"La pluridisciplinarité est un axe stratégique auquel nous croyons fermement et depuis longtemps."
Avec PWC qui a récemment racheté Booz et Roland Berger qui serait « en discussion », le paysage du marché du conseil se modifie profondément et durablement. Et les Big 4*, dont le segment audit ne croît plus, vont certainement se donner les moyens d’influer sur ces changements. À ce titre, EY (Ernst&Young), le premier d’entre eux en nombre de sociétés auditées, a accéléré son implantation dans le conseil en management en rachetant Greenwich Consulting.

Michel Gauthier, directeur général, et Éric Mouchous, qui a pris la tête du département conseil il y a un an après une étape (1987/2012) réussie chez Accenture, reviennent sur la stratégie et les perspectives de ces développements.

Décideurs. Dans quel cadre s’inscrit l’acquisition de Greenwich Consulting ?

Michel Gauthier. La pluridisciplinarité est un axe stratégique auquel nous croyons fermement depuis longtemps. La force d’EY réside dans la combinaison des expertises et des profils qui composent les différents métiers du groupe. Les synergies entre nos différentes approches nous permettent d’améliorer le contenu de nos missions et de nos recommandations. Avec l’arrivée d’Éric Mouchous, ancien practice head d’Accenture, et cette acquisition, le cap est clair : EY peut maintenant assumer son ambition de fournir une offre renforcée, de haut niveau sur l’ensemble des métiers et notamment sur le secteur TMT.

Éric Mouchous. L’acquisition de Greenwich s’inscrit dans une stratégie mondiale : elle n'est pas isolée. L'intégration d'autres maisons de conseil au sein d'EY a eu lieu récemment, par exemple sur les métiers de la supply chain, en Allemagne, avec J&M Management Consulting.

Décideurs. Pourquoi avoir choisi Greenwich Consulting ?
E. M. Les évolutions du marché du conseil amènent à constater deux tendances majeures : primo, le conseil dit « généraliste » n’existe plus. La spécialisation est absolument fondamentale, et elle s'organise notamment autour des expertises sectorielles. C'est un constat que l'on retrouve en conseil en management, en audit et en corporate finance. Secundo, les entreprises qui s'appuient sur des conseils ont des besoins transnationaux, et souvent mondiaux.
Aussi nous construisons une offre mondiale, où l'expertise domine, avec une vraie profondeur notamment dans le secteur public, la distribution ou encore l’énergie.
L’arrivée des experts de Greenwich, qui ont une forte expertise sur le secteur technologie & médias, et sur plusieurs pays (France, G.-B ...), est le reflet de cette stratégie : nous donnons à nos clients, comme aux consultants qui nous ont rejoints, une plate-forme mondiale pour se déployer.

M. G. Pour gagner les appels d’offres aujourd’hui, il faut combiner une expertise secteur, une offre pertinente et une taille critique. Le client ira naturellement vers celui qui possède une masse critique de références, des offres testées qui se déploient facilement par la maîtrise des process à travers leurs répétitions, et vers des conseils pouvant les aider dans leur internationalisation.

Décideurs. Quels sont les besoins aujourd'hui des entreprises?
E. M. Face à la conjoncture, la première demande est l'amélioration de la « top line » : il s'agit de faire progresser le chiffre d'affaires, notamment par la stratégie digitale, par de la business intelligence, du marketing direct... Cela requiert de plus en plus d'expertise en IT strategy par ailleurs. C'est notamment son expertise pointue qui a fait le succès rapide de Greenwich Consulting. La seconde partie de la demande, c'est une aide aux dirigeants dans le déploiement opérationnel, efficient, de la stratégie qu'ils ont définie.

Décideurs. Quel niveau d'exigence ont les clients dans le conseil en management aujourd'hui ?
M. G. Extrême ! Notre valeur ajoutée, c'est d'aider les entreprises à tenir les délais, les budgets, dans le cadre de leur transformation.

Décideurs. Avec cette acquisition, combien de consultants comptez-vous ? Et quelle est la prochaine étape ?
M. G. Au niveau mondial, 25 000 consultants en management, dont 15 000 en Europe. La France, ou plutôt la zone Framalux [France/Maghreb/Luxembourg], c'est désormais 900 consultants. La taille critique est un véritable enjeu concurrentiel, qui nous donne une indépendance parfois nécessaire dans l’accompagnement de grands projets complexes.


* : Deloitte, PWC, EY, KPMG



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