J. Rondard (WTW) : “Certaines zones cumulent les risques, notre métier est de permettre à nos clients de s’y établir”
En début d’année, Gras Savoye est devenu WTW. Pourquoi ce changement de marque ?
Le changement de marque est vraiment un point important pour nous, que nous avons préparé avec soin. Gras Savoye, l’entité France de WTW, voulait se construire une nouvelle identité, pour mettre en avant les ambitions de croissance, de simplification et de transformation du groupe. Tourner une page aussi. Notre nouveau CEO, Carl Hess, avait clairement indiqué qu’il lancerait une réflexion sur une nouvelle marque en juillet dernier. Le choix du nom s’inscrit dans la continuité, il évoque Willis Tower Watson, la maison mère, une couleur déjà connue. Il y a aussi l’idée de retrouver la même bannière dans tous les pays, y compris en France, où la marque historique Gras-Savoye, de ce fait, disparaît et le fait de proposer à tous nos Clients l’ensemble des offres de WTW
Concrètement, comment WTW a-t-elle simplifié son organisation ?
C’est simple : auparavant, nous avions quatre métiers au cœur de la construction de l’organisation, aujourd’hui, il n’y en a plus que deux, à savoir le métier du Risk&Broking, qui intègre toute l’offre destinée aux entreprises sur la notion de risques, et le métier « Health, Wealth & Carrier » autour du capital humain.
La marque sera l’élément fédérateur de toute l’offre du groupe vis-à-vis des clients. Cette notion d’unicité est centrale. Cela permet d’avoir un discours plus simple auprès des clients. C’est aussi ce qui nous permet d’être représentés à l’extérieur et par là même ce qui nous permet d’attirer les talents. Le monde et notre marché évoluent. Nous recrutons les meilleurs profils.
"Gras Savoye, l’entité France de WTW, voulait se construire une nouvelle identité, pour mettre en avant les ambitions de croissance, de simplification et de transformation du groupe"
Quels sont désormais les piliers de WTW?
Le groupe fait partie des leaders du conseil et du courtage, à la fois sur les notions de capital humain et celles de risque d’entreprise qui sont nos deux grands piliers. En lui faisant changer de nom, WTW espère conforter l’intégration du courtier français Gras Savoye dans son giron. Le groupe veut apporter à ses clients l’intégralité et le meilleur de l’offre, une offre adaptée à leurs besoins.
Le conseil a une place très importante an sein du groupe. De même que les notions d’analyse et d’actuariat. Aujourd’hui, WTW est l’employeur numéro 1 des actuaires dans le monde entier.
Sur les risques d’entreprise, l’équipe risk analytics, fondée il y a cinq ans, s’est développée en nombre, en chiffre d’affaires, en qualité. Sa stratégie ? Offrir de plus en plus de prestations à valeur ajoutée aux clients et aux prospects.
Quelle place tient la compliance dans votre activité ?
Nous sommes une société internationale et globale, avec des fondamentaux anglo-saxons. La conformité est une valeur essentielle. Le sujet est particulièrement suivi, il fait partie des éléments qui nous différencient pour nos clients, pour qui nous sommes des tiers de confiance. Nous pouvons en effet vérifier dans quelles conditions et avec qui nous travaillons à tous les niveaux de la chaîne. Cette valeur ajoutée, on la garantit à nos actionnaires, à notre groupe et à nos clients – nos partenaires en bénéficient.
Comme nous intervenons à l’échelle internationale dans presque tous les pays auprès de grands clients, par exemple des organisations internationales, nous devons être capables d’assurer le respect de la réglementation locale lorsqu’on décline un programme qui a été conçu à l’échelle mondiale.
De façon générale, l’assurance est un métier réglementé partout dans le monde. Pour faire une opération d’assurance quelque part, une licence est nécessaire. L’Union européenne, et la liberté de prestations de services qui donne accès à tous les territoires européens, est une exception. Cela n’existe pas ailleurs.
"Nous devons être capables d’assurer le respect de la réglementation locale lorsqu’on décline un programme qui a été conçu à l’échelle mondiale"
WTW affirme sa présence sur les réseaux sociaux. Est-ce une volonté forte au sein du groupe ?
J’ai compris la pertinence des outils marketing pour faire passer nos idées. Notre page LinkedIn compte aujourd’hui 40 000 abonnés, avec un fort taux d’engagement. Cela fait de nous le premier courtier sur le marché français. WTW est enraciné dans le tissu économique national, par son histoire, son positionnement grands comptes et ETI, qui sont une force de notre réseau régional.
Nous avons également lancé des webinars. Pendant le Covid, on a proposé aux clients un premier webinar pour expliquer quelle était la réponse de leur contrat par rapport à la situation (arrêt total d’activité, par exemple).
Quelle est la place de l’ESG au sein de WTW ?
Chez nous, l’ESG prend deux dimensions : ce que nous faisons vis-à-vis de nos clients, et ce que nous faisons en interne. En interne, nous avons, depuis une dizaine d’années, obtenu en France un scoring avec une agence de notation. Nous sommes très fiers de faire progresser notre score d’année en année. Nous avons repensé notre choix de véhicules, notre utilisation du papier, la numérisation des process. On nous pose d’ailleurs souvent la question dans les appels d’offres. Nous sommes capables de montrer que les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance constituent un axe fort pour nous. Par ailleurs, le risque ESG fera partie des risques à traiter demain : il est question de respect de la norme, d’aléas et de risques réputationnels. Nous sommes là pour aider nos clients à rester assurables. Le risque est au cœur de la problématique des entreprises, et on ne peut pas avoir une activité aujourd’hui sans avoir de fortes garanties d’assurance. L’analyse des risques permet de maximiser le business et de consolider sa capacité à prendre des risques mesurés, comme à transférer ce qu’on n’a pas envie d’assumer.
"Nous sommes là pour aider nos clients à rester assurables"
Nous voulons proposer à nos clients une offre de structuration du risque – comme nous l’avons fait à l’échelle d’un État ou d’une collectivité, de façon à pouvoir aider les économies à se développer. Notre précédent CEO avait ouvert la voie, il s’était engagé au World Economic Forum, a fait travailler ses équipes sur les évolutions climatiques et a aidé les États en matière de prévention et d’identification des risques. Carl Hess a continué sur cette lancée. Nous voulons accompagner nos clients dans leur obligation de reporting. Une activité très liée à notre métier de base : lorsqu’on a le mandat pour couvrir les assets d’une entreprise, nous devons effectuer une analyse des risques et on sait que sur les marchés, les risques environnementaux sont spécifiques. Il faut aller chercher la meilleure offre, pas nécessairement celle qui sera la plus facile à mettre en œuvre. Certaines zones cumulent les risques, notre métier est de permettre à nos clients de s’y établir en mesurant la prise de risque.
Quid du risque cyber ?
Le risque cyber ne cesse d’augmenter. En tant qu’opérateur de marché et leader, notre challenge est de maîtriser ce risque avec une solution qui permette au marché de garantir une sécurité optimale aux entreprises. Notre rôle est d’aider au mieux nos clients dans la gestion de ces risques, notamment à travers du conseil et la mise en œuvre de plans de prévention en amont.
Propos recueillis par Emmanuel Ojzerowicz et Olivia Fuentes