Jean-Yves Garaud, l’accompli
Lors de la remise en cause de l’arbitrage entre Bernard Tapie et le CDR, l’entrée remarquée de Jean-Yves Garaud aux côtés de l’État s’explique en partie, selon lui, par sa pluridisciplinarité. Celui qui a fait le choix, très tôt dans sa carrière, de lier contentieux commercial, droit pénal des affaires et arbitrage en fait sa marque de fabrique. Le dossier Tapie est un bon exemple de la croisée de ces spécialités, même si "cette décision médiatique n’est pas le reflet de l’arbitrage en France." Pour ce fils de juristes né à Paris, il s’agit d’un mode de résolution des litiges prévu non pas pour les particuliers, mais pour les entreprises et les États. Une illustration amusante de cette caractéristique : la plainte déposée par un justiciable contre la France pour mauvais fonctionnement de la Cour de cassation, "une procédure arbitrale abandonnée par le demandeur", raconte celui qui défend aussi parfois des gouvernements africains. L’homme des grandes batailles boursières, de Capgemini/Altran à Covea/Scor jusqu’au dossier Canal+ contre la Ligue de football est également l’un des artisans de la première convention judiciaire d’intérêt public signée entre HSBC et le Parquet national financier en 2017. Quelques mois plus tard, il défend la Royal Bank of Canada Trust Company dans le dossier de fraude fiscale Wildenstein. L’ancien Secrétaire de la conférence a fait du chemin depuis l’affaire Clearstream, où il plaide pour les parties civiles. De quoi acquérir une vision à la fois globale et précise des rouages de la justice en France. Raison pour laquelle celui qui a fait toute sa carrière chez Cleary Gottlieb tente aujourd’hui de faire comprendre que le système français devrait tenter de s’adapter à chaque litige.