Quarante-quatrième fortune française, le président de Fimalac n’est pas un simple homme d’affaires. Sa réussite, il la met au service de la culture et des jeunes en difficulté. Rencontre avec un philanthrope enthousiaste.
Décideurs. Votre fondation Culture & Diversité fait l’unanimité, comment l’expliquez-vous ?

Marc Ladreit de Lacharrière.
Le succès de la fondation s’explique par sa mission, qui répond à des besoins criants et l’actualité l’a hélas illustrée de manière cruelle : lutter contre les discriminations dont souffrent trop de jeunes issus des quartiers difficiles. Les pratiques artistiques sont des facteurs d’épanouissement, de dialogue et de cohésion sociale. Elles sont un antidote à la violence. En mars 1981, François Mitterrand déclarait : « Des millions d’enfants sont privés, un siècle après Jules Ferry, de l’égalité d’accès à la culture.» Près de trente-cinq ans plus tard, le constat est toujours vrai. C’est pourquoi la Fondation Culture et Diversité a décidé d’agir pour permettre aux jeunes issus de milieux modestes d’accéder aux arts et d’aider les plus motivés à intégrer les grandes écoles et embrasser les professions relevant du ministère de la Culture. L’objectif est de lutter contre l’image de métiers fermés à ceux qui n’en connaissent pas les codes. Depuis sa création en 2006, la fondation a accompagné plus de 23 000 jeunes.

Décideurs. Elle est construite sur le modèle « opérationnel », en quoi est-il plus pertinent qu’une action redistributive ?
M. L. de L.
Ce modèle impose un engagement aux côtés de la jeunesse qui s’inscrit dans la durée. Il complète le mécénat de Fimalac, plus classique et redistributif. Les jeunes que nous accompagnons nous définissent comme la « fondation du terrain ». Chaque année, les taux d’admission de nos élèves aux grandes écoles de la culture sont très largement supérieurs à la moyenne ! Nous partageons cette réussite avec nos partenaires, l’École du Louvre, la Fémis ou encore Louis-Lumière qui sont de vrais militants. L’implication du personnel administratif et pédagogique des collèges et lycées est aussi essentiel : sans eux aucun programme ne serait possible. Notre méthodologie a par ailleurs été labélisée par le ministère de la Culture et le ministère de l’Éducation nationale.

Décideurs. Vous prenez souvent en exemple le give back à l’américaine, comment la France peut-elle s’en inspirer ?
M. L de L.
Les entrepreneurs français allient l’humanitaire et le capitalisme. Ils s’apparentent de plus en plus aux « libéraux/communistes » américains, comme se décrit notamment Bill Gates. Ils ont fait de leur responsabilité sociale, leur credo. Ils veulent faire bouger les lignes, soigner les injustices. Et en même temps, ils considèrent que les richesses qu’ils distribuent, seul le système libéral leur permet de les avoir créées. Ils sont un contre-pied pragmatique, éloigné de l’idéologie partisane de nos hommes politiques, trop souvent à mille lieues des réalités.

Décideurs. Les détracteurs restent nombreux, que leur répondez-vous ?
M. L. de L.
L’opinion publique est de plus en plus favorable au mécénat. Je ne connais par exemple aucun maire qui lui soit hostile ! Chacun sait que le mécénat complète l’action des collectivités et permet d’étendre la culture au plus grand nombre. Quant aux détracteurs, heureusement de plus en plus rares, ils ne sont que des idéologues du dénigrement permanent. Dans leur posture de dénonciation, ils ne peuvent imaginer, car c’est souvent trop loin d’eux-mêmes, que des personnes peuvent faire acte de générosité désintéressée !

Décideurs. Comment voyez-vous l’avenir du mécénat français ?
M. L. de L.
L’avenir du mécénat dépend des mécènes ! Réussir professionnellement ne peut être une fin en soi. La réussite doit être mise au service des autres. L’avenir sera dessiné par ceux qui auront l’ambition de mettre dans leur vie plus de solidarité pour agir en faveur d’une société plus harmonieuse.

Propos recueillis par Alexandra Cauchard
Visuel © R. Frankenberg

Cet article fait partie du dossier : Quand le mécénat réinvente la générosité 

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