Histoire et stratégie d'implantation du cabinet sur le continent, organisation et évolutions, le point avec Stéphane Brabant, Chairman international du groupe Afrique d'Herbert Smith Freehills et Nina Bowyer, co-head.

Décideurs. Herbert Smith Freehills est présent en Afrique depuis plus de 25 ans. Comment êtes-vous organisés ?

Stéphane Brabant et Nina Bowyer. L'activité Afrique du cabinet s'est peu à peu amplifiée les 25 dernières années et aujourd'hui l'équivalent de près de 75 avocats dans le monde - dont une trentaine à Paris - s'y consacrent à temps plein. Nous avons fait le choix, pour le moment, de ne pas avoir de bureaux en Afrique et de préférer travailler librement et au cas par cas avec différents cabinets les meilleurs dans leurs domaines, parfois nouvellement installés dans leur pays et à qui nous pouvons référer dans un fort climat de confiance des clients pour des dossiers souvent importants et complexes. Par contre, chaque bureau du cabinet Herbert Smith Freehills dans le monde dispose d'un "Africa desk" dirigé par un spécialiste de l'Afrique pour être mieux à l'écoute des clients intéressés par le continent. Aussi, des collaborateurs originaires d'Afrique, après avoir travaillé au sein de notre cabinet, sont repartis - et continuent de repartir - en Afrique pour ouvrir leur cabinet et aussi certains pour rejoindre des entreprises.

Il est vrai que l'on devrait plutôt parler "des afriques" mais aussi d'un continent qui ne se résume pas à ses frontières et qui se développe aussi beaucoup par régions. C'est pourquoi nous avons ainsi nous-mêmes organisé notre activité suivant cinq grandes régions, chacune dirigée par deux associés, venant de bureaux distincts et ayant des expertises adaptées. Cette division facilite les relations et la connaissance de la culture et du contexte locaux, optimise nos interventions et les partenariats et facilite le partage d'informations. Quant à nos interventions, le cabinet a, l'année dernière, traité près de 200 dossiers concernant l'Afrique y compris des projets par des africains pour leur pays ou sous-région comme celui de l'Epine Dorsale entre le Bénin et le Niger mené par le groupe Petrolin de Monsieur Dossou-Aworet lui-même béninois.

Décideurs. Quels enseignements avez-vous pu tirer de votre longue expérience en Afrique?

S.B. et N. B. Notre clientèle en Afrique est très diversifiée tant par ses activités (énergie, agroalimentaire, télécoms, mine, banque, etc.) que dans les demandes d'interventions (projets, financements, acquisitions, contentieux, etc.). Nos activités en Afrique depuis plus de 25 ans nous ont permis de mieux appréhender et comprendre les cultures et contextes locaux. Notre connaissance forte et de longue date du continent est perçue comme une plus-value par et pour nos clients. On ne saurait trop conseiller pour bien investir en Afrique, de partir avec une valise vide (de ses préjugés et de sa culture) et revenir avec une valise pleine (de connaissance des cultures et contextes locaux).

Le respect strict du droit est fondamental pour assurer un investissement sur le long terme mais il convient aussi de veiller au respect du "juste" et notamment à des contrats équilibrés entre l'investisseur, les Etats et les autres intéressés au projet comme les communautés locales. Aussi et en cas de différend, nous recommandons à chaque fois que c'est possible de trouver des accords amiables plutôt que de prendre le risque que les choses s'enveniment et se terminent en contentieux.

Nous avons d'ailleurs créé un département dédié à la stratégie de prévention et de gestion des crises. Notre forte connaissance du contexte local nous permet de trouver des solutions rapides et équilibrées non seulement pour structurer les projets mais aussi dans les cas de crises.

Il convient en outre en Afrique d'agir avec persévérance, de répondre aux attentes et d'être à l'écoute de celles et de ceux en Afrique qui accueillent les investisseurs et qui seront d'une façon ou d'une autre leurs partenaires.

Nous sommes des afro-optimistes depuis toujours parce que nous avons toujours eu confiance dans l'avenir du continent mais nous voulons agir en «afro-réalistes» tant pour nos clients que pour nous-mêmes et surtout en "afro-responsables".

Décideurs. Quelles sont selon vous les perspectives d'évolution ?

S. B. et N. B. L'Afrique se consolide incontestablement dans des intégrations régionales. Les régions et sous-régions existent d'ailleurs déjà au travers de traités tels sur le plan juridique avec l'OHADA ou sur les plans financiers, douaniers et sur un plan économique et/ou financier tels le CEDEAO, le CEMAC, le SADEC, etc. Il est incontestable que le développement de l'Afrique ne sera jamais plus favorisé que par des politiques ou stratégies régionales telles celles concernant notamment les infrastructures (plus particulièrement concernant l'électricité et les transports notamment routiers). On observe d'ailleurs dans notre métier, la naissance de cabinets africains ou regroupements de cabinets africains structurés à des niveaux régionaux.

Décideurs. Et tout ceci induit une évolution de votre activité…

S. B. et N. B. Nous avons une pratique relativement classique très forte en matière d'énergie, ressources naturelles, infrastructures, télécoms, etc., mais avons aussi désormais développé et continuons de développer de nouvelles expertises en agroalimentaire, renouvelable, banque, assurance, etc. Aussi et en outre, à côté de notre traditionnelle assistance en fusion-acquisition, fiscal, contentieux et arbitrage, concurrence, immobilier, financement, IT/IP, droit du travail etc., nous avons mis en place une équipe dédiée à accompagner les entreprises dans leurs responsabilités de respecter les droits de l'homme, pratique pour partie nouvelle qui s'est récemment développée à côté de celle de la prévention et de la gestion de crises et qui permet non seulement d'assurer la profitabilité des projets pour tous, de façon équilibrée et dans le long terme mais aussi d'éviter bien des conflits inutiles.

Nous lançons en outre l'«Africa Business Academy», qui consistera dans une formation pendant trois jours destinée aux investisseurs du monde entier et qui sera assurée par des dirigeants africains sur des thèmes liés à la culture, au "business" et au droit en Afrique.

En conclusion, vous comprenez que nous souhaitons et recherchons ardemment au travers notre assistance, une harmonie entre les investisseurs et le continent dans toutes ses composantes et dans toutes ses attentes.

Propos receuillis par Julie Eliachar & Elodie Sigaux
 

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