Paris, Hongkong et Sydney : les ouvertures qui se succèdent pour la firme américaine positionnée avec succès sur le contentieux, sont synonymes d’ouverture à l’arbitrage international.
« Nous gagnons 90?% de nos contentieux?» affiche la une du site internet de Quinn Emanuel. Depuis la création du cabinet, ses avocats ont effectivement remporté 1 704 litiges judiciaires sur les 1 907 qui leur ont été confiés. La somme totale des demandes acceptées en 2012 pour ses clients au cours des contentieux ou transactions s’élève à plus de quinze milliards de dollars. La firme originaire de la côte ouest, qui se place en haut des classements de rentabilité des cabinets aux Etats-Unis, fait donc du contentieux et de l’arbitrage international le cœur de son activité.

Un positionnement efficace
La création du cabinet est récente. C’est en 1986 que John Quinn, sorti de l’université de droit sept ans plus tôt, s’associe avec Eric Emanuel, David Quinto et Phyllis Kupferstein. L’objectif : répondre à une offre inexistante sur le marché. Rodés aux contentieux complexes, les associés s’emparent des litiges contre les grandes sociétés américaines. Le nouveau cabinet ne fait ainsi pas concurrence aux cabinets locaux centenaires, puisque ces dossiers sont frappés pour ces derniers du sceau du conflit d’intérêts. Leur modèle full service ne permet pas de développer de manière aussi rentable la pratique contentieux, une matière qui impose un tri sélectif entre les clients. Pourtant, le créneau est porteur puisque le système judiciaire américain en fait un secteur très lucratif : les montants réclamés en justice sont sans limites, la négociation est toujours possible, tout s’achète. Armé des collaborateurs les plus déterminés, fraîchement sortis des meilleures universités américaines, Quinn Emanuel développe une approche stratégique du contentieux, étudiant toutes les voies possibles pour une sortie victorieuse. Dans presque tous ces cas, le cabinet rivalise avec les plus grandes entreprises. Dernièrement, Quinn Emanuel a fait face à Merril Lynch aux côtés de Rosen Capital ou Hewlett Packard au cours de son litige contre Unova.
C’est bien clair, il n’est pas question pour le célèbre cabinet de sauver la veuve et l’orphelin. Ce sont des sociétés de toutes sortes qui sollicitaient les services du cabinet à ses débuts parce qu’il était le seul sur le marché à bien vouloir s’attaquer à leurs concurrents de taille. Aujourd’hui, les plus grandes compa­gnies viennent le voir parce qu’il a prouvé qu’il était le meilleur. C’est ainsi que Quinn Emanuel s’est forgé une clientèle de grands noms comme ING Bank, Motorola, Seiko Epson, Shell, AIG, etc.

Les grands moyens pour Londres
Alors même que le berceau de la firme se situe sur la côte ouest des États-Unis, New York est devenu rapidement un objectif de croissance. John Quinn l’affirmait avec un ton assuré en 2006 : New York sera le bureau le plus important dans les années à venir. Les chiffres lui donnent raison puisqu’en 2013, quelque deux cents avocats y exercent. Avec l’ouverture du bureau de Washington DC en 2011, Quinn Emanuel s’assure une couverture nationale complète. Son développement se situe à présent hors des frontières américaines.
L’expansion internationale de Quinn Emanuel débute en 2008 avec Londres. Pour investir le marché britannique, la firme emploie les moyens à la hauteur du défi en transférant l’expert international Marc Becker, un ancien de chez Munger Tolles & Olson, la Rolls-Royce du contentieux à Los Angeles. De quoi s’armer pour concurrencer les cabinets anglais qui se partagent déjà la quasi-totalité du gâteau contentieux. Le pari est rapidement gagné avec une équipe qui atteint aujourd’hui une trentaine d’avocats experts en litigation et un haut niveau de succès judiciaire auprès de ses clients. Le bureau est parvenu à asseoir sa réputation et à s’imposer sur le marché avec une croissance de 5?% de son chiffre d’affaires cette année (en passant de 8,5?millions de livres sterling en 2011/2012 à 12,4 en 2012/2013), dans un pays encore largement touché par la crise.

Puis l’Europe continentale
Le cabinet ne craint plus ensuite d’opérer plusieurs ouvertures de bureaux la même année, comme en 2011 avec Washington DC et Moscou. À chaque fois, ce sont les meilleures équipes de la place qui le rejoignent pour participer à l’aventure Quinn Emanuel. Le premier bureau allemand est aussi le premier bureau du continent européen. Mannheim voit le jour en 2010 grâce à l’arrivée de Marcus Grosch et de son équipe, en provenance d’Allen & Overy, qui développent une forte pratique du contentieux IP. Allen & Overy perd à nouveau un partner au profit de Quinn Emanuel avec Nadine Herrmann qui ouvre Hambourg en 2012 et poursuit la spécialisation des équipes allemandes en contentieux IP et antitrust. À Moscou, le cabinet recrute Ivan Marisin et Vasily Kuznetsov, deux anciens de chez Dechert.
Pour l’ouverture du bureau de Paris en 2013, la firme a contacté l’un des meilleurs spécialistes de l’arbitrage international de la place : Philippe Pinsolle. Dans un contexte économique difficile et alors même que les cabinets américains remettent en cause la rentabilité de leurs équipes parisiennes, Quinn Emanuel mise sur l’ancien associé de chez Shearman & Sterling pour poursuivre la nouvelle stratégie de développement.

Du contentieux à l’arbitrage
L’ouverture de Paris en 2013 s’inscrit dans la stratégie du cabinet de s’ouvrir à l’arbitrage international. Depuis mai 2012, Stephen Jagusch et Anthony Sinclair, deux anciens associés de chez Allen & Overy, ont rejoint Quinn Emanuel à Londres. Stephen Jagusch dirige la nouvelle pratique avec comme objectif de la développer en recrutant de nouveaux associés dans les différentes places d’arbitrages mondiales. C’est chose faite quelques mois après grâce à l’arrivée de Philippe Pinsolle à Paris. La démarche se poursuit en Asie. Six mois après Paris, Quinn Emmanuel vient d’obtenir l’autorisation gouvernementale d’ouvrir ses portes à Hongkong. L’expert en contentieux et arbitrage international John Rhie, précédemment associé du cabinet sud-coréen Kim & Chang, est chargé de former la nouvelle équipe. Simultanément, le cabinet annonce l’ouverture en juin d’un bureau à Sydney grâce à l’arrivée de Michael Mills et Michelle Fox, deux anciens de chez Herbert Smith Freehills dans la capitale australienne. Ils seront rejoints par James Webster, expert en contentieux IP actuellement basé à Los Angeles. Des opérations qui promettent de faire encore grimper Quinn Emanuel dans le classement des cabinets par chiffre d’affaires, l’unique critère qui admet une marge de progression pour la firme déjà en haut des classements par ailleurs.

Lire l'entretien avec John Quinn, associé fondateur de Quinn Emanuel

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