Arnaud Dubois, responsable du service art de l’Institut du patrimoine répond aux questions de la rédaction sur le thème de l'investissement dans l'art.
Décideurs. Qu’est-ce qui fait l’attractivité du marché de l’art aujourd’hui ?

Arnaud Dubois.
Le marché de l’art dispose de nombreux atouts qui séduisent de plus en plus d’investisseurs particuliers. D’abord, parce que le marché de l’art est décorrélé des actifs traditionnels. Les variations macroéconomiques liées aux marchés financiers ou immobiliers n’affectent que très peu voir pas du tout le marché de l’art. Les œuvres d’art deviennent ainsi un excellent moyen de diversifier son patrimoine. Ensuite, le marché de l’art bénéficie d’une fiscalité particulièrement attrayante qui en fait une véritable niche fiscale. Précisons tout de même que lorsque l’on envisage les œuvres d’art comme un placement, le choix de l’œuvre doit être décorélé de toute considération de plaisir. Une alternative est possible, conjuguer placement et passion, c’est souvent le choix des collectionneurs.

Décideurs. Quel est le retour sur investissement à attendre lorsqu’on investit dans le marché de l’art ?

A. D.
« La vente se fait à l’achat » affirmait justement Warren Buffet. Nous pensons qu’il n’existe que deux manières de générer de la plus-value sur ce marché. La première en spéculant, c'est-à-dire en achetant les œuvres d’un artiste en espérant que sa cote grimpe avec le temps. La seconde en battant le marché, c’est-à-dire en achetant plus bas que la cote actuelle de l’artiste. Stricto sensu on peut quantifier la qualité d’un investissement selon trois critères : la sécurité, la liquidité et la performance. Pour le compte de nos clients, notre objectif est donc de trouver, et par la suite de revendre, des œuvres d’artistes internationaux dont le prix est sous-valorisé et dont la cote est globalement à la hausse. Ceci qui nous permet de remplir les trois critères relatifs à n’importe quel investissement. L’immense majorité de nos clients revendent leurs œuvres dans l’année suivant leurs acquisitions avec des plus-values nettes d’impôts et de frais de gestion avoisinant les 15 %.

Décideurs. Quel est le poids de la fiscalité sur les œuvres d’art pour les particuliers ? Pour les entreprises ?

A. D.
L’investissement dans l’art bénéficie encore d’un régime fiscal extrêmement souple. Les particuliers ont le choix entre le régime général qui prélèvera 34,5 % de la plus-value réalisée lors de la revente ou une taxation forfaitaire à hauteur de 6,5 % du montant total de la vente. Rappelons également que les œuvres d’art est l’un des rares actifs qui ne rentrent pas dans l’assiette taxable de l’ISF. Encore méconnus des sociétés, celles-ci peuvent défiscaliser 100 % du montant d’une œuvre d’art dans la limite de 5 pour mille de leur chiffre d’affaires et dans la limite de 20 % du prix de l’œuvre. Évidemment ce régime très avantageux a ses contreparties. Les œuvres doivent être celles d’un artiste vivant et être visibles du public pendant au moins cinq ans. Cela dit, l’interprétation est assez large et exposer une œuvre dans sa salle d’attente ou son hall d’accueil satisfait au critère d’exposition publique.

Décideurs. On assiste de plus en plus à l’émergence de fonds communs de placements diversifiant comme dans le vin. Qu’en est-il d’un fonds avec comme sous-jacent les œuvres d’art ?

A. D
. L’idée est ancienne. Le premier FCP en art est probablement celui fondé 1904 par André Level. Cette association qui avait pour but de constituer une collection avec quelques amis, « La peau de l’ours », chacun versant 250 francs pendant dix ans pour acquérir des œuvres avec pour objectifs de jouir de leurs tableaux et de les revendre dix années plus tard. Cette affaire fut un échec cuisant. Non parce que les prix des œuvres de Picasso, Matisse, Gauguin ou Van Gogh avaient diminué mais bel et bien parce qu’ils avaient considérablement augmentés. Tous voulant racheter leurs propres toiles, les investisseurs devenu collectionneurs, se sont ruinés par attachement de leurs œuvres. Plus tard, Paribas a eu l’idée de créer un fonds semblable avec plus de 300 millions de francs. Le mauvais timing de vente a limité la rentabilité du fond qui resta néanmoins bénéficiaire. Le fond idéal serait fermé pendant une duré entre 3 et 7 ans avec une possibilité de l’alimenter avec le bénéfice des reventes de certaines œuvres. Pour revenir à votre question, c’est un sujet qui attire notre attention aujourd’hui.

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