« La demande interne européenne s’améliore progressivement. En 2015, la croissance des résultats des entreprises du Vieux Continent s’est établie à près de 11 %. En 2016, le consensus table sur une croissance de 8 % sur l’Euro Stoxx. Cette tendance a surtout profité aux petites et moyennes capitalisations. Des sociétés qui présentent l’avantage d’une moindre sensibilité aux évolutions des exportations »

Décideurs. Plusieurs signaux négatifs ont été envoyés par l’économie américaine. Les investisseurs doivent-ils pour autant s’en tenir éloignés ?

Sophie Chauvellier. La principale question à se poser concerne les perspectives de croissance des entreprises américaines. 2015 a été marquée par une légère contraction de leurs résultats. L’appréciation du dollar en est l’une des causes les plus importantes. Près de 60 % des entreprises cotées sur le S&P 500 réalisent plus de 40% de leurs ventes hors des Etats-Unis. Or, en moyenne, la hausse de la monnaie américaine a entraîné une baisse de 7 % de leurschiffres d’affaire. Résultats, ces entreprises souffrent d’une perte de compétitivité sur la scène internationale, comme en témoignent les difficultés récentes rencontrées par Apple pour écouler son stock d’Iphone 6S. Les craintes autour des entreprises pétrolières et du secteur des matières premières ne jouent pas non plus en faveur de l’économie américaine. De plus la dette des entreprises a été multipliée par deux sur les cinq dernières années. Les entreprises américaines nous paraissent, de surcroit, très bien valorisées. Les actions valent en moyenne seize fois leurs résultats, et 26 fois ajusté du cycle économique. Pour toutes ces raisons, nous sommes actuellement moins enclins à investir sur ce marché.

 

Décideurs. A contrario, vous êtes résolument positif sur le marché des actions et du high yield européen.

S. C. Effectivement, ce sont nos deux thématiques d’investissement favorites. Les signaux restent au vert pour les entreprises européennes (euro faible, baisse du coût matière, taux bas, reprise de la demande interne), même si à court terme le vent contraire en provenance de la Chine et de la baisse du pétrole pèsent sur les actions mondiales sans discrimination. Si les obligations à haut rendement américaines offrent des rendements pouvant aller jusqu’à 9 %, il nous paraît toutefois prématuré de s’y positionner. Nous ne sommes qu’au début de la vague de défaillances des entreprises pétrolières. Davantage d’opportunités devraient, à mon sens, apparaître au cours du second semestre 2016.  S’agissant du Japon, nous demeurons attentifs aux décisions politiques que pourrait prendre Shinzo Abe. Le premier ministre japonais a, en effet, évoqué la possibilité d’une hausse de la TVA en 2017. Une telle décision pourrait s’avérer néfaste pour les marchés japonais. Enfin, sur les marchés émergents, la dette indienne a notre préférence. Dans cette zone, l’Inde est le pays le plus avancé dans le cycle d’ajustement, et le rendement proposé (entre 7 % et 8 %) nous semble très attractif au regard du risque de baisse modéré pesant sur sa devise.

 

Propos recueillis par Aurélien Florin

Retrouvez la suite de cet entretien dans l'édition 2016 du supplément « gestion de patrimoine & gestion d'actifs » du magazine décideurs

 

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