L’élection des membres du conseil de l’ordre des avocats de Paris se déroulera les 15 et 16 décembre 2015. Pour la dernière fois, elle se fera au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Laurence Kiffer et Philippe Rochmann ont choisi de faire campagne ensemble.

« Nous sommes là pour mettre en œuvre la politique du bâtonnier, accompagner nos confrères et soutenir une profession qui doit être respectée par les pouvoirs publics », confie d’emblée Laurence Kiffer, avocate reconnue en contentieux et arbitrage. Avec Philippe Rochmann, originaire de Tours comme sa consœur, le temps de la campagne est celui de l'unité. Un engagement qui occupe une grande partie de leur temps mais qui, mené en binôme, leur permet d’enrichir leurs idées.

 

Lobbying

Le lobbying est une mission inhérente à leur engagement. Avocat fiscaliste et président du syndicat professionnel La Compagnie des avocats-conseils de Paris et d’Île-de-France, Philippe Rochmann a mis tout son poids aux côtés du barreau de Paris pour une définition restrictive de l’activité des experts-comptables dans la loi Macron. Mission accomplie. Expert de la commission « droit de l’entreprise » du Conseil national des barreaux (CNB), il a également œuvré auprès de celle dédiée au « statut professionnel de l’avocat ». Laurence Kiffer, associée chez Teynier Pic, a de son côté fait valoir Paris comme place d’arbitrage lors de la commission Prada en 2011 et se dit « fière » du maintien de la cour d’arbitrage de la CCI dans la capitale. Elle a également co-présidé la commission ouverte d’arbitrage du CNB de 2007 à 2014. Ardente militante des modes alternatifs de résolution des litiges, elle participe activement aux réflexions menées sur la Justice du XXIe siècle. Les deux candidats sont donc liés par une volonté partagée : « Être dans l’action et ranimer la flamme ».

 

« Uberisation » de la justice

Écrasée par les charges et les impôts qui ne cessent de s'alourdir sur les épaules des avocats, exposée à la concurrence de nouvelles structures et à « l’uberisation » de la justice et du droit, le tout dans un contexte de démission de la Chancellerie, « notre profession est en pleine mutation, relève Philippe Rochmann. Il faut s’adapter, apprendre à développer la valeur ajoutée de nos prestations et être efficients dans la formation. » Pour le binôme, l’avocat doit se muter en un prestataire de services à haute valeur ajoutée et devenir incontournable dans le conseil haut de gamme, l’avenir de la profession se situant dans l’innovation.

Pour cela, la relève doit être incitée à choisir sa formation en anticipant les tendances et les besoins du marché, le tout en s'imprégnant de l'écosystème mondial. « L’international vient dans nos métiers même si on ne le cherche pas », constate Laurence Kiffer. L’avocate souhaite ainsi s’investir dans la politique internationale du barreau pour que l’avocat français dispose des clés de l’économie globalisée.

 

Précéder le mouvement

Si les deux candidats aspirent à se mettre au service de l’Ordre, ils se veulent surtout un rôle de vecteur d’impulsion. Soutenue par l’association Femme & Droit, membre de l’association Arbitral Women, Laurence Kiffer s’intéresse de près à la place des femmes dans la profession. « Au sein des cabinets, un soutien peut encore être apporté aux consœurs, dont le taux d’associées est trop faible, insiste-t-elle. Pour les collaboratrices, des formations de réactualisation pourraient notamment être mises en place après un congé maternité. » Plus globalement aux côtés des jeunes avocats, Laurence Kiffer et Philippe Rochmann soutiennent l’importance de la liberté et de l’indépendance. « Un jeune confrère doit pouvoir choisir le modèle d’exercice de son choix, collaboration, association ou indépendant, insiste Philippe Rochmann. S’il souhaite s’associer par exemple, il devrait pouvoir le faire sans trop d’argent ni de réseau. »

Déterminés, les deux candidats ont foi en la déontologie, « un atout protecteur de la pratique des avocats qui sait évoluer en accord avec la variété de modes d’exercice », pour Philippe Rochmann. « De nouveaux défis se posent sans cesse aux avocats, conclut Laurence Kiffer. Notre profession doit précéder le mouvement, pas seulement le suivre. »

 

Pascale D'Amore et Alice Mourot

Edité par QL

 

Crédit photo : Pascale D'Amore

 

 

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