Longtemps associé à l’arbitrage, le bureau parisien de Shearman & Sterling nourrit aujourd’hui une nouvelle ambition : devenir incontournable sur le marché du corporate et du private equity. Pour y arriver, Xavier Norlain et Maud Manon, respectivement managing partner et deputy managing partner du cabinet, se sont adjoint les services de celle qui a fait prospérer d’autres grands noms de la place, Mireya Berteau.

Shearman & Sterling. Un nom connu de tous, un leader de l’arbitrage dont la réputation n’est plus à faire. Et, aujourd’hui, la volonté de se transformer. Avec le départ d’Emmanuel Gaillard et d’une vingtaine d’avocats, c’est quasiment toute la pratique d’arbitrage qui a été emportée. Le défi, désormais, est de repositionner cette marque si prestigieuse. Maud Manon et Xavier Norlain, veulent lui “redonner de la superbe”, que le cabinet devienne incontournable, “mais pas sur tout ni partout”. L’ADN de Shearman & Sterling a toujours été fondé sur le haut de gamme, la complexité et la sophistication, avec l’arbitrage et le transactionnel – corporateprivate equitytax, capital markets, financement d’acquisitions, restructuring, compensation and benefits. Le cabinet ne souhaite pas s’étendre sur toutes les pratiques, mais être le leader incontournable dans chacune d’entre elles.

Savoir-faire "haute couture"

Le départ d’Emmanuel Gaillard a été l’occasion de sortir de l’ombre de l’arbitrage et de renforcer, à Paris, le savoir-faire “haute couture” en corporate et private equity. De travailler sur des dossiers à forts enjeux, plutôt que sur des affaires récurrentes. Viser les deals upper-mid et large cap, en “accompagnant également le mid d’aujourd’hui, qui sera le upper mid, puis le large de demain”, prévoit Xavier Norlain.

Shearman & Sterling veut renforcer sa place de choix dans le marché, et c’est bien parti avec l’arrivée en janvier dernier de l’équipe très reconnue de DLA Piper dont fait partie Jérémy Scemama, qui anime désormais le département corporate du bureau parisien de Shearman & Sterling. En M&A, la firme ambitionne de renforcer sa présence auprès du CAC et du SBF. Elle veut aussi se concentrer sur les opérations d’acteurs étrangers qui viennent en France, ou de Français qui souhaitent investir ailleurs. L’arbitrage reste également une pratique "indispensable à l’échelle internationale", explique Xavier Norlain. Des recrutements sont prévus, et pas uniquement à Paris.

Mireya Berteau en renfort

Maud Manon et Xavier Norlain se sont donné les moyens de leurs ambitions, avec le débauchage d’une head of administration de haut vol, Mireya Berteau. La directrice du business development de McDermott quand ils se sont implantés à Paris, c’était elle. La directrice du business development Europe de Hogan Lovells ? Encore elle. Sous son ère, la notoriété de la firme s’est confirmée. Un parcours qui lui a permis “de comprendre la situation de Shearman & Sterling et de bâtir un projet de croissance”, analyse Mireya Berteau, experte des sujets de croissance et de private equity. En “chef d’orchestre”, elle interviendra sur des sujets de stratégie et d’administratif, mais surtout, elle se réjouit de faire partie “d’un projet humain, avec un top management de haut niveau, avec qui Mireya partage l’ambition, le goût du résultat et le souhait d’agir rapidement”.

Et pour recruter ? Auprès des juniors, Shearman & Sterling bénéficie d’une attractivité spontanée. Le cabinet, pour se démarquer, mise sur la marque, la rémunération, les conditions de travail, la formation – et la stratégie ESG. Cette dernière se décline “de la parité jusqu’à l’empreinte écologique du cabinet, assure Maud Manon, car si ce n’est pas l’industrie la plus polluante, on peut quand même s’améliorer”. Aux jeunes avocats, Maud Manon, Xavier Norlain et tous les associés veulent montrer qu’ils sont là, accessibles, prêts à échanger.

Le cabinet compte aujourd’hui 13 associés et 45 collaborateurs. Une taille relativement modeste, “volontaire et conforme à la stratégie de Shearman & Sterling, précise Xavier Norlain. La démarche de recrutement sera opportuniste plutôt que systémique, on ne recrutera que si l’on trouve les bons profils”.

Olivia Fuentes

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