Alors que les relations politiques entre les deux pays se détériorent, les Français perçoivent toujours les Allemands d’un bon œil. Mais l’inverse n’est pas toujours vrai.
Rôle de la BCE, relations avec la Russie, rigueur budgétaire… les tensions sont nombreuses entre la France et l’Allemagne. Si elles ne sont pas nouvelles, « elles sont de plus en plus vives depuis la crise de 2008 », constate Gérard Fuchs, membre de la Fondation Jean-Jaurès qui a tenu une conférence sur les relations franco-allemandes le 8 décembre dernier. Surtout, ces désaccords sur la politique économique se traduisent par une distorsion des points de vue entre Français et Allemands, décalage mesuré par le sondage de la fondation française et la Friedrich-Ebert-Stiftung¹. Démonstration en six points.

Deux perceptions différentes de la crise
En 2014, sept Français sur dix disent encore subir « le plus fort de la crise économique ». En Allemagne, ce ratio est de trois pour dix. Dans ce contexte, les citoyens allemands refusent que la Banque centrale européenne (BCE) relance en priorité la croissance économique, comme le souhaiteraient les Français. Pour une majorité de nos cousins germains, l’institution bancaire doit avant tout maîtriser l’inflation.

L’incompréhension des Allemands
Pourquoi les Français ne mènent-ils pas de réformes structurelles pour réduire le déficit public et relancer l’économie? C’est la question que se pose plus de la moitié des Allemands en constatant que « le gouvernement de François Hollande a échoué à réformer le pays ». Pour 21 % d’entre eux, le sentiment d’incompréhension est de loin le premier leur venant à l’esprit quand on évoque la France.

La perte d’influence de la France
La France est-elle tombée de son piédestal de leader européen ? En 2012, 58 % des Allemands considéraient encore l’Hexagone comme un pays dominant grâce à « la politique menée par Nicolas Sarkozy dans la résolution de la crise de la zone euro », analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinions et stratégies d’entreprise de l’Ifop. Mais deux années et un changement de gouvernement plus tard, ils ne sont plus qu’un tiers à partager cette opinion.

La dégradation de la réputation de l’Hexagone
Outre-Rhin, l’image de la France est écornée. Alors que 87 % des Allemands pensaient du bien de l’Hexagone en 2012, ils sont seulement 63 % deux ans plus tard. « C’est un décrochage spectaculaire pour ce type de jugements, généralement stables à court terme », s’alarme le statisticien.

Le modèle allemand plébiscité
En France, c’est le sentiment inverse qui prévaut : 85 % des citoyens estiment que le gouvernement d’Angela Merkel a fait le nécessaire pour réduire le déficit et relancer la croissance. Selon eux, l’Allemagne possède donc tous les atouts nécessaires pour tirer son épingle du jeu dans une économie mondialisée. Résultat : un Français sur deux pense qu’il faut davantage s’inspirer du modèle allemand.

L’Europe, solution de la dernière chance
Français et Allemands s’accordent uniquement sur le rôle de l’Union européenne : selon eux, la réponse à la crise n’est plus à trouver dans le duo historique mais à l’échelle du continent. Cependant, les relations franco-allemandes ne sont pas remises en cause. Plus de 80 % des habitants des deux pays estiment en effet que leur coopération demeure nécessaire pour impulser une stratégie commune à l’Europe. Encore faudra-t-il s’accorder sur son contenu.

¹Sondage mené du 12 au 18 novembre auprès de deux échantillons de neuf cents personnes, Français et Allemands.
En photo : sculpture de Wolfram Huschens, "Les frontières entre la France et l'Allemagne", 1987

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