Expert du M&A : des rémunérations en hausse
Halte aux idées reçues. Les secteurs du M&A et du financement ne sont pas forcément plus rémunérateurs que les autres (hors associés pour lesquels les rémunérations sont liées au chiffre d’affaires). « La distinction des rétrocessions au sein du même cabinet par pratique ne se fait que très rarement. Les grilles sont homogènes, que vous évoluiez en droit social, en M&A ou en contentieux, explique Ian De Bondt, directeur de Fed Legal. Ce qui fait la différence, c’est le cabinet dans lequel vous exercez. » Ainsi, pour avoir la fiche de paie la plus avantageuse possible, il faut intégrer les structures qui paient bien. Il s’agit soit des anglosaxons, soit des grands cabinets français, soit des cabinets de niche qui ont pignon sur rue (lire pages suivantes). Le calcul est simple : prise en compte des taux horaires pratiqués par les cabinets, de la quantité de travail fournie et des rétrocessions d’honoraires.
Des hausses d'environ 15%
Alors pourquoi a-t-on l’impression que les avocats (toujours hors associés) en M&A et financement sont les mieux lotis ? « Car le M&A et le financement sont l’apanage d’un certain type de structure, alors que le droit social ou le contentieux par exemple sont des pratiques que nous trouvons aussi dans des cabinets de niche spécialisés et aux taux plus réduits. Encore, une fois, au sein d’un même cabinet, faire la distinction serait périlleux, en dehors du bonus qui peut en revanche être une variable d’ajustement », précise Ian De Bondt. Néanmoins, la difficulté
pour certains gros cabinets de positionner leur taux sur des pratiques
non transactionnelles met à mal la pérennité de leurs départements
social, IP, contentieux, etc., sauf à ce qu’ils deviennent purement supports aux opérations, indique l’expert. Au sein de ces cabinets, les rémunérations sont en hausse. Selon Ian De Bondt, elles ont pris environ 15 % depuis janvier 2018, période à partir de laquelle la reprise des affaires a poussé les firmes à embaucher. Pour attirer les talents, les cabinets américains puis anglais, et dans la foulée français, ont augmenté leurs grilles de rémunération, tous départements confondus donc. Les profils les plus recherchés sont les collaborateurs de trois à six ans d’expérience et les associés qui dégagent du chiffre d’affaires.
Juriste M&A en entreprise
« Le “vrai” M&A (hors corporate) est une pratique de senior en entreprise. Les groupes avec une équipe M&A dédiée sont rares et optent pour des équipes resserrées de seniors, rapporte Ian De Bondt. Il faut au moins six ans d’expérience révolus pour pouvoir prétendre à ce type d’opportunité. En dessous, il sera souvent question de fait d’une activité purement corporate et/ou contrats. » Les juristes venus des cabinets d’avocats sont de plus en plus nombreux et représenteraient environ les deux tiers des recrutements. Ainsi, s’ils ont de six à douze ans d’expérience (hors responsabilités managériales), les juristes en M&A peuvent prétendre à un salaire allant de 80 000 et 130 000 euros
par an. Pour ce qui est des secteurs d’activité, on constate que l’industrie est pourvoyeuse d’offres. Mais il y a également
un nouveau créneau à investir : « Les fonds d’investissement recrutent de plus en plus de juristes M&A/private equity pour leurs opérations. En
termes de rémunération, ils sont souvent dans le haut de la fourchette et se voient conférer un titre à responsabilité (secrétaire général, directeur juridique) même s’ils n’ont pas d’équipes derrière », ajoute Ian De Bondt.
Juristes en financement
La plupart du temps, ces derniers exercent dans les banques, pour le
compte des clients des financières. Au sein des entreprises, ils oeuvrent
généralement dans les départements « marchés de capitaux ». Les juristes en financement connaissant également une bonne période pour ce qui est des rémunérations. « Il y a une croissance des salaires en entreprise, due à la fois à la tension du marché et à l’ajustement nécessaire vis-à-vis des cabinets d’avocats », souligne Ian De Bondt. Les fiches de paie des juniors démarrent à 35 000 euros
par an. Tandis que les juristes en financement de six à douze ans
d’expérience (sans responsabilités managériales) touchent entre 80 000
et 130 000 euros par an. Les bonus sont également à prendre en compte mais dépendent du secteur et de la taille du groupe. Les banques sont, par exemple, connues pour être généreuses en la matière.
Olivia Vignaud