Quand la nature s’acharne...
Dettes publiques et retraites. Éruption volcanique et marée noire. Ainsi résumé, le deuxième trimestre 2010 met un terme brutal aux perspectives de reprises timidement envisagées voilà quelques mois.
Considérés comme faillibles, les États vivent désormais sous l’œil accusateur d’agences de notation plus puissantes que jamais. Les attaques portées contre la monnaie unique affaiblissent les institutions bancaires, qui menacent à leur tour de refermer le marché du crédit interbancaire. À l’évidence, les 750 milliards mobilisés pour sauver le système monétaire européen ne seront pas de trop pour éviter l’émergence d’une nouvelle crise systémique.
Travailler plus ou gagner moins ? De l’aveu même de François Barouin, fraîchement débarqué à la direction du budget, le maintien de la note française serait un « objectif tendu ». Risque avéré ou manœuvre destinée à soumettre l’opinion au caractère impératif d’une réforme du système des retraites ? Peu importe en réalité, tant le sentiment d’urgence irradie aujourd’hui l’action publique. Voilà le décor en ruine dans lequel s’ouvre le premier acte de la campagne présidentielle de 2012. À droite, Nicolas Sarkozy, champion du « travailler plus » fait des retraites le dernier combat de son quinquennat. À gauche, Martine Aubry, prêtresse du « gagner moins », organise sa montée en puissance au sein d’un parti où l’absence de Dominique Strauss-Kahn pèse de tout son poids. |
Les ravages du temps
Le tandem pressenti pour mener la bataille au nom de l’opposition met en exergue les difficultés actuelles du Parti socialiste. La réunion d’un ex-ministre du Travail et d’un ancien locataire de Bercy souligne les ravages du temps pour une organisation politique tenue en échec lors de toutes les élections majeures depuis 1997. La génération des « quadras », emmenée par Arnaud Montebourg, Manuel Vales ou Vincent Peillon, n’a jamais connu l’exercice du pouvoir exécutif. Là où les réservistes du « camp d’en face » – Jean-François Copé, Xavier Bertrand ou Rachida Dati – ont déjà eu la charge de portefeuilles significatifs.
Quoi de plus handicapant pour un parti de gouvernement que de ne pouvoir présenter aux postes clés des personnalités pouvant justifier d’une expérience gouvernementale ? Pour pallier le manque de crédibilité de ses lieutenants, le Parti socialiste n’a d’autre choix que d’adopter une ligne sociale-démocrate. La dimension historique des enjeux actuels – institutionnels, économiques et écologiques – commande courage et réalisme.
Des qualités malheureusement absentes du contre-projet de réforme des retraites, présenté par la première secrétaire du PS. Décidemment, la nature s’acharne… et revient même au galop.
Juin 2010