La firme britannique Bird & Bird est présente à Paris depuis vingt ans. Un anniversaire dont la célébration est freinée par la crise sanitaire, mais qui permet tout de même à l’équipe dirigeante parisienne de se projeter dans l’avenir. Son co-managing partner, Alexandre Vuchot, dessine les contours de sa stratégie de croissance.

Décideurs Juridiques. 2020 est une année charnière pour Bird & Bird, qui fête ses vingt ans de présence à Paris. Le contexte sanitaire vous empêche de réaliser vos projets de festivités…

Alexandre Vuchot. En effet, nous aurions dû faire de l’année 2020 un trait d’union entre nos 20 ans et la préparation de l’avenir. Nous aurions dû recevoir à Paris, dans les nouveaux locaux où nous sommes installés depuis janvier dernier, l’ensemble des associés de la firme. Nous aurions dû aussi organiser aussi un événement pour nos clients et partenaires. Tout cela est annulé. En conséquence, nous allons faire un geste encore plus important qu’à notre habitude aux associations, particulièrement à l’attention des hôpitaux de Paris et de Lyon (où Bird & Bird à un bureau, NDLR).

Parvenez-vous à modérer votre déception ?

Oui, la crise sanitaire ayant révélé notre force. Tout d’abord parce que le contexte nous a incité à multiplier les échanges, renforçant encore la cohésion des équipes, puis parce que nous avons constaté la pertinence de notre modèle. Bird & Bird est un cabinet assis sur une clientèle nationale et internationale, une bonne connaissance des secteurs d’activité sur lesquels nous intervenons et tourné vers l’innovation et la technologie. Grâce à cela, nous ne subissons pas de baisse de notre chiffre d’affaires, qui au contraire est en hausse de 15 % par rapport à 2019.

Vous avez donc pu éviter les réductions de budget et d’effectif ?

Notre management nous a demandé d’adopter une gestion très prudente dès le début du mois de mars. Car, même si aujourd’hui le chiffre d’affaires global de la firme est en hausse d’environ 10 %, nous avons tous craint le pire au moment du déclenchement de la crise sanitaire. Cette politique s’est traduite par une sélection des profils plus attentive pour ce qui est de leur adhésion à la stratégie et aux valeurs de Bird & Bird. Il n’est pas question de prendre des risques avec un « coup de cœur » par exemple. De la même manière, nous nous assurons que toutes les équipes sont occupées à temps plein, notamment en mutualisant les collaborateurs. De surcroît, nous avons remis à plat notre système de facturation et de comptabilité pour en assurer une meilleure efficacité. Résultat : nous n’avons réalisé aucun licenciement et d’ores et déjà les recrutements d’associés sont dégelés afin de pouvoir mener à bien nos projets de développement, ceux qui nous semblent essentiels.

Par exemple ?

Par exemple, l’un des secteurs que nous pourrions renforcer est celui des médias, de l’entertainment et du sport, qui connaissent un remarquable élan de digitalisation de la diffusion leur contenu sur de nouveaux supports de D’autres équipes qui mériteraient un coup de projecteur : nos associés transactionnels, en corporate et financement et restructuring, et dont l’activité est peut-être un peu masquée par notre positionnement sectoriel.

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Les nouveaux locaux de Bird & Bird à Paris.

Vous êtes aujourd’hui co-head du bureau de Paris avec Benjamine Fiedler. Et vous étiez déjà présent lors de la création de l’équipe il y a 20 ans. Quels étaient les projets de la firme à l’époque ?

J’étais alors collaborateur. Nous avons quitté Jeantet ensemble, emmenés par les trois associées Frédérique Dupuis-Toubol, Benjamine Fiedler,  Marion Barbier. Bird & Bird commençait alors son expansion internationale. Le bureau de Bruxelles venait juste de voir le jour, le premier hors du sol britannique. Le choix de notre équipe s’explique par notre positionnement en innovation digitale, en contentieux informatique et en droit des télécoms. Pour la petite histoire, nous avons ouvert le 1er janvier 2000 et étions au bureau à minuit par crainte du bug de l’an 2000… qui ne s’est jamais produit. Une date mémorable !

Autre fait remarquable : la création d’un cabinet international par trois femmes associées. Ce qui induit depuis lors, la parité est une réalité. En revanche, la diversité est un de vos objectifs. Comment procédez-vous ?

Nous cherchons à toujours plus nous améliorer, y compris dans l’accompagnement des femmes durant leur carrière. Notre culture anglo-saxonne nous aide beaucoup, grâce aux divers programmes mis en place par la firme, et nous sommes aussi poussés par les entreprises qui nous demandent, dans leurs appels d’offres, nos résultats, nos démarches à venir et comment nous pouvons les aider à s’améliorer. La diversité et le pro bono sont donc à la fois des enjeux au sein de nos équipes et à destination de nos clients.

Et pour les 20 prochaines années ?

Notre objectif : mettre l’avenir du cabinet entre les mains de nos plus jeunes associés et profiter de cette dynamique vertueuse pour compléter nos offres . Et cela fonctionne, comme le prouve l’ouverture récente de notre bureau à Casablanca, le premier de la firme créé depuis Paris. Nous projetons de rester sur la route tracée par notre CEO il y a longtemps déjà : être un cabinet d’avocats d’affaires multidisciplinaire tourné vers l’innovation et la transformation digitale des entreprises.

Propos recueillis par Pascale D’Amore

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