Risk managers et assureurs doivent aider les entreprises à prendre un nouvel élan, celui de la responsabilité. Élan qui ne pourra se faire sans prise de risque : aux professionnels du secteur de savoir les analyser. Retour sur la plénière d’ouverture de l’événement phare de l’Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise, en présence d'Édouard Philippe et de Yann Arthus-Bertrand.

Les rires d’une bande de goélands, les lumières du casino Barrière, le souffle léger de la brise marine. Deauville est toujours Deauville, la terre d’accueil du cinéma américain, et des rencontres de l’Amrae (Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise). Le 2 février 2022 s’ouvrait la 29e édition de l’événement, en 3D - l’an passé, Covid oblige, il avait été numérisé.

Le fil rouge de cette année ? C’était sa couleur presque opposée, le vert. "Je suis ravi que chacun soit au rendez-vous pour ce nouvel élan", s’est réjoui le président de l’Amrae Oliver Wild… Photographies du cervidé projetées sur les écrans dans son dos. "Il fallait la faire." Cette année doit être celle d’un élan pour réparer, et d’un élan pour préparer. La "volonté d’en découdre" ne suffira pas : "Poser l’ambition commune d’un nouvel élan ne se fera que si nous dépassons tous les désaccords et recherchons la concorde." Oliver Wild appelle à penser au-delà des dogmes, "car il sera impossible de dire que nous ne savions pas".

 

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Présentation de Yann Arthus-Bertrand @Olivia Fuentes

Pour ceux qui ne savaient toujours pas, Yann Arthus-Bertrand, quelques-uns de ses clichés à l’appui, a conté ses voyages. "J’ai vu la population mondiale se multiplier par quatre au cours de ma vie d’homme", "la fonte des glaces multipliée par sept au Groënland." Rappelé, aussi, que "sans énergie fossile, il n’y a plus d’économie, nous en sommes complètement prisonniers" ; qu’en Californie, on importe des abeilles d’Australie pour polliniser les amandiers. Son message est finalement celui de la raison : "Il ne peut pas y avoir une croissance infinie dans un monde fini."

Innovation de la pensée

La tendance est encourageante, "nos organisations mûrissent sur la reconnaissance des enjeux", d’après Oliver Wild. Les investisseurs responsables ne risquent plus leurs fonds sans une cartographie des risques solide. Mais il n’y aura pas de nouvel élan sans prise de risques, a insisté le président de l’Amrae. Ces deux dernières années, la gestion des risques a dévoilé ses vertus. Elle a permis d’analyser les failles, de faire mieux et autrement.

 

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Intervention d'Édouard Philippe @Olivia Fuentes

Elle aurait une limite. "L’approche française du risque est étonnamment juridique et étonnamment peu technologique", estime Édouard Philippe. Juridique qui peut parfois gêner : "La question du risque pénal, en pleine gestion de crise, a perturbé l’action", pas sur les décisions de fond mais sur la fluidité de l’information, analyse l’ancien Premier ministre et actuel maire du Havre, la ville d’en face. "Il en découle, mécaniquement, que la crise est moins bien gérée." Son homologue deauvillois, Philippe Augier, confirme : "Le risque judiciaire fait fuir un nombre de personnalités qui pourraient servir utilement la collectivité."

"La finance doit se transformer pour devenir positive, une finance qui ne bride pas mais accompagne le risque"

Pour identifier tous ces risques, le général Lecointre, chef d'État-Major des armées de 2017 à 2021, invite à définir les facteurs de conflictualité et de tension. Il y a le sujet environnemental, qui doit être appréhendé pour les crises qu’il provoquera dans les régions pauvres, mais pas seulement : le domaine informationnel, qui touche nos sociétés démocratiques, les domaines cyber, spatial, sous-marin. "Cette nouvelle forme de conflictualité nous pousse à trouver des réponses."

 

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Table ronde avec Nicolas Bouzou, Monique Canto-Sperber et le Général Lecointre @Olivia Fuentes

Il faudra aussi accompagner les enjeux de l’innovation. Elle devra "brasser bien plus que les technologies, car l’innovation de la pensée est le sous-jacent de ce nouvel élan", soutient Oliver Wild. Sinon, l’innovation technologique pourrait dévier de ses missions urgentes - restaurer la viabilité de la planète et innover pour le bien commun.

Aller au-delà

"Prendre des risques est pertinent s’il y a des opportunités à réaliser derrière, si la balance est intéressante", a répliqué Fanny Letier, haut fonctionnaire devenue entrepreneur, à la tête de la société d’investissement Geneo. La finance a son rôle à jouer : "Elle doit se transformer pour devenir positive, une finance qui ne bride pas mais accompagne le risque." Elle doit aussi, pour le fondateur du fonds d’investissement durable Blue Like an Orange Sustainable Capital Bertrand Badré, "aider à aller au-delà", permettre de financer la santé, l’accès à l’éducation et à l’agriculture dans les pays en développement, "là où la bataille du climat se gagnera ou se perdra".

Tous deux sont du même avis, il est "trop tard pour se contenter de RSE." Il faut, aujourd’hui, repenser le positionnement stratégique des entreprises pour améliorer le collectif. Finalement, pour être à la hauteur des enjeux, la solution serait "d’avancer en responsabilité" et de miser sur le capital humain, environnemental, social et sociétal, conclut Oliver Wild. Bref, "changeons."

Olivia Fuentes

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