Luc Frémiot, la carte maîtresse de Ravet & Associés
Après quarante ans de carrière au sein de la magistrature, Luc Frémiot a entamé une nouvelle vie professionnelle depuis Lyon, où il s’est installé pour suivre son épouse journaliste chez France 3. Depuis le 1er novembre 2018, l’homme de droit et de combats exerce en qualité de consultant et offre ses services au cabinet d’avocats Ravet & Associés. "C’est une histoire de rencontres, se souvient-il. Yves-Marie Ravet exerce son métier avec une vision éloignée de ce que j’ai connu dans le prétoire jusqu’à présent." Il faut dire que l’ancien juge d’instruction au TGI de Lille devenu procureur à Douai dès 2003 a surtout connu les "contentieux lourds de conséquences personnelles, les affaires pénales de droit commun". Autrement dit, Luc Frémiot a consacré toute sa carrière à élaborer et mettre en place une politique pénale de lutte contre les violences conjugales, prônant notamment l’éviction des maris brutaux de la résidence familiale. De procès médiatisés comme celui du gang de Roubaix en 2001 à ses prises de position publiques pour alerter les pouvoirs publics, il verra son engagement porté à l’écran par Claude-Michel Rome dans l’Emprise. Marc Lavoine joue alors le rôle de Luc Frémiot.
Fin communicant
Loin du cinéma, l’homme de 69 ans se concentre aujourd’hui sur le droit des entreprises. "La vision d’un magistrat honoraire sur un dossier est différente de celle d’un avocat parfois trop proche de son dossier : je suis libre de toute contrainte parce que je ne défends aucun intérêt particulier, j’ai grandi avec le sens de l’intérêt public", explique celui qui n’a pas voulu devenir avocat pour éviter le grand écart qui lui aurait été imposé entre son passé au service du ministère public et la plaidoirie.
"Faire un pas de côté" est une expression qui semble synthétiser sa méthode de travail dans son nouveau métier. Aux côtés des avocats de Ravet & Associés, Luc Frémiot travaille à la construction d’une stratégie procédurale et juridique. "Concrètement, je prends connaissance du dossier, j’assiste aux réunions puis j’avance pas à pas avec l’associé chargé de l’affaire pour évaluer chaque risque de poursuite et envisager toutes les solutions possibles." Le juriste est un fin communicant, il l’a toujours été en occupant les fonctions de procureur de la République et d’avocat général. Il a conscience que derrière chaque dossier se trouve une personne qu’il faut accompagner dans la gestion des conséquences psychologiques de l’intervention de la justice. Dès lors, mieux vaut rester éloigné d’une salle d’audience. Pour Luc Frémiot, la seule saisine d’un juge est souvent un échec tandis que le champ de la médiation, lui, est vaste. "Les tribunaux sont saturés, la crise sanitaire ayant creusé le retard dans le traitement des affaires. La judiciarisation d’un dossier coûte cher tant sur le plan financier que personnel."
"Je suis libre de toute contrainte parce que je ne défends aucun intérêt particulier, j’ai grandi avec le sens de l’intérêt public"
Dans un tel état d’esprit, rien d’étonnant à ce que l’ancien magistrat rejoigne une équipe ayant comme valeur cardinale l’humain. L’une des raisons qui l’a amené à travailler aux côtés de Ravet & Associés ? Les relations étroites que les avocats du cabinet entretiennent depuis toujours avec leurs clients. "J’ai été frappé par les qualités d’éthique et de loyauté d’Yves-Marie Ravet : il a créé un cabinet dont le niveau d’exigence en matière de lutte contre les conflits d’intérêts est très élevé et qui recherche le meilleur pour chaque client." Sachant que la présence de Luc Frémiot au cabinet apporte une garantie morale supplémentaire à ces valeurs indispensables pour gagner durablement la confiance des clients.
Ravet & Associés a également réuni plusieurs consultants, chacun étant l’expert d’un volet du monde de l’entreprise : par exemple, Jean Criton, un spécialiste du financement ou Robert Follie, ancien managing partner des bureaux de Paris de grandes firmes internationales. De quoi former une intelligence collective pour permettra de réaliser un audit complet de chaque dossier et d’élaborer un plan de prévention des risques juridiques. Ce dernier volet est au cœur de la mission de Luc Frémiot : "En venant chez nous, le client doit pouvoir abandonner le poids de ses soucis juridiques", insiste-t-il. Ce qu’il retient avant tout de son expérience au sein de l’institution judiciaire ? L’importance de prévenir les comportements à risques inhérents à n’importe quelle organisation. Surtout pour le dirigeant, lorsque naît un projet de cession de son entreprise. Il faut alors procéder à des enquêtes internes. Une démarche à laquelle l’ancien juge d’instruction est rodé.
Éloignés de la posture du sachant
Face aux risques juridiques, le rôle de l’avocat revêt une dimension spéciale : "Notre mission de conseil nous impose d’être réactifs et joignables à tout moment. J’ai vu trop souvent des avocats procrastiner et angoisser leur client chef d’entreprise. Chez Ravet & Associés, tout va très vite lorsqu’on prend en charge un dossier. La seule chose qui est lente c’est la justice." Un peu comme le Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, qui souhaite dans son projet de loi "réconcilier les citoyens de ce pays avec l’idée même de justice", l’équipe du cabinet a conscience que les avocats et les magistrats ne sont pas appréciés des justiciables. Éloignés de la posture du sachant, les conseils doivent pouvoir se muer en confidents et construire un lien de confiance avec leurs clients.
Ce positionnement correspond bien à Luc Frémiot, dont le but est de se concentrer sur la réflexion, l’élaboration de stratégies et l’observation des tactiques judiciaires. Ce qui ne manque pas d’alimenter sa production littéraire, des romans essentiellement. Depuis 2014, le magistrat honoraire a publié pas moins de cinq fictions dans lesquelles il décrit le système judiciaire et a écrit un essai intitulé Je vous laisse juge et trois romans, La Vengeance d'une femme, Au clair de la lune et Adultère. Il travaille à présent à l’écriture d’un roman choral sans lien avec l’institution judiciaire, tandis que La Vengeance d’une femme ne cherche plus qu’un producteur pour être réalisé. Le cabinet qu’il a choisi incite à la gymnastique intellectuelle par la diversité des dossiers qu’il traite autant qu’à la mobilité géographique, Ravet & Associés ayant des bureaux à Paris, Rennes, Bruxelles, Douai, Rouen, Saint-Brieuc et Evreux. De quoi garder un lien avec la région du Nord dans laquelle il a fait toute sa carrière.