Le président de l’AFG dresse un premier bilan du PEA-PME et encourage les épargnants à investir dans les entreprises françaises.
Décideurs. Comment expliquer les difficultés rencontrées lors du lancement du PEA-PME ?
Paul-Henri de La Porte du Theil.
Plusieurs phénomènes peuvent expliquer, à mon sens, ce démarrage décevant. Il y a, tout d’abord, eu une période de grande incertitude autour de l’éligibilité des titres au PEA-PME. Face à la complexité de certains cas de figure, les souscripteurs ont ainsi préféré suspendre leur investissement en direct ou les reporter sur des fonds d’investissement.
Les établissements bancaires ont également leur part de responsabilité. Poussées par le jeu de la concurrence, elles ont largement encouragé les souscriptions, mais ont fait preuve d’une certaine timidité lorsqu’il a fallu alimenter la collecte.
Enfin, le bilan dressé pourrait être quelque peu différent selon que l’on décide de voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Bien que la collecte sur les PEA-PME ne soit pas aussi importante qu’espérée, les fonds estampillés PEA-PME ont connu, en revanche, une vague de souscriptions des plus encourageantes. Depuis le premier janvier, celle-ci est évaluée à près de 600 millions d’euros, soit le double du chiffre évoqué pour le PEA-PME. L’annonce de la commercialisation de ce contrat a donc eu des effets d’entraînement sur les investissements dans les petites et moyennes entreprises.

Décideurs. Le placement sur des PME-ETI n’est-il pas devenu trop risqué pour les investisseurs déjà échaudés par un grand nombre de péripéties boursières ?
P.-H. de La P. du T.
Historiquement, la rentabilité des small et mid-cap est plus grande que celle des large-cap. Ce constat est logique car la volatilité et les risques attachés à ces titres sont, eux aussi, plus importants. Pour investir sur des PME et ETI, il faut donc disposer d’un horizon de placement à plus long terme et détenir une épargne de précaution et des liquidités suffisantes. L’investissement sur des PME ne peut se réaliser que dans le cadre d’une stratégie d’actifs équilibrée. Suivant la théorie d’efficience de portefeuille, il est ainsi pertinent d’investir une partie de son épargne (moins de 5 %) sur des titres de sociétés non cotées. Cette stratégie reposant sur la diversification de son portefeuille permet, en principe, d’obtenir un rendement global plus élevé de son épargne. Dans ce cadre, les épargnants ont le choix d’investir en direct ou à travers des fonds gérés par des professionnels. Cette dernière option me paraît être la solution la plus judicieuse car elle offre aux investisseurs un filtre qualitatif.

Décideurs. Quelles solutions proposez-vous pour accroître l’attractivité du PEA-PME ?
P.-H. de La P. du T.
Comme je l’avais déjà évoqué par le passé, il me paraîtrait souhaitable de favoriser l’émergence de fonds à la fois investis sur des titres cotés et des titres non cotés. Ces OPCVM, aussi appelés fonds verticaux, favoriseraient à n’en pas douter l’investissement sur les PME.
Hélas, l’AMF semble réticente à cette idée car la liquidité de ces fonds serait nécessairement moins importante que celle des OPCVM uniquement investis sur des titres cotés.

Décideurs. Doit-on ouvrir le PEA-PME à l’investissement obligataire ?
P.-H. de La P. du T.
Pour tout vous dire, je suis assez partagé à l’idée d’ouvrir l’investissement obligataire en direct, et ce pour la simple raison que sa diversification est beaucoup plus difficile pour un particulier. Les émissions obligataires ne sont pas fréquentes, et laisser un épargnant investir la totalité de son placement sur une ou deux lignes serait, pour moi, une hérésie. C’est pour cette raison que je privilégie l’accès aux obligations à travers des fonds d’investissement, les gérants de ces OPCVM ayant la possibilité de diversifier leur portefeuille en ayant accès au second marché obligataire, ce que les particuliers n’ont pas.

Décideurs. Comment rendre plus attractif le contrat ?
P.-H. de La P. du T.
Nous proposons d'exclure de l'assiette taxable de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) les sommes investies dans le PEA-PME. Les investissements dans les forêts ou les terres agricoles sont déjà exonérés d’ISF à hauteur de 75 % de leur valeur éligible. Par analogie, j’ai donc suggéré qu’il y ait ce type d’avantage pour les investissements réalisés sur un PEA-PME. Une telle décision serait, par ailleurs, logique eu égard à la moindre liquidité de ces titres et à leur horizon de placement.

Propos recueillis par Aurélien Florin

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