Ève Duminy, la passionnée
Ève Duminy fait partie de ces plaideurs qui exercent leur profession la passion chevillée au corps. Devenir avocate semblait inscrit dans son histoire personnelle, "c’était presque génétique", s’amuse-t-elle : venant d’une famille d’avocats, elle évoque à plusieurs reprises son père, lui-même avocat, qui lui a transmis la passion du métier et l’a guidée dans la profession. Elle se remémore ainsi des souvenirs d’enfance dans lesquels elle l’accompagnait en audience, dès l’âge de 6 ou 7 ans. Sensibilisée dès le plus jeune âge au milieu calfeutré des prétoires, elle s’oriente très rapidement vers le contentieux une fois son double cursus en École de commerce (ESCP-EAP) et à la faculté de droit achevé. "Être avocat signifiait pour moi aller plaider."
Coup de foudre
Bredin Prat lui a permis d’exaucer ses désirs et de se hisser vers l’excellence. Lorsque le prestigieux cabinet lui ouvre ses portes en 2009, elle est une jeune collaboratrice pleine d’ambition. Depuis, les dossiers à forts enjeux et d’une grande complexité technique se succèdent. Si elle admet avoir eu un coup de foudre pour la maison française, elle a bien sûr recueilli l’avis de son père, son guide, avant de confirmer sa collaboration. Les années passent, elle fait ses preuves et, reconnaissance ultime, est nommée associée dix années plus tard. C’est aussi chez Bredin Prat qu’elle rencontrera les avocats qui la poussent chaque jour à se dépasser tout en forgeant ses compétences. Parmi eux, Jean-Daniel Bretzner, Florian Bouaziz et Éric Dezeuze, "trois grands litigators de Bredin Prat qui ont toujours pris le temps de me transmettre leur expérience, leur savoir-faire, leurs idées et réflexes stratégiques. Ils m’ont fait grandir", relate-t-elle, reconnaissante.
Culture de l’avocat de palais
Ève Duminy confie se lever chaque matin emplie d’une exaltation que seul son métier, notamment le contentieux, lui procure : "Mon activité contentieuse est plutôt généraliste, ce positionnement est dans l’ADN même du cabinet qui nous inculque la culture de l’avocat de palais, capable de traiter n’importe quel type de litiges." Ce qui lui permet de conseiller une large palette de clients dans le cadre de contentieux commerciaux, de droit des obligations, de la consommation et de la distribution, économiques, de concurrence déloyale ou encore immobiliers. "Il s’agit de rester multifacette", explique celle qui est récemment intervenue avec son équipe sur un des grands contentieux pour la célèbre plateforme de location de logements Airbnb notamment dans ses contentieux face à des syndicats fédérant les acteurs de l’hôtellerie et du tourisme. "Plusieurs obstacles ont été levés pour Airbnb sur le marché français", se félicite l’associée qui a aussi participé à la défense de Covéa dans le litige l’opposant à Scor. "Il ne faut rien tenir pour acquis : connaître chaque dossier sur le bout des doigts, toutes les pièces annexes et surtout douter, tout revérifier", énumère avec minutie l’avocate inscrite aux barreaux de Paris et New York.
Le cercle familial reste essentiel pour Ève Duminy : mère de deux jeunes enfants, elle jongle entre le cabinet, où elle a également rencontré son époux, et sa vie personnelle, et donne de son temps pour transmettre son savoir aux étudiants, à Assas ou à l’ESCP. Elle est également membre du conseil d’administration de plusieurs établissements bilingues, elle qui a effectué toute sa scolarité dans une école bilingue français-anglais. "L’anglais est primordial, surtout quand on est un avocat en contentieux", souligne cette titulaire d’un LLM de l’université Columbia à New York. À 39 ans, Ève Duminy affiche déjà un parcours brillant et rempli. Si elle regrette parfois manquer de temps pour se consacrer aux loisirs qu’elle aime, comme aller à l’opéra ou monter à cheval, elle précise qu’elle ne renoncera jamais à son métier, sa vocation, sa raison de vivre.
Marine Calvo