J.-B. Siproudhis : La compliance par expérience
Au début des années 1990, Jean-Baptiste Siproudhis se lance dans des études juridiques à la faculté de droit d’Orléans puis de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et passe un an à l’université d’Utrecht (Erasmus). Il y découvre le droit communautaire, l’arbitrage et les droits de l’homme. L’Europe prend alors une grande place dans sa carrière : il travaille pendant deux ans à la représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne, enchaîne au sein du Conseil de l’UE et valide sa thèse en droit communautaire. Ce parcours européen le mène à se spécialiser en droit de la concurrence, l’un des deux domaines juridiques les plus harmonisés à l’échelle européenne avec le droit de l’environnement.
De la concurrence à la compliance
Une fois le Capa en poche, Jean-Baptiste Siproudhis évolue pendant plusieurs années au sein de cabinets d’avocats (Rambaud Martel et Herbert Smith Freehills) avec comme spécialité le droit de la concurrence. En 2002, au moment de la libéralisation du marché de l’énergie, il rejoint le département concurrence d’EDF.
Six ans plus tard, il prend la tête de la direction juridique concurrence et crée le premier programme de conformité de l’entreprise française ! Aux États-Unis de 2011 à 2014, il travaille activement sur la conformité au milieu de ses pairs américains dans le secteur de l’énergie en tant que secrétaire général de la holding d’EDF. "J’y ai beaucoup appris, notamment grâce au partage d’expérience entre professionnels, qui est une véritable culture outre-Atlantique", concède-t-il. Fort de cette expérience, il milite alors pour la création d’une direction de la compliance au sein d’EDF, ce qui fut chose faite en 2014. Il se saisit alors des sujets de sanctions embargos, d’export contrôle, de données personnelles ainsi que de la concurrence et de la corruption, avant l’adoption de la loi Sapin 2…
Après trois années passées chez Atos de 2016 à 2019 en tant que directeur éthique et conformité, Jean-Baptiste Siproudhis rejoint le groupe français d’électronique spécialisé dans l’aérospatiale, la défense, la sécurité et le transport terrestre Thales à la direction de l’éthique, de l’intégrité et de la responsabilité d’entreprise. Il intervient en particulier sur les volets corruption, droits de l’homme avec toutefois une partie complémentaire sur la responsabilité de l’entreprise et l’engagement sociétal. "Toutes ces matières contribuent à une bonne gouvernance des entreprises et donc à leur développement durable", explique-t-il. Selon lui, plusieurs enjeux de compliance se profilent aujourd’hui : gagner en optimisation et en simplification des process grâce à la numérisation, contrôler l’efficacité des programmes de compliance et mesurer l’impact de l’entreprise sur son environnement global (humain, animal, végétal, etc.), qui constitue l’un des principaux enjeux de la RSE.
"L'éthique et la compliance sont des matières de nouvelles frontières, où l'intelligence collective est indispensable pour progresser"
L’importance de l’associatif
Si, jeune adulte, il se rêvait dessinateur ou architecte, Jean-Baptiste Siproudhis s’est finalement tourné vers le droit. Néanmoins, il l’avoue bien : "Le dessin m’aide à visualiser les points d’attention lorsqu’on entre dans les aspects complexes de nos sujets de travail". Et d’ajouter : "La grande partie de mon travail est d’organiser et mettre en oeuvre les procédures nécessaires au respect de la réglementation par l’entreprise, ce qui suppose de comprendre les forces et les directions en présence."
Jean-Baptiste Siproudhis laisse par ailleurs exprimer son côté créatif à travers la musique (piano), la cuisine ou le dessin (livres pour enfants). Il aime beaucoup voyager, notamment dans le cadre de son travail, pour aller à la rencontre des cultures locales, la compliance reposant principalement sur les hommes et les femmes et leurs perceptions.
L’aspect associatif est également très important pour Jean-Baptiste Siproudhis qui est administrateur du Cercle d’éthique des affaires. Les associations sont pour lui "un lieu de rencontres de professionnels de toutes les générations", ce qui permet d’apprendre des autres et de partager : "L’éthique et la compliance sont des matières de nouvelles frontières, où l’intelligence collective est indispensable pour progresser", explique-t-il. Il s’intéresse également au sujet de l’intelligence artificielle qui nécessite la mise en place de nouvelles formes de dispositifs de prévention et de contrôles éthiques, afin de garantir une innovation durable et responsable.