Entretien avec Rémi Béguin, président de la société de courtage PatrimOne assurances qui revient sur les perspectives de croissance du groupe et le domaine de l’art.

Décideurs. En pleine pandémie de Covid-19, PatrimOne a poursuivi sa croissance en réalisant une opération structurante ?

Rémi Béguin. Nous nous sommes alliés fin 2020 sur le plan capitalistique avec le premier acteur du courtage d’assurance dans l’art en Belgique, la société Eeckman. Il était important que PatrimOne renforce ses positions à l’étranger et en particulier dans l’un de ses domaines de prédilection. Aujourd’hui nous sommes fortement actifs en Belgique et en Suisse, avec une présence à Monaco. Nous protégeons ainsi un nombre très significatif de collections, qu’elles soient privées ou professionnelles, et ce, même au-delà des pays où nous sommes implantés.

"Notre intérêt est de pouvoir toucher l’ensemble des acteurs du monde de l’art"

En nous alliant avec Eeckman, notre intérêt est aussi de toucher l’ensemble des acteurs du monde de l’art (institutions, musées, fondations, galeries …) à travers leurs activités, leurs différents lieux de stockage, d’expositions permanentes ou temporaires. Cet accompagnement comprend bien évidemment les périodes d’acheminement quels qu’en soient le moyen et la destination internationale. Grâce à notre propre agence de souscription belge qui représente de très grandes compagnies d’assurance, nous pouvons assurer aux meilleures conditions les patrimoines artistiques de tout type. 

Le marché de l’art est désormais l’un de vos marchés phares...

Il l’a toujours été, mais nous pouvons en effet dire que, dans le domaine de l’art, nous sommes un acteur de référence. En additionnant les expériences, on peut aller plus loin dans notre capacité à apporter des solutions et ce, dans un marché de plus en plus complexe et évolutif. Très souvent, le sur-mesure s’impose pour apporter les meilleures réponses, en vue de couvrir parfaitement une collection d’objets d’art. Les particularités de cette dernière, c’est déjà sa nature : comment est-elle composée ? Exposée ? Est-elle rassemblée ou dispersée ? Fait-elle l’objet de prêts ? Tout un ensemble de questions non exhaustives qui participent à l’analyse indispensable des risques.

La crise sanitaire a-t-elle impacté ce type de marché ?

Certains pays ont vraiment une culture de la collection qui a été mise en lumière pendant les différents confinements. Le fait de vouloir se sentir bien chez soi reste une constante mais a pris une ampleur considérable durant cette période si particulière. Le caractère résilient de l’art provient aussi d’un marché qui a su se réorganiser à travers l’accélération de sa numérisation. Les ventes on-line ont ainsi pris une part importante. Cela a permis de toucher d’autres publics, élargissant ainsi le champ des possibles. Les galeries surfent aussi sur la vague du numérique en complément de leurs méthodes plus traditionnelles. De nouvelles opportunités s’ajoutent donc aux usages habituels de ventes d’objets d’art pour communiquer, pour créer l’événement à travers de nouveaux espaces dédiés.

Quelles sont les perspectives et défis à venir de PatrimOne ?

Cette crise nous a rendu plus agiles même si nous ne l’avions pas attendu pour adopter des méthodes comme la numérisation ou le télétravail. Nous avons comme beaucoup appris à travailler avec ce virus.

"L’art est un marché résilient"

On devrait désormais, grâce à la vaccination, voir le bout du tunnel. J’ai d’ailleurs confiance en la capacité des entreprises à rebondir et à relever de nouveaux défis. Notre groupe, PatrimOne, qui compte une centaine de personnes spécialisées par secteur, expertes chacune dans leurs domaines, doit sans cesse mieux répondre aux attentes de ses clients, tant dans la mise en place des contrats d’assurance que lorsqu’un sinistre survient. Nous devons continuer à faire la différence sur un marché de l’assurance très tendu malgré une demande qui ne fait qu’augmenter. Les assureurs ont tendance à se désengager sans ménagement au profit de zones de confort. Il y a alors une prime à la longévité sur des secteurs techniques parfaitement assimilés. C’est le meilleur gage de notoriété à mon sens et la bonne réponse pour nous inscrire dans la durée, dans des relations où la confiance est reine.

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