Art, philanthropie, startups… Pierre Olivier Bernard, fondateur d’Opleo Avocats, partage quelques-unes des convictions qui forgent le cabinet qui fêtera ses 10 ans cette année.

Décideurs. Quelles valeurs définissent votre cabinet ?

Pierre-Olivier Bernard. Le courage, qui sous-tend la responsabilité. L’autonomisation du capital humain est la base de la création de valeur. L’individualisme, le manque de responsabilité et de capacité à travailler ensemble sont une vraie problématique. Il faut se dépasser et affronter ses peurs. Autre point essentiel, la transparence, qui est le fondement de la confiance et de la loyauté. La gouvernance sans loyauté est arbitraire. Des paramètres subjectifs sont forcément pris en considération. Enfin, la fidélité revêt une importance indéniable dans notre métier.

Comment êtes-vous venu à gérer le patrimoine artistique de vos clients ?

Une fois les questions essentielles de structuration et de transmission du patrimoine (que nous traitons sur le plan technique) gérées, trois sujets animent nos clients. Premièrement, un intérêt pour des fonctions ou des postes d’administrateur et les enjeux de gouvernance afférents. Le deuxième angle qui les intéresse vraiment est le private equity et l’investissement en startups, dans lesquels ils ont envie de s’impliquer en tant que business angel notamment.

"La philanthropie constitue le troisième grand sujet de prédilection de nos clients"

La philanthropie constitue le troisième grand sujet de prédilection de nos clients. Nous devons donc avoir une réponse à leur apporter. Mais au-delà, c’est une manière de sortir du cadre, de les rencontrer dans un autre contexte, de networker et de leur présenter l’ensemble de nos collaborateurs. Opleo Artworks travaille sur des plans de formation pour nos clients avec des intermédiaires en art. Nous accompagnons nos clients dans la constitution, la vie et la transmission d'une collection, mais également dans leurs projets philanthropiques. Sur le pan du mécénat, et au-delà du marché de l’art, nous travaillons sur la mise en place de fondations et la constitution de fonds de dotation. Nous sommes par ailleurs partenaires de Paris Photo et nos deux associées sont membres du Cercle des femmes mécènes du musée d’Orsay.

Qu’en est-il des actifs numériques ?

Nous travaillons sur ces sujets, en commençant par le marché de l’art et les enjeux de la blockchain et de la certification des œuvres. Le cadre fiscal n’est pas encore clair, des enjeux juridiques émergent, notamment sur les actifs numériques qui en réalité singent des actifs financiers. Toute la problématique est de savoir si l’on se place, d’un point de vue de la réglementation, dans le cadre d’un instrument financier ou pas, afin d’éviter les ambiguïtés de qualification.

L’année a été riche dans le monde des startups, avec son lot de levées de fonds et de rachats…

Une accélération s’est produite depuis le printemps 2021 et une grande majorité des cabinets est en tension. Le volet entrepreneurial a toujours été présent chez Opleo Avocats mais l’activité vient de plus en plus par nos clients historiques, qui justement investissent dans des startups et nous mettent en contact. La difficulté est de savoir à quel moment intervenir. Il y a un timing à respecter.

Quels rapports entretenez-vous avec les professionnels de la gestion privée ?

Nous travaillons avec tout le monde et avons des relations privilégiées avec certains d’entre eux. Il existe toutefois un réel questionnement sur la définition de multi-family office. Autant en Suisse ou à Monaco, le métier est réglementé, autant en France ce n’est pas le cas. Pendant longtemps il ne s’agissait que de segmenter la clientèle, avec en particulier les High-Net-Worth Individuals et autres Ultra-High-Net-Worth Individuals. Aujourd’hui, MiFid II s’y est mêlé et a jeté un pavé dans la mare avec les notions d’indépendance et de transparence de rémunération. Le modèle économique de certaines structures n’est pas toujours facile à comprendre. Nous sollicitons également des études de notaires sur des dossiers de divorces et de partage.

Propos recueillis par Marc Munier

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