un marché de l’emploi mondial.

Décideurs. Le MBA devient-il un diplôme vulgarisé ? A-t-il toujours la même valeur ajoutée ?
A. R.
Il faut tout d’abord faire la différence entre un MBA et un Executive MBA. Aujourd’hui, les jeunes font la course au double diplôme, voire à la triple formation, afin d’avoir un cursus plus complet et d’être le plus compétitif possible dès leur entrée sur le marché de l’emploi et dans les premières années de carrière. Le MBA permet souvent de décrocher un meilleur poste ou de se voir offrir un parcours accéléré, d’avoir un meilleur salaire. Il y a un véritable engouement pour les formations et les MBA, à la fois généralistes ou spécialisés.
S’agissant des Executive MBA, c’est un levier d’accélérateur de carrière, voire de réorientation de carrière. C’est également un gage de détermination, d’ambition pour un dirigeant, qui démontre une continuité dans sa quête d’apprentissage et son envie de s’investir toujours plus, de partager et de bénéficier des expériences avec d’autres. C’est aussi l’opportunité d’élargir davantage son réseau.
Loin de devenir un diplôme vulgarisé, les formations de type MBA restent prisées de la plupart des dirigeants ou futurs dirigeants.

Décideurs. Comment attirer et retenir les talents ?
A. R.
Les mêmes éléments/critères vont permettre d’attirer et de retenir les talents. En effet, l’entreprise doit offrir des perspectives d’évolution régulière, des responsabilités variées et croissantes, une exposition à des postes et des problématiques diverses. La compréhension et la prise en compte des facteurs de motivation sont également importantes. La formation continue, en particulier les programmes internationaux sont également des moyens de rétention non négligeables, tout comme les opportunités à l’international. La rémunération est également déterminante pour attirer et retenir les talents.
S’agissant du marché français de l’emploi, il ne faut pas sous-estimer son attractivité. Une expérience dans l’Hexagone est tout à fait valorisante, au même titre qu’une expérience dans un autre pays. Elle peut même être plus riche d’enseignements dans certains domaines étant donné la complexité du système français.

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