Issus des rangs de Gide Loyrette Nouel, les fondateurs s’y sont forgé une âme d’entrepreneurs exigeants.
La création du cabinet est tout sauf un coup de tête. Nous avons bâti BDGS autour d’une équipe, à l’opposé du modèle de cabinet structuré autour d’un homme.?» C’est en ces termes qu’Antoine Gosset-Grainville décrit l’entreprise BDGS appelée à occuper rapidement une place stratégique sur le marché parisien. Le collectif prime en s’appuyant sur la forte notoriété des associés fondateurs et leur complémentarité.

Un cabinet qui croit aux valeurs de l’équipe
Pour l’élaboration du projet, Antoine Gosset-Grainville, Antoine Bonnasse, Youssef Djehane et Jean-Emmanuel Skovron se sont donné rendez-vous méthodiquement toutes les semaines. «?Nous avions le désir profond de créer quelque chose d’inédit, d’insuffler une prise de risque dans un environnement morose?», explique Antoine Bonnasse. Les quatre fondateurs ont tous le même âge et le même état d’esprit. Ils partagent la culture exigeante, et de pionnier, héritée de chez Gide Loyrette Nouel1 où chacun d’eux a construit sa carrière et sa personnalité. Ils se disent héritiers de cette culture, qui irrigue le barreau de Paris puisque Jean Veil, Didier Martin, Hubert Flichy, Thierry Vassogne, et bien d’autres, y ont fait le socle de leur première vie professionnelle avant d’ouvrir leur firme, ou d’aller diriger d’autres maisons.
Fait notable chez les avocats, c’est avec fierté que les associés citent leurs anciens confrères comme référence de réussite entrepreneuriale. Youssef Djehane poursuit : «?Lorsque l’on décide de fonder un cabinet après plus de vingt ans chez Gide, cela ne peut être que pour fonder une structure avec des valeurs proches.?»

Changement de génération
Mais au-delà de l’envie et de la culture qui les anime, c’est d’un vrai besoin des clients, confirmé par une étude de marché approfondie, que résulte BDGS. Les futurs associés ont profité de la fenêtre d’opportunité que présentait le paysage actuel des cabinets d’avocats d’affaires en France : rareté des acteurs français de premier plan et des boutiques haut de gamme, succession en cours chez les géants français et adaptation du modèle full service anglo-saxon. «?Sur notre marché, nous avons constaté des limites aux grosses structures et avons décidé de créer notre boutique. Nous profitons aussi d’un changement de génération?», analyse Youssef Djehane. La maturité du marché juridique français joue favorablement pour accueillir un cabinet d’experts reconnus adossés à une structure aux coûts moindres. La réaction des directeurs généraux et juridiques a d’ailleurs été unanime à l’annonce de la future création du cabinet : tous ont validé le projet.
«?Nous sommes convaincus de la solidité de notre modèle. Cela s’est imposé à nous?», poursuit Antoine Bonnasse. Jean-Emmanuel Skovron confirme : «?Nous n’avons pas eu de doute. Nous aurions pu rester chez Gide et poursuivre notre carrière de manière très confortable et très rentable. Mais, parvenu à ce stade de notre carrière professionnelle, nous avions besoin de nous lancer dans l’aventure.?»

Libres, égaux et solidaires

Les associés se retrouvent autour de valeurs fondamentales et se définissent comme «?libres, égaux et solidaires.?» Libres de développer leur clientèle en échappant aux conflits d’intérêts des grandes structures bien sûr, mais aussi égaux dans la place accordée à chacun dans l’équipe et solidaires dans les démarches. Ils ont d’ailleurs choisi de fonctionner sur le mode du lockstep, ce qui induit le partage des revenus sur des bases égalitaires. L’exigence est alors de mise pour que la règle n’entraîne aucune domination de l’un d’entre eux. Pour l’accueil de nouveaux associés par exemple, l’unanimité est la règle. «?Nous sommes tellement fiers de nos associés que nos valeurs, qui gravitent autour de l’exigence absolue de qualité, sont nées naturellement?», se souvient l’un des associés.

