L’équipe Financial Services de KPMG Avocats, née il y a deux ans, rencontre la croissance que son équipe lui souhaitait. Précurseurs de l’audit en blanc pour accompagner les sociétés de gestion dans leur contrôle par l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’équipe nouvellement constituée nous explique les enjeux de cet outil innovant.

DECIDEURS. Vous avez rejoint les équipes de KPMG Avocats récemment, quel est votre rôle ?  

Vincent Maurel. Cette aventure est un défi. Gilles et moi venons de deux cabinets avec une culture et une façon d’exercer différentes, américaine pour Gilles et franco-française pour moi. L’opportunité s’est présentée de poursuivre ensemble, forts de nos différences, notre activité au sein d’une structure qui a tous les atouts d’une "start-up", intégrée dans un réseau connu et reconnu. Grâce à ces deux paramètres, nous bénéficions de l’agilité et de la liberté nous permettant de nous développer comme nous l’entendons, tout en bénéficiant des formidables opportunités que nous offrent le groupe KPMG et sa force de frappe.  

Gilles Kolifrath. KPMG Avocats est une aventure entrepreneuriale sans précédent, commencée il y a deux ans avec maintenant plus de 550 avocats. Vincent et moi nous sommes retrouvés sur des valeurs communes que sont l’ambition et le partage, et nous avons pensé que c’était une mission à réaliser en mettant nos compétences en commun. Nous souhaitons faire de KPMG Avocats Financial Services un acteur de renom et nous nous en donnons les moyens avec un recrutement actif de profils expérimentés pour conseiller nos clients, assistés d’un conseil scientifique qui nous permet d’être à la pointe des actualités juridiques. C’est un objectif certes ambitieux mais réaliste. 

"Nous souhaitons faire de KPMG Avocats Financial Services un acteur de renom"

Pourquoi l’asset management ? 

Maxime Galland. L’asset management représente une population de sociétés qui est au cœur de notre pratique. Je pense que nous avons la chance d’avoir un régulateur de bonne qualité, exigeant, mais qui inspire confiance. Ce que j’ai trouvé très enthousiasmant dans le projet de Vincent et Gilles est justement le fait de pouvoir agir sur toute la chaîne de la vie sociale de ces asset managers, tant sur la structuration réglementaire de leurs produits que sur leurs interactions avec l’Autorité des marchés financiers. Et c’est là que la mise en commun de nos expertises à chacun est intéressante car nous sommes capables de proposer aux clients et de façon concrète, où placer le curseur d’exigence du régulateur. Après six mois au sein du cabinet, la réaction des clients est très satisfaisante, ce qui est un vrai moteur de motivation pour nous.   

Pourquoi faire un audit en blanc ?  

M. G.  L’audit en blanc est un produit qui n’existe que très peu sur la place de Paris. Aujourd’hui, les sociétés de gestion doivent satisfaire un nombre croissant d’obligations professionnelles, et dans cette course à la conformité, il y a toujours des choix à opérer pour être parfaitement dans les clous. Les sociétés qui souhaitent se mettre en conformité avant que le régulateur ne vienne les voir se tournent vers nous et sollicitent de notre part une intervention très ciblée, travaillée avec eux sur la base de nos conseils stratégiques pour minimiser le risque réglementaire. De ce fait, un audit en blanc consiste à identifier les points d’amélioration qu’il convient de réaliser à moyen/long terme. C’est un travail de due diligence réglementaire avec un impératif de délai très court et une expérience "régulateur" qui nous permet de ne pas nous disperser. À la suite d’une analyse poussée de la société, nous élaborons un rapport reprenant les mesures de corrections qu’il faudrait apporter et proposons éventuellement de les accompagner sur la réalisation de ces corrections. Bien que ce rapport ne constitue pas une garantie vis-à-vis de l’AMF, la société de gestion peut s’estimer être dans les clous une fois nos préconisations de corrections mises en place. Cela prouve également qu’elle a fourni un maximum d’efforts pour se mettre en conformité et, dans le pire des cas, le fait d’avoir diligenté les audits en blanc favorise en théorie l’orientation du dossier vers une voie transactionnelle qui reste à la main du régulateur et en tout état de cause permet d’être préparé en cas de contentieux. 

