Mardi 8 novembre, l’Autorité de la concurrence a sanctionné, à hauteur de 81 067 400 euros, la société Essilor International, pour avoir mis en œuvre des pratiques commerciales discriminatoires. Ces dernières visaient à entraver le développement en France de la vente en ligne de verres correcteurs et ont duré plus d’une décennie. Essilor conteste la décision.

Principal fabricant et distributeur en gros de verres optiques en France, Essilor International est dominant sur le marché français et leader mondial de la fabrication de verres correcteurs.  L’Autorité de la concurrence (ADLC), dans une décision publiée le 8 novembre, a considéré que le lunettier était en position dominante sur le marché français de la distribution en gros de verres correcteurs et avait abusé de cette position dominante. L’Autorité enquêtait depuis 2014. Pendant plus de onze ans, l’entreprise a mis en œuvre une politique commerciale discriminatoire visant à entraver en France le développement des sites de vente en ligne de lunettes comme comme Sensee, Happyview et Direct Optic. Essilor refusait à ces sites de leur livrer des verres de marque – alors qu’elle le faisait à l’étranger – et leur interdisait d’utiliser les marques et logos d’Essilor et de communiquer sur l’origine des verres. En outre, le lunettier conditionnait la prise en charge de la garantie à la prise de mesure en magasin, condition impossible à remplir pour les sites de revente en ligne.

L’Autorité de la concurrence relève la gravité du comportement de l’entreprise compte tenu du secteur concerné, celui de la santé publique, et de son impact sur les prix. L’entrave au développement des sites de vente en ligne par Essilor a favorisé le maintien des prix élevés et privé les consommateurs de l’accès à un canal alternatif de vente de verres optiques. De quoi justifier une sanction de plus de 81 millions d’euros infligée à la société Essilor International SAS et une autre de 15,4 millions pour la société mère, EssilorLuxottica. Dans un communiqué paru le 8 novembre, EssilorLuxottica conteste la décision et soutient la légalité de ses pratiques. La société s’est dit convaincue du  "bien-fondé de commercialiser certains segments de verres correcteurs dans des conditions permettant de garantir aux consommateurs la meilleure correction visuelle nécessaire pour répondre à leurs besoins personnels". Elle se dit “confiante dans sa capacité à prouver que la décision de l’Autorité est infondée”.

Anne-Laure Blouin

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