Une position unique en Asie Pacifique
Entretien avec Peter Martyr, chief executive officer, Norton Rose
Chief executive officer de Norton Rose depuis 2002, Peter Martyr dirige et manage la firme d’origine britannique aux côtés du chairman Stephen Parish (Paul Giles est parti depuis peu à la retraite).
Cette année, il a été au cœur des nombreux projets de croissance du cabinet comme l’ouverture de deux bureaux au Moyen-Orient et surtout, la fusion avec l’Australien Deacons. Il revient sur la nouvelle position du groupe en Asie Pacifique.
Décideurs : La fusion entre le Britannique Norton Rose et l’Australien Deacons est la première du genre. Pouvez-vous revenir sur les raisons qui ont motivé l’opération ?
Peter Martyr : Dès 2005, Norton Rose accélérait son expansion internationale en se focalisant sur l’Asie, notamment l’Asie Pacifique. Afin de renforcer notre position dans la région, nous parlions déjà d’une fusion avec l’un des dix premiers cabinets australiens : Deacons.
Avec notre présence en Chine, à Singapour, en Indonésie et au Japon, le rapprochement avec Deacons, largement implanté en Australie mais également en Asie du Sud Est, allait nous permettre de créer un pont en Asie Pacifique. Car l’Australie travaille non pas avec le Royaume-Uni ou les États-Unis, mais essentiellement avec la Chine et le Japon.
Pour autant, Norton Rose n’était pas la seule firme internationale à avoir lancé le projet. Plusieurs cabinets américains étaient en lice. Finalement, Deacons a apprécié notre business model et nous a rapidement envoyé des signaux positifs en amorçant, avant même l’annonce de la fusion, des changements structurels internes afin de mieux coller à notre culture.
Décideurs : Les équipes australiennes vont exercer sous le drapeau « Groupe Norton Rose ». Comment se déroule l’intégration ?
P. M. : Depuis l’annonce de la fusion il y a près de cinq mois, les équipes de Deacons et de Norton Rose ont fourni de gros efforts respectifs afin de faciliter le rapprochement. Cela se veut bénéfique pour les deux parties.
Les avocats issus du cabinet Deacons vont certes exercer au sein du Groupe Norton Rose, mais vont aussi changer d’échelle. Le cabinet va également renforcer certains de ses pôles d’activité, comme le banking.
Chez Norton Rose, la fusion nous permet de renforcer nos liens avec certains de nos clients : les banques chinoises et australiennes (HSBC, Australia Bank, ANZ comptent parmi les clients de la firme, ndlr), et aussi la société australienne d’investissement Macquarie.
Aujourd’hui, l’heure est à la transition. Nous sommes en train de mettre les deux systèmes existant en harmonie (en termes de rémunération, de régime fiscal, etc.). Cela devrait prendre un an, voire deux.
Décideurs : Après cette fusion anglo-australienne, une nouvelle opération serait-elle envisageable aux États-Unis ?
P. M. : Dans les années 1990, à l’heure où les cabinets londoniens commençaient leur expansion internationale, Norton Rose avait engagé des discussions avec des firmes américaines, notamment avec le New-yorkais White & Case. Finalement, le projet avait été avorté : malgré une taille et des profits semblables, le choc culturel était trop important.
Ce constat, me semble-t-il, est encore vrai aujourd’hui. Il ne s’agit pas pour autant d’un refus catégorique quant à un développement outre-Atlantique.
Décideurs : Quels sont les prochains grands chantiers de Norton Rose ?
P. M. : Ces dernières années ont été particulièrement chargées pour le cabinet. Après avoir traversé une période difficile, nous avons su repositionner la firme au niveau international et nous sommes désormais incontournables dans la région Asie Pacifique. Cette fusion est un énorme pas en avant pour la firme, un gros changement. Nous sommes tout à fait confiants et à l’aise avec ce que le nom « Norton Rose » représente aujourd’hui.
Nous devons aujourd’hui intégrer nos différents bureaux, ce que nous avons commencé à faire avec l’arrivée d’un associé allemand et d’un associé français - Jean-François Mercadier - au sein de l’executive committee de Norton Rose. L’heure est donc au développement de la collaboration trans-bureaux, à la synergie.