Le projet est ambitieux : faire du droit un moteur de la reprise économique. Pour cela, l’avocat entrepreneur Jean-Marie Valentin a réuni autour de lui certaines des plus grandes figures des professions juridiques lors de la création d’une association. Objectif : obtenir la reconnaissance de la filière des services juridiques et du droit au titre des filières industrielles françaises.

Le droit pourrait bientôt devenir la dix-neuvième filière industrielle française aux côtés de celles de l’aéronautique, de l’agroalimentaire, de l’automobile, du bois, de la chimie… Pour cela, l’Association de la filière des services juridiques et du droit (AFSJD) tout juste créée portera le projet de création d’un contrat de filière auprès des pouvoirs publics, la Chancellerie et Bercy notamment, "qui se sont déjà montrés réceptifs au projet", souligne Jean-Marie Valentin lors de la conférence de presse consacrée au lancement du projet tenue le 25 mars. Et pour cause, le poids économique du droit s’élèverait à plus de 40 milliards d’euros, soit 1,4 % du PIB du pays, selon l’économiste Bruno Deffains. Un argument de taille pour que cette nouvelle filière prenne toute sa place dans les plans de relance français et européens préparés par le gouvernement (comme le programme d’investissement d’avenir) et les institutions européennes.

"Une grande évidence"

En attendant que cette concrétisation formelle survienne, le groupe d’une trentaine d’acteurs du monde du droit entend agir en faveur de l’unité et de la concertation. "Cette initiative a vocation à être fédératrice", poursuit l’ancien avocat devenu CEO de Legalcluster. Objectif : permettre au secteur juridique de se comporter comme une filière industrielle. À cette fin, l’association va structurer son action autour de six axes : la formation et le développement des compétences (portés par Christophe Roquilly), l’innovation, la recherche et le développement (portés par Véronique Chapuis), la "plateformisation" et la sécurisation des données (portées par Thibault Guillemin), la réglementation et l’éthique (portées par Philippe Coen), la transformation digitale (portée par Olivier Chaduteau) et le rayonnement international (porté par Jonathan Marsh).

Plus largement, les adhérents sont nombreux, déjà une trentaine au total, venant d’horizons variés : avocats, directeurs juridiques, consultants, membres de la legaltech, COO, professeurs de droit, économistes… C’est toute la communauté juridique qu’il faut réunir afin "de libérer les énergies et de s’assurer que chacun trouve un espace de développement de ses compétences ou de mise en forme de ses projets, ajoute Jean-Marie Valentin, qui précise que l’association pourra délivrer un label. Ce projet est surtout une grande évidence, il suffit parfois de nommer les choses pour qu’elles prennent forme."

L’association, qui se distingue d’un lieu de réflexion, est tournée vers l’action à destination de ses utilisateurs, au premier chef desquels figurent les entreprises. Le droit est un "objet de souveraineté, de compétitivité, un accélérateur de transformation sectorielle, de croissance et de création d’emplois et d’innovations", précise le communiqué de lancement. Les professions juridiques ont toutes les cartes en main : la technicité, la formation, le capital humain, les outils digitaux, des modes de résolution des litiges, des méthodes de design thinking… Reste à réunir les "intelligences collectives" chères à Christophe Roquilly pour que le droit soit un moyen de performance et de relance économique. "Les juristes ne trouvent pas de vaccins, ne font pas décoller de fusées ni ne construisent de routes, commente Véronique Chapuis. En revanche, si nous nous lançons dans un mouvement concerté d’innovation digitale, nous pourrons répondre à un double objectif : répondre aux besoins des juristes et rendre le droit plus accessible aux justiciables. C’est ainsi que naîtront des licornes dans la legaltech !" En mettant l’accent sur les personnes, car, au-delà de la technologie, c’est le capital humain qui rendra puissante la filière juridique : "Demain, nous souhaitons permettre l’émergence de managers de talents juridiques aussi bien qu’offrir plus de sens au travail des juristes et attirer dans le droit des non-juristes, ajoute le professeur de l’Edhec Christophe Roquilly. N’oublions pas que les non-juristes sont nos meilleurs ambassadeurs !" Et Olivier Chaduteau de conclure, en forme de clin d’œil à sa société de conseil : "Nous sommes ‘au day’ one du jour d’après." Voilà de quoi prédire l’union que tous attendaient.

Pascale D'Amore

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