CPA Experts intervient depuis trente-neuf ans auprès de professionnels de l’assurance dans des dossiers sensibles en responsabilité civile et en dommage. Bruno Perrot, son président, Benoît Jourdain, expert spécialiste ferroviaire et Alain Decorniquet, expert étanchéité, couverture et bardage, reviennent sur les conséquences des crises dans leur secteur d’activité, ainsi que sur la complexité des nouveaux enjeux auxquels ils doivent faire face.

Décideurs. Comment s’est passée l’année 2021 ?

Bruno Perrot. Notre activité a été forcément perturbée par la crise sanitaire. Néanmoins, nous poursuivons notre rythme et, en construction, nous travaillons sur des projets majeurs en France comme le Grand Paris et les Jeux olympiques 2024. Dans le domaine industriel, le marché a aussi subi des difficultés dans la mesure où les confinements ont généré de vraies paralysies. Nous avons pu nous adapter aux circonstances et nous avons modifié nos méthodes de travail avec, notamment, l’utilisation de la visio-expertise, le recours au télétravail et la limitation des déplacements. Nous pouvons gérer des réunions à distance sans difficulté, ce qui génère de nombreux avantages dont des économies de temps, de coûts et de pollution. L’année 2021 a été une année d’adaptation.

Le monde fait face à trois crises majeures : une crise sanitaire, une crise géopolitique et une crise climatique. En tant qu’experts d’assurance, quel regard portez-vous sur cette situation ? Existe-t-il de nouveaux besoins sur le marché ?

B. P. Les différentes crises que nous traversons créent de nouvelles contraintes. La crise sanitaire n’a pas affecté le fond de notre métier, mais a modifié la façon de travailler. Chez CPA Experts, nous essayons désormais d’adopter des comportements plus vertueux en matière environnementale. La crise géopolitique, quant à elle, génère d’autres types de bouleversements. Le surenchérissement du coût de l’énergie va forcément, indépendamment des aspects politiques, favoriser la relocalisation de l’industrie. Concernant les domaines de compétences et les besoins nouveaux, nous devons nous adapter aux risques à venir et à toutes les conséquences que cela entraîne sur le plan des mobilités et de la construction. Les crises entraînent des changements qui généreront d’autres types de sinistres, et nous devons dès maintenant nous y préparer.

Alain Decorniquet. Il existe une réelle préoccupation de l’ensemble des acteurs de la construction (maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’oeuvre, entrepreneurs et industriels) sur l’application de la réglementation environnementale 2020 du fait de la mise en place des bilans carbone ainsi que la nécessité d’être plus économes et plus vertueux dans nos modes constructifs et d’une façon plus générale, dans nos modes de vie. Cela a et aura un impact énorme sur nos métiers. Nous allons être amenés à travailler de plus en plus avec des matériaux biosourcés qui devront être évalués techniquement, mais également avoir recours de plus en plus souvent au réemploi et à la rénovation. Ces nouveaux matériaux et ces nouvelles pratiques posent des problèmes pour l’évaluation technique traditionnelle par le CSTB notamment, ce qui risque de conduire à des situations à risques. Il faut que les assureurs soient parties prenantes et aient un oeil sur ces évaluations. Les experts ont un rôle central à jouer dans ce dispositif (via l’Agence Qualité Construction notamment) en faisant remonter les pathologies et les dérives qui peuvent se faire jour du fait de ces évolutions.

Benoît Jourdain. Tous les domaines connaissent en ce moment même une avancée technique rapide. Par exemple, en matière de transports avec les trains hydrogène ou encore les véhicules autonomes, mais également dans le domaine de la production d’énergie, etc. Ces avancées technologiques ne sont pas encore totalement encadrées par les réglementations, mais le législateur tente d’y remédier.

Vous vous êtes rapprochés du groupe Ixi, un réseau d’experts indépendants présent sur tout le territoire national, et cela a débouché sur la création de la filiale Ixi Plus. Quel bilan en tirez-vous cinq années après ?

B. P. La filiale Ixi Plus est le résultat d’une synergie entre un réseau d’experts généralistes présents sur tout le territoire national et un réseau d’experts spécialistes ayant de multiples compétences. Cette complémentarité augmente la qualité de l’offre pour nos clients. Nous proposons des services adaptés aux besoins du marché, grâce à des compétences qui viennent s’ajouter. En effet, nous avons agrégé de nouvelles spécialités avec le pôle "cyber risk", le pôle "mobilité" ou encore par le développement d’activités relatives aux objets de valeur et à la gestion de crise. L’équipe dispose ainsi des compétences d’une experte spécialisée en géopolitique. Cette nouvelle activité de niche permet d’apporter des réponses à différents types de gestion de crise qu’elle soit économique, médiatique et/ou politique.

Grâce à votre partenariat international avec le réseau Advanta Global Services, vous êtes présents dans plus de 80 pays, sur les 5 continents, et disposez d’un réseau de plus de 250 experts spécialistes. Peut-on aujourd’hui parler de rayonnement à l’international ?

B. P. Cette coopération a pour objectif de répondre aux besoins des assureurs, qui ont eux-mêmes besoin d’accompagner leurs clients, les entreprises, qui se sont internationalisés. Le fait de s’attacher à un réseau présent sur tous les continents permet d’avoir un expert sur place pouvant intervenir au plus vite, à moindre coût et en connaissant la culture locale.

B. J. Nous avons choisi ces partenariats, que ce soit en France avec le groupe IXI ou à l’étranger avec le réseau Advanta, car ce sont des cabinets indépendants avec une autonomie structurelle et fonctionnelle proche de celle de CPA Experts et ce sont des structures où les experts sont directement responsables de leurs dossiers devant leurs clients.

A. D. C’est un accroissement de la qualité du service, en parfaite adéquation avec les valeurs du groupe. Nous apportons des offres supplémentaires et nous avons à coeur de limiter les déplacements inutiles. Ce que nous recherchons au travers d’Advanta, c’est de travailler avec d’autres experts spécialistes.

"Les nouvelles technologies amènent de la complexité dans l’analyse technique des dossiers et entraînent par conséquent une pluridisciplinarité indispensable dans nos métiers"

Remarquez-vous une augmentation de la complexité des dossiers ? Et si oui, comment faites-vous pour vous adapter ?

A. D. Les nouvelles technologies amènent de la complexité dans l’analyse technique des dossiers et entraînent par conséquent une pluridisciplinarité indispensable dans nos métiers. C’est ici l’un des avantages de travailler, en interne avec des spécialités techniques variées, et en partenariat avec d’autres cabinets, car nous présentons ainsi un éventail de compétences suffisamment large et nous pouvons faire intervenir plusieurs collaborateurs sur un certain nombre de dossiers. Nous maintenons à jour nos connaissances techniques dans nos spécialités, en participant notamment à certaines commissions de normalisation pour nombre d’entre nous. Cela nous permet d’appréhender les nouveaux sujets et d’anticiper la sinistralité notamment en participant à la prévention des risques.

B. J. D’une manière générale, nous venons tous du domaine de l’entreprise. Nous avons une connaissance du métier dans nos spécialités. Bien que les énergies nouvelles entraînent des sinistralités, nous travaillons avec des ingénieurs spécialisés qui nous accompagnent pour faire face à ces problématiques.

Selon vous, quels sont aujourd’hui les grands enjeux du métier d’expert en assurance ? Comment appréhendez-vous les années à venir ?

B. P. Le principe de l’assurance est de limiter les conséquences des aléas. À ce jour, les modèles de prévision économique sont incapables de prédire comment le marché du risque évoluera et quelles seront les conséquences de l’augmentation des événements de grande ampleur. Les catastrophes environnementales et la crise géopolitique actuelle entraînent de fortes turbulences. La Russie étant le deuxième pays producteur d’hydrocarbure, se passer de ces ressources entraîne une difficulté d’approvisionnement dans le secteur des transports, mais aussi sur le plan agroalimentaire et dans le domaine de la construction. La période à venir reste relativement floue et nécessitera de nouvelles adaptations de la pratique de notre métier auxquelles nous nous préparons.

A. D. Les crises que nous traversons affectent le monde de l’entreprise et de l’industrie. La hausse des prix et les ruptures d’approvisionnement de certains matériaux vont conduire les entreprises à prendre des risques pour pouvoir répondre aux besoins de leurs clients, ce qui peut impliquer plus de sinistralité et une variabilité des causes et circonstances des sinistres les rendant nécessairement plus complexes.

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