" KPMG Avocats est une aventure entrepreneuriale sans précédent "

Comment gérez-vous le secret professionnel lors de ces audits ? 

V. M.  Du fait de notre statut d’avocat, nous offrons à nos clients la possibilité d’un échange couvert par le secret professionnel, ce qui les place dans un climat de confiance absolue. Cela nous permet d’obtenir de leur part toutes les informations nécessaires, sans un quelconque risque de divulgation. Nous pouvons ainsi construire ensuite avec eux des solutions leur permettant de "se remettre sur les rails" dans le cadre de la remédiation, voire d’anticiper la défense qu’il conviendra de mettre en place si besoin.  

D’où vous est venue l’idée de mettre en place cet outil ? 

M. G. Chacun de nous avait fait le constat que beaucoup d’acteurs étaient démunis lorsque le régulateur venait les questionner. Il leur manquait un partenaire pour les conseiller dans cette étape importante. Bien que certains d’entre eux aient un système en place et des procédures de compliance, il leur manque l’effectivité de leur contrôle interne. Sur ce point-là, et pour atteindre l’efficacité attendue par l’AMF, il y a un questionnement dynamique et récurrent à mener au sein d’une société par un interlocuteur qui puisse être force de proposition et capable de remettre en cause certains modes de fonctionnement. L’idée est de leur faire bénéficier d’un accompagnant qui soit dans la bienveillance tout en les challengeant pour tendre vers une amélioration.   

G. K. Mon souhait à l’époque où, en ma qualité alors de directeur juridique, je faisais moi-même face à différents contrôles de l’AMF, était de trouver des conseils qui pourraient m’aider sur toute la chaîne de contrôle et j’ai toujours constaté une difficulté à trouver le bon interlocuteur. Chez un acteur comme KPMG Avocats, nous regroupons la partie juridique et judiciaire avec Vincent, et administrative grâce à Maxime, et nous pouvons également intervenir avec nos partenaires internes chez KPMG en conseils et en audit, y compris sur les sujets IT.  

"Chaque collaborateur du cabinet est sensibilisé, formé et ainsi fortement engagé sur ces procédures et sur leur respect"

Existe-t-il un risque de fuite, notamment via des piratages informatiques ? Comment les gérez-vous ?  

V. M.  Nous bénéficions, grâce à notre système d’information et à nos équipes informatiques, d’une sécurité maximum contre tout risque d’intrusion. Nous profitons également des moyens et des garanties offertes par KPMG, qui a une véritable culture en la matière et est particulièrement vigilant sur la protection des données. Des procédures très strictes ont été mises en place, certaines étant d’ailleurs propres à KPMG Avocats au sein de notre environnement afin d’assurer une étanchéité totale. Chaque collaborateur du cabinet est sensibilisé, formé et ainsi fortement engagé sur ces procédures et sur leur respect.  

Quelles sont les grandes problématiques sur le marché ?  

G. K. Concernant l’évolution à court terme sur les deux dernières années, nous avons beaucoup parlé du Brexit et notamment de l’environnement réglementaire et du fait de repenser l’offre de service. Nous pensons également que des vagues de contrôle plus fortes vont arriver sur le marché avec des mesures prises par le régulateur français pour sanctionner les sociétés de gestion, après une période d’éducation importante ces dernières années qui légitime ce niveau d’exigence.  

M. G. En effet, beaucoup de clients souhaitent se mettre en conformité au regard des dernières requêtes imposées par l’AMF portant sur l’ensemble du corpus réglementaire européen. De plus, la problématique ESG est presque récurrente dans les dossiers de gestion d’actifs portée par la difficulté que le règlement européen n’est pas encore complètement calé sur les critères qui doivent être respectés et nous anticipons la montée de ces sujets dans les mois à venir.  

Propos recueillis par Marine Fleury  

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