La crise sanitaire a imposé à de nombreuses entreprises, y compris aux professionnels du droit, l’adoption d’une nouvelle manière de travailler. La legaltech s’est largement mobilisée pour les aider à affronter cette crise et poursuivre leur activité. À l’heure du déconfinement et de la reprise progressive, progressive, les juristes les plus réfractaires à la digitalisation sont-ils désormais convaincus de son utilité ?

Est-il enfin venu le temps où la legaltech n’est plus perçue comme un « braconnier du droit » ? D’après les acteurs de ce marché, la crise sanitaire du covid-19 aura impulsé une prise de conscience en ce sens.

Pas de simples gadgets

"La période de confinement a accéléré la digitalisation des entreprises, notamment des professions juridiques, constate Olivier Chaduteau, associé dirigeant et cofondateur de Day One. Les outils digitaux proposés ont pu pleinement révéler leur potentiel à ces utilisateurs, qui ont pris conscience qu’il ne s’agissait pas de simples ­gadgets." Dès l’annonce des mesures gouvernementales de confinement, la plupart des acteurs de la legaltech ont réagi. Nombreux sont ceux qui ont fait le choix d’offrir gratuitement leurs outils.

Jarvis Legal a ainsi lancé Jarvis One, une version simplifiée des solutions Jarvis Legal pour permettre à ses utilisateurs de poursuivre leur activité et de garder le lien avec leurs clients. Cette offre élaborée quelques mois avant la pandémie a vu sa mise en ligne anticipée du fait de la crise. Closd, qui vient tout récemment de réaliser une levée de fonds de 600 000 euros, a permis aux cabinets d’avocats et aux entreprises de disposer de ses logiciels pendant un mois. Lifesize a également donné accès aux avocats pendant un mois à Visio-avocats Pro qui protège les données et garantit la sécurité des visioconférences. Call A Lawyer a proposé gratuitement son outil de mise en relation entre avocats et entrepreneurs grâce à un partenariat avec Infogreffe. Data Legal Drive a mis à disposition de tous sa solution de conformité RGPD pendant quarante-cinq jours. Doctrine a quant à elle choisi de faciliter les recherches de ses clients, confrontés à de nouvelles problématiques juridiques, en lançant un hub d’informations spécialement dédié au coronavirus, rassemblant les ordonnances et informations fleurissant chaque jour sur le sujet. Ces engagements, dont la liste est encore longue, se poursuivent pour certains : la Conférence des bâtonniers vient par exemple d’annoncer la mise en place d’une offre d’accès gratuit et illimité à Juri’­Predis jusqu’en décembre 2020 pour les avocats issus des barreaux de province et d’outre-mer.

Et après ?

L’enquête Avocats et juristes face au futur, tout récemment publiée par Wolters Kluwer, révèle que la moitié des services juridiques en entreprise prévoient une augmentation de leurs investissements technologiques au cours des trois prochaines années, soit 51 % des sondés. Du côté des avocats, six répondants sur dix ont l’intention également d’investir dans le digital. Des chiffres qui laissent penser que les efforts entrepris par la legaltech auront porté leurs fruits même si, comme le rappelle Loïc Le Goas, CEO de LegalVision, il n’est pas toujours évident pour une entreprise de débloquer un budget. "L’outillage digital a un certain coût, mais il permet sur le long terme de générer un gain de temps au profit des juristes." Certains cabinets ou entreprises ont passé le cap, après avoir été convaincus par des tests gratuits d’outils. "Les professions juridiques sont d’ailleurs encore plus enclines qu’avant à tester de nouvelles solutions", ajoute-t-il. La preuve que le mouvement de digitalisation ne s’est pas seulement limité à la période de confinement mais qu’il se poursuivra dans le temps. "Les investisseurs ont pris conscience de la valeur de nos produits", complète Loïc Le Goas, qui vient de boucler une levée de fonds de 3 millions d’euros. "Les professionnels du droit, qui avaient déjà intégré la digitalisation dans leur mode de fonctionnement, que ce soit en matière de gestion des contrats, des clients ou de la facturation, ont été confortés dans leur choix et ont même accéléré ce processus", relève également Christophe Roquilly, professeur à l’Edhec et directeur de l’Edhec Augmented Law Institute. Les moins digitalisés auront de leur côté pu découvrir des outils favorisant leur performance. À eux donc désormais de tirer les enseignements positifs de cet électrochoc digital impulsé par la crise sanitaire.

Marine Calvo

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