Quatre associés de poids, une assise solide

Antoine Bonnasse, Youssef Djehane et Jean-Emmanuel Skovron travaillent ensemble chez Gide depuis plus de vingt ans. Antoine Gosset-Grainville, quant à lui, collaborait quotidiennement avec ce groupe lors de son expérience de managing partner du bureau bruxellois du géant français (de 2002 à 2007). Cette ancienneté des relations induit une grande unité de l’équipe, dont la maturité garantit un développement maîtrisé et dédié au client, l’expérience de chacun allant de pair avec une forte notoriété.
Antoine Gosset-Grainville était numéro deux de la Caisse des dépôts et consignations jusqu’en avril dernier. Entre ses années d’avocature, il a occupé plusieurs hauts postes stratégiques. Conseiller pour les affaires économiques et industrielles de Pascal Lamy à la Commission européenne en 1999, ce diplômé de l’ENA fut aussi à Matignon directeur adjoint du cabinet de François Fillon en charge des questions économiques et financières et de la politique de l’État-actionnaire.
Antoine Bonnasse était associé chez Gide depuis 1996. Il intervient sur les opérations de fusions-acquisitions complexes, appréciant l’ingénierie juridique et financière de haut de bilan, et de haute volée, notamment les aspects boursiers. Youssef Djehane, entré au pôle fusions-acquisitions de Gide en 1986, en devient associé en 1994 après avoir été détaché chez Allen & Overy à Londres et à la Banque mondiale à Washington. C’est un expert des fusions-acquisitions, pour des entreprises cotées ou non, qui sait, à l’occasion, piloter le contentieux lié aux opérations capitalistiques. Jean-Emmanuel Skovron, associé chez Gide depuis 2002, apporte à BDGS une connaissance approfondie de la gouvernance des entreprises du secteur public (il a accompagné, par exemple, la création de La Banque postale) : privatisations, appels d’offres, changements de statut, restructurations. Il ajoute à ces compétences une forte expertise du secteur bancaire et des projets d’infrastructures.

Horizontalité maximale

Avec un socle fort en haut de bilan, il en résultera un niveau d’ambition qui va avec la profitabilité de cette activité exigeante. Les associés ont une large ouverture sur les questions stratégiques et de direction. Ici réside l’ambition racée de BDGS : à l’heure où Jean-Michel Darrois passe la main, où Jean-François Prat n’est plus, où les firmes anglo-saxonnes sont jugées chères, place à une nouvelle mais grande firme, au «?cousu main?» français. Les directions générales sont le pivot d’organisation du cabinet. C’est aussi la raison pour laquelle BDGS a une expertise forte en antitrust, avec Mathilde Damon (cf. ci-après), et réfléchit déjà à un recrutement d’un expert en fiscalité des transactions pour épauler les directions générales et financières de façon transversale. «?Nous ne voulons pas nous organiser en pôles mais favoriser au contraire une horizontalité maximale?», précise Antoine Gosset-Grainville.

Sélectivité maximale
Depuis l’annonce de sa création, les associés ont reçu de nombreuses propositions d’autres avocats souhaitant rejoindre l’aventure. «?Nous voulons prendre le temps d’asseoir notre cabinet et de réfléchir à la meilleure stratégie de croissance, avec une grande sélectivité?», nuance l’un d’eux. Pour BDGS, le conseil juridique doit aller au-delà de la technique juridique, en intégrant une compréhension de l’entreprise, du secteur, de sa stratégie.
Les quatre associés seniors ont tout de même choisi aussi de lancer l’aventure avec le soutien de deux personnalités prometteuses. Le premier est Max Baird-Smith, solicitor de droit anglais, qui a précédemment passé cinq ans à Londres où il a exercé chez Slaughter & May puis Gide Loyrette Nouel. Il intervient sur les dossiers de M&A, droit boursier et capital-investissement. La seconde est Mathilde Damon, qui renforce le cabinet d’une forte expertise en droit de la concurrence. Cette ancienne directrice juridique de l’Agence des participations de l’État exerçait précédemment dans le département antitrust de Bredin Prat.
Seulement six collaborateurs pour autant d’associés : BDGS veut que le travail soit celui de l’associé et non celui des plus jeunes, «?supervisés?». Ce ratio révèle bien le niveau de dossiers suivis par le cabinet. «?Nous aimons le cambouis, autant y mettre les mains?», s’amuse l’un des fondateurs féru d’ingénierie financière. Les associés affichent l’ambition de porter à dix le nombre de partners dans les dix-huit prochains mois. Un délai raisonnable qui leur permet de laisser la priorité à la poursuite d’une activité performante aux côtés des clients.
BDGS sera-t-il le prochain Darrois Villey ou Bredin Prat ? Cette hypothèse est dans les champs des possibles, et le succès probable, au regard de la densité du socle de cette firme, sa sélectivité, son niveau d’ambition, et les réseaux de ses fondateurs. Les bases sont là, un long chemin reste encore à parcourir.

1 Structure qui réunit sous forme d’association plusieurs entités distinctes et indépendantes.

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