L’avènement du mécénat participatif participe au rapprochement entre les œuvres et le public. Une nouvelle révolution.
Les médias sociaux ont créé un nouveau paradigme dont les grands acteurs de la culture sont en train de s’approprier les codes. Artistes et musées n’hésitent plus à parier sur le crowdfunding pour financer leurs projets. Précurseur, le Louvre est le premier à avoir fait appel à la générosité citoyenne en 2010 avec son programme « Tous mécènes », qui lui avait permis d’acquérir Les Trois Grâces de Cranach avec 1,2 million d’euros récoltés. L’institution renouvelle aujourd’hui l’appel aux dons pour s’offrir La Table de Teschen de Johann Christian Neuber. Sans développer leur système de donation en interne, d’autres musées s’appuient sur les plates-formes pour élargir leur cible de mécènes. Grâce à sa dernière campagne pour la restauration de L’Atelier du peintre de Courbet sur Ulule, le musée d’Orsay a vu l’âge moyen de son donateur passer de 70 à 59 ans. Pour encourager cette nouvelle économie du partage, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a annoncé la création d’un portail référençant les projets en recherche d’investisseurs. Objectif : organiser la rencontre entre porteurs de projets et mécènes. Une initiative qui confirme l’avenir florissant du mécénat populaire.

Le chiffre38,2 millions d'euros, montant des dons récoltés sur les plates-formes de crowdfunding

(baromètre 2014 publié par Financement participatif France)


Focus : L'ATELIER DU PEINTRE, 1 335 DONATEURS

« 22 m2, travaux à prévoir ». Lancée au début du mois d'octobre sur la plate-forme Ulule, la campagne de financement participatif du Musée d'Orsay pour restaurer L’Atelier du peintre, toile de Gustave Courbet, a rassemblé non pas des acheteurs immobiliers mais bien 1 335 donateurs. Loin des 30 000 euros prévus comme objectif au départ, ce sont plus de 155 000 euros qui ont été récoltés, avec un soutien moyen avoisinant les 116 euros, « C'est un très bon score pour une première opération », affirme Olivier Simmat, conseiller auprès du président du musée d'Orsay. D'un accès privilégié au musée à la rencontre avec les conservateurs, sept échelons de contreparties incitaient à la générosité des participants. Les donateurs pourront ainsi découvrir l’avancement de la restauration de l’œuvre abritée pour l’occasion sous un château de verre. « Nous voulions favoriser l’appropriation de l’œuvre par le public», explique Guillaume Maréchal, responsable mécénat. Construction de l'enceinte vitrée signée Saint-Gobain, communication pilotée grâce au mécénat de compétences de l'agence BDDP, le projet est au carrefour de toutes les philanthropies. « L'objectif était de faire du " tout sans coût" afin que chaque don, même les plus faibles, soient attribués exclusivement à la restauration » explique Olivier Simmat. Résultat : sur un budget global de 600 000 euros, la moitié de la restauration est financée par le mécénat. La cure de jeunesse de Baudelaire, Proudhon et Courbet mobilisera douze personnes pendant plus d'un an.

Aurélien Florin et Alexandra Cauchard 
Visuel © Sophie Boegly, musée d'Orsay

Retrouvez l'entretien d'Arnaud Burgot, CEO d'Ulule : « Le crowdfunding est un outil prometteur pour le développement du mécénat »

Cet article fait partie du dossier : Quand le mécénat réinvente la générosité 



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