Pour profiter au mieux de la bonne santé de la consommation européenne, le fondateur d'Alken AM s'est positionné sur des firmes comme Ryanair, Peugeot ou Carrefour. Tour d'horizon des investissements réalisés par le gérant spécialisé sur les actions européennes.

Décideurs. Avec un euro faible et une baisse du prix des matières premières, l’environnement semble très porteur pour les entreprises européennes. 2016 est-elle la bonne année pour revenir sur le marché actions européen ?

Nicolas Walewski. Nous le pensons, oui. Nous sommes convaincus que l’effet de la baisse du pétrole et autres matières premières a un effet positif sur le revenu disponible des ménages, en hausse de 5 % pour l’année 2015. Si nous couplons cela à une hausse de la confiance des consommateurs, nous constatons une tendance à l’amélioration des ventes des catégories supérieures telles que les voitures, les vacances, etc. Nous sommes positionnés pour profiter de cette amélioration du marché automobile européen (Peugeot, Renault et Valeo), de l’augmentation du tourisme low cost (Ryanair) et, plus généralement, d’une hausse de la consommation discrétionnaire (Pandora, Just Eat). De plus, cet effet est également assez puissant pour beaucoup de sociétés dont la sensibilité à la matière première couplée à un fort pricing power permet une nette amélioration des marges (Ryanair, Carrefour, etc..).

 

Décideurs. Vous êtes reconnu pour la qualité de votre analyse des sociétés. Pour autant le spectre de recherche est très large. Comment faites-vous pour réduire votre champ d’investigation ?

N. W. Notre expertise et notre méthode de travail se basent sur une étude fondamentale des sociétés. Nous souhaitons comprendre l’activité dans son ensemble, l’environnement concurrentiel, réglementaire mais également l’environnement de marché. Pour chaque industrie, nous parlons à un grand nombre d’acteurs différents, ce qui nous permet d’avoir une vision très fine et nous construisons notre propre recherche sur les sociétés que nous suivons. Ce travail se fonde sur une expertise et une connaissance des actions européennes que j’ai bâties au cours des quinze dernières années. À titre d’exemple, la Banca Ifis. C’est une petite banque italienne qui n’était pas couverte par les brokers et nous avons été la première société d’investissement à les rencontrer. Nous avons découvert et investit cette banque il y a plus de trois ans et depuis, le titre a été multiplié par trois.  

 

Décideurs.  Mettant en œuvre une stratégie de stock-picking, vous ciblez des firmes présentant une forte rentabilité économique et un potentiel de croissance élevé. Pouvez-vous nous citer des entreprises qui répondent à ces critères ?

N.W.  En effet, nous nous concentrons sur des valeurs dans lesquelles nous estimons un fort potentiel d’amélioration de la rentabilité/marges (restructurations, secteurs en consolidation) La croissance d’un secteur est un facteur important mais généralement, nous lui préférons le critère de la hausse de la rentabilité et/ou des marges. Nous pourrions citer Peugeot.

Aujourd’hui Peugeot profite à la fois de la croissance du marché automobile européen, mais également d’une restructuration amorcée en 2013 et conduite  par le P-DG Carlos Tavares. La réduction des coûts est plus rapide que prévu. Le titre a particulièrement bien performé en 2015 malgré la faiblesse du marché chinois et le scandale Volkswagen qui a affecté pendant un temps l’ensemble du secteur automobile.Un autre très bon exemple est celui de Ryanair. La société est exposée à 100 % à la consommation européenne et elle profite donc de l’amélioration de la consommation discrétionnaire en Europe (tourisme low cost). De plus, ayant renouvelé sa flotte avec des appareils ancienne génération (plus sensibles aux prix du pétrole) juste avant la forte baisse des prix du baril, la société gagne en compétitivité. Nous pourrions ajouter l’ouverture de nouvelles destinations desservies et l’arrivée de Ryanair sur les grands aéroports.

 

Décideurs. Vous étiez très réservé à propos d’éventuels investissements dans certains équipementiers automobiles. Pourtant, vous avez changé d’opinion à ce sujet. Quelles pourraient être pour vous les prochaines opportunités d’investissement ?

N. W. J’ai longtemps observé le marché des équipementiers automobiles avec beaucoup de réserves. Le marché était composé de nombreux acteurs dont les marges étaient mises sous pression de par une guerre des prix sans relâche et il n’existait pas de barrière à l’entrée.

Depuis, ce marché s’est fortement consolidé, beaucoup de sociétés ont fait faillite et Valeo s’est créé un très fort pricing power avec des barrières d’entrée technologiques fortes. Nous avons investi dans Valeo il y a un peu moins de six ans, et depuis, notre position a performé de plus de 520 % alors que nous restons très positifs (et investis) sur la société et son positionnement de leader sur le secteur des équipementiers automobiles. 